Chadli Klibi rend hommage à Bourguiba ce « Jugurtha qui a réussi »

Chadli Klibi rend hommage à Bourguiba ce « Jugurtha qui a réussi »

 

« Habib Bourguiba : Radioscopie d’un règne » est un livre publié en janvier 2012, par l’ancien secrétaire de la Ligue des Etats arabes, Chadli Klibi  qui fut ministre directeur du cabinet présidentiel après avoir été ministre des affaires culturelles et de l’information. Préfacé par Jean Daniel, ce livre « ne prétend pas être une biographie   exhaustive ». En ce 16 ème anniversaire de la mort du premiers président de la République,  « cet homme d’exception, sans doute le plus éminent des chefs d’état arabes », nous avons choisi pour lecteurs ces quelques morceaux (pages 178-179), qui nous font remonter aux origines de l’expression «  je suis un Jugurtha qui a réussi ». C’était au kef, en présences du président du conseil italien Amintore Fanfani.

Extraits :

Homme d’action et de réflexion à la fois, Bourguiba se veut toujours l’homme qui regarde loin devant lui, vers l’avenir. Mais il le fait avec un œil constamment fixé sur le rétroviseur de l’histoire, celle qu’il crée en la remodelant sans cesse, pour la faire correspondre au mieux à ses souhaits. Il veut que l’histoire retienne de lui l’image d’un grand libérateur : »l’homme qui a libéré sa patrie et émancipé la femme ». Dans ses combats successifs, avant l’indépendance, il s’était comporté en commandant suprême, préservant méticuleusement sa santé et sa vie, comme les deux biens les plus précieux, afin de conduire jusqu’à son terme la mission historique dont il pendait être investi. Président, il n’envisageait la mort que comme un horizon lointain, indéterminé, quasiment théorique. Un malheur réservé aux autres. Mais il appréhendait la maladie qui pourrait le diminuer.

Il était toujours reconnaissant à ses amis qui l’avaient soutenu dans l’adversité. S’il leur vouait une fidélité à toute épreuve, c’était rarement pour ce qu’ils étaient, mis pour ce qu’ils avaient fait pour lui.

Il connaissait trop les hommes qui avaient travaillé avec lui, avant l’indépendance, pour leur témoigner une grande considération. Tout au plus, selon, le cas une estime condescendante, une affection d’emprunt  ou quelques faiblesses sans lendemain. Mais il y en avait qu’il craignait, qu’il redoutait même et dont la disparition, physique ou politique, le soulageait.

L’histoire ne doit se faire que par lui, pour lui et exclusivement autour de son rôle central.

Après l’avoir écouté disserter longuement sur le destin de Jugurtha, Amintore Fanfani( sénateur à vie italien qui fut président du conseil des ministres  et président de la République) au cours d’une entrevue au Kef, lui dit : « En somme, Monsieur le Président, vous êtes un Jugurtha qui a réussi ! ». Et Habib Bourguiba, comme surpris, mais empli d’aise, de répondre : « Oui, oui, c’est cela ! Un Jugurtha qui a réussi ! ». Il ne cessa, depuis, de répéter, avec enchantement, cette parole du président du conseil italien, en qui, il ne voyait, ce jour là, que l’héritier des Romains. 

 

 

 

 

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