Charfeddine-Jenayah et Driss : La guerre des clans au Sahel

Depuis de longs mois, la guerre des coulisses qui oppose le clan de Ridha Charfeddine au clan Jenayah-Driss n’est plus un secret particulièrement pour les Sahéliens.

Les récentes déclarations du président de l’ESS dans lesquelles il a clairement accusé une famille connue dans la région de vouloir faire mainmise sur le club et sur le Sahel et les réactions de Houcine Jenayah sont venues confirmer cette guerre. 

Pourtant tout unissait les deux clans au départ. L’ESS que Ridha Charfeddine présidait avec le soutien des Jenayah-Driss, surtout depuis qu’il a délégué tous les pouvoirs de sa gestion à leur fiston Houcine.

La politique, puisque les deux clans se sont unis depuis 2012 pour soutenir Béji Caïd Essebsi et Nidaa Tounes. Et même les affaires,  puisque la famille Charfeddine s’est associée avec la famille Jenayah dans de nombreux projets dont particulièrement la création de la chaîne de télévision “Attassia”.

Néanmoins, la lune de miel, qui a duré plus de cinq ans, s’est subitement interrompue en octobre 2017 après la débâcle de l’ESS lors de la demi-finale de la Champion’s ligue de football face à Al Ahly du Caire.

Cette lourde défaite a poussé Houcine Jenayah à démissionner de son poste de directeur sportif et à quitter la direction du club en compagnie de son lieutenant Zied Jaziri qui s’est subitement reconverti en « détracteur » de Ridha Charfeddine.

Ce “divorce”,  avec toute la casse et les accusations de complots qu’il a engendrées,  a été le premier round de ce long combat qui divise le Sahel.

Bien que les deux clans aient toujours essayé de le cacher, tout le monde était au courant de cette guerre froide surtout que des pages Facebook connues œuvraient dans les coulisses pour verser de l’huile sur le feu, à mettre les bâtons dans les roues du clan opposé et à remonter le public contre lui.

L’éclatement du parti Nidaa Tounes et le différend entre le président de la République Béji Caid Essebsi et le chef du gouvernement Youssef Chahed sont venus par la suite envenimer encore plus la discorde entre les deux clans.

Ridha Charfeddine a, en effet, choisi de rester fidèle à BCE et de demeurer à Nidaa Tounes malgré tous les problèmes en vue de sauver les meubles de l’intérieur surtout en organisant le tant attendu congrès du parti.

Alors que le clan Driss-Jenayah a choisi particulièrement,  via la députée Zohra Driss, de rallier le camp de Youssef Chahed.

Cette  lutte entre les pro- et les anti-Chahed dans la région du Sahel qui s’est illustrée par la suite parfaitement lors de la période des élections municipales,  continue de battre son plein surtout après les récentes révélations de Charfeddine. Et chaque partie cherche à imposer ses vues et à faire croire qu’elle est sur le point de triompher sur  l’autre.

En se positionnant comme le sauveur de l’ESS, puisque l’existence de ce club prestigieux dépend désormais de sa seule contribution particulièrement  depuis que personne n’a osé se présenter pour prendre sa relève lors de l’assemblée générale, Ridha Charfeddine a gagné des points précieux dans cette guerre fratricide.

Mieux encore,  il s’est positionné comme le nouvel home fort de la région surtout qu’il s’est entouré de nombreux députés,  lobbyistes influents et figures connues de la région.

Ce qui a certainement déplu au clan Jenayah-Driss qui a essayé de se repositionner et de prendre sa revanche sur celui qu’il considère comme  “intrus”, en s’appropriant totalement la chaîne de télévision  Attasia et en écartant la famille de Charfeddine de sa gestion.

Ainsi, à l’instar du pays, le Sahel qui a été depuis l’indépendance le centre du pouvoir en Tunisie,   traverse une crise qui se manifeste principalement par ces querelles politiciennes, financières et sportives pour le contrôle de la région entre un clan qui a toujours été au pouvoir et un autre qui ne cesse de monter.  Et il est grand temps qu’elle se termine pour l’intérêt de tous, de la région et de la Tunisie.

O.C.