Chute du régime syrien : Pauvre monde arabe

Chute du régime syrien : Pauvre monde arabe

 

Avec une vitesse vertigineuse l’opposition syrienne armée, en fait une milice islamiste dirigée par Al Joulani qui a repris son nom d'origine Ahmed Al Charaa le fondateur de Jabhat Nosra l’aile syrienne d’Al Qaïda a pris le pouvoir à Damas, provoquant le départ précipité du président syrien Bachar Al Assad réfugié en Russie où il a trouvé asile.

Bien évidemment, les pays occidentaux se sont félicités de celui qu’ils qualifient désormais de dictateur sanguinaire. Comme si les autres régimes arabes sont de parfaites démocraties. Alors qu’il n’en est rien. Tous sont des dictatures plus ou moins déclarées avec en sus les encouragements des pays occidentaux qui leur trouvent des qualités surtout lorsqu’ils achètent leurs breloques sous forme d’armes qu’ils n’utilisent que rarement, généralement pour mater leurs peuples.

Je me rappelle que le Général Abdelhamid Escheikh me disait lorsqu’il était ambassadeur de Tunisie à Paris où je fus son collaborateur qu’en 1988 il avait accompagné en tant que ministre des Affaires étrangère le défunt président Ben Ali au Sommet arabe de Casablanca et qu’en regardant la table au tour de laquelle les chefs d’Etat étaient assis, pour une séance à huis clos il s’est rendu compte que tous sont en fonction à vie soit qu’ils sont des rois ou des émirs ce qui était normal, a-t-il ajouté, soit qu’ils sont élus à vie, dont certains pensent transmettre le pouvoir à leurs fils, ce qui était de notoriété publique pour le syrien Hafedh Al Assad, l’égyptien Hosni Moubarak et le yéménite Ali Abdallah Salah.

Le seul président qui avait un terme pour son mandat était Ben Ali, se réjouissait-il. A l’époque, il ne savait pas que Ben Ali allait succomber aux sirènes enchanteresses de la présidence à vie à laquelle il avait pourtant mis un terme, et ce en modifiant la constitution en 2002 pour pouvoir se représenter en 2004, en 2009 et même en 2014, après quoi il avait l’intention, selon ce que l’on savait sous le manteau, de passer la main à Leïla Trabelsi en attendant que leur fils atteigne sa majorité. Ce n’était plus un héritage à transmettre mais une dynastie à créer de toute pièce. Mais cela est du passé.

Même si le « printemps arabe » est passé par là, peu de choses ont changé, les monarchies sont toujours en place et plus fortes que jamais et les républiques n’ont de la démocratie que les apparences, les chefs d’état étant élus à plus de 90% de suffrages même si le taux de participation est faible mais qu’importe.

Mal élus ça ne les empêche de proclamer à cor et à cri qu’ils représentent le peuple. Des régimes refusent d’ailleurs de se coltiner avec le suffrage universel de leurs peuples ce qui est le cas de l’Autorité palestinienne dont la dernière élection remonte à 2005 et la Libye qui n’arrive toujours pas, depuis la chute de Kadhafi en 2012 à organiser des élections présidentielle et parlementaire et se plaît dans la division entre deux gouvernements et deux assemblées, et si ce n’était un réveil tardif du sens de la responsabilité deux banques centrales !?

Pauvres peuples arabes et pauvre monde arabe. A moins d’une improbable prise de conscience de la nécessité de mettre en place de véritables institutions, la seule voie pour immuniser les nations contre les dangers internes et externes, les changements dans la douleur et la violence ne seront que de façade et finiront tôt ou tard à tomber comme un château de cartes au grand dam des peuples qui continuent à croite au Père Noël.

RBR

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