Béji Caïd Essebsi plaide pour une réforme « progressive » de la loi relative à l’héritage

Béji Caïd Essebsi  plaide pour une réforme « progressive » de la loi relative à l’héritage

 

Un discours pas ordinaire du président de la République Béji Caïd Essebsi ce dimanche pour la fête de la femme qui coïncide avec le 61ème anniversaire du Code du Statut Personnel, une des premières réalisations de la Tunisie indépendante.

Se voulant le continuateur du président Habib Bourguiba dont il a tenu à rendre un vibrant hommage, le chef de l’Etat veut aller au-delà des avancées consenties jusqu’ici pour la femme tunisienne puisqu’il pose une question que même Bourguiba a été incapable de parachever, celle de l’égalité de l’héritage entre l’homme et la femme, une question restée taboue.

Contre toute attente, Essebsi a affirmé dimanche qu'il est aujourd'hui "possible et préconisé d'amender progressivement" la loi relative à l'héritage jusqu'à réaliser l'égalité parfaite entre l'homme et la femme.

Présidant au palais de Carthage la cérémonie de la Journée nationale de la femme, Béji Caïd Essebsi s'est dit confiant que les juristes tunisiens poursuivront l'élan réformateur et sauront trouver les formules adéquates qui ne s'opposent pas aux préceptes religieux ni aux principes constitutionnels, pour permettre l'instauration de l'égalité successorale.

"Il est désormais nécessaire de réformer le Code du Statut Personnel dans plusieurs de ses volets pour consacrer l'égalité entre les citoyennes et les citoyens conformément aux enseignements de l'Islam et à l'article 21 de la nouvelle Constitution tunisienne", a-t-il plaidé.

Le président de la République a dans ce sens fait remarquer que de plus en plus de familles tunisiennes adoptent l'égalité dans l'héritage en optant pour la donation du vivant des parents. « Il faut se féliciter de cette nouvelle orientation et l'encourager en vertu de la doctrine appelant à l'effort de réflexion (al-Ijtihad) », a-t-il recommandé.

Autre question restée taboue malgré l’évolution de la société, celle du mariage de la tunisienne musulmane avec un non musulman jusqu’ici régie par la circulaire 73 qui en interdit l’accomplissement. Il a appelé, d’ailleurs, à la révision de ladite circulaire 73, une législation qui constitue, a-t-il dit, "une entrave à la liberté de choisir son conjoint".

Il a dans ce sens évoqué l'article 6 de la Constitution qui garantit la liberté de croyance, de conscience et d'exercice des cultes et fait porter à l'Etat la responsabilité de les protéger. Il a dans ce cadre, annoncé la création d'une commission des libertés individuelles et de l'égalité au sein de la présidence de la République. Elle sera chargée d'élaborer un rapport sur les réformes relatives à ces questions.

"Même si elle occupe des postes de responsabilité dans divers domaines et qu'elle a prouvé sa capacité à accomplir parfaitement toutes les missions, la femme tunisienne connait encore une réalité difficile marquée par la discrimination, l'injustice et l'oppression. Il est donc impératif d'œuvrer à réaliser l'égalité homme-femme, puisque l'égalité est le fondement de la justice et la base de la vie en communauté", a-t-il insisté.

Il a à cet égard présenté des statistiques illustrant l'importance du rôle et de la place de la femme dans la société et l'économie tunisiennes: 50.2% de la population est composée de femmes, 60% des diplômés du supérieur sont des femmes, 60.52% de femmes dans le secteur de la médecine, 75.93% dans la médecine dentaire et la pharmacie, 50% dans l'ingénierie, 65% dans le génie agricole et le textile..

. Béji Caïd Essebsi a en conclusion appelé à renforcer l'unité nationale afin de parachever le processus démocratique et de relever les défis économiques et sociaux qu'affronte le pays.

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