Conférence de presse de Hichem Mechichi- Pourquoi faire ?
Le chef du gouvernement Hichem Mechichi a décidé ce mardi une conférence de presse au pied levé. Alors qu’il s’agit d’un événement qui aurait dû être bien organisé dans le fond comme dans la forme, on s’est retrouvé face à un homme seul derrière un pupitre qui était à l’évidence dans l’improvisation.
On ne savait même pas l’objet de cette rencontre. S’agit-il d’expliquer les mesures prises pour endiguer la propagation du coronavirus, car jusqu’ici aucun responsable n’a pas pris la peine d’exposer les tenants et les aboutissants de décisions annoncées aux aurores, alors qu’un effort de pédagogie était indispensable.
On a remarqué qu’aucune mesure d’accompagnement au profit des catégories les plus touchées n’a été annoncée. Est-ce pour corriger cette situation que la conférence de presse a été organisée. Il n’en sera rien. A l’évidence cette question ne semble pas avoir effleuré nos dirigeants. La seule information qu’on apprendra c’est que la crise sanitaire coutera entre 7 et 8 milliards de dinars. Aucune précision sur les sommes reçues en rapport avec la crise du Covid y compris de la part du Fonds monétaire international, en dehors de l’accord conclu entre les deux parties.
A ce qu’il paraît, la conférence de presse avait pour seule finalité de faire pression sur le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie afin qu’il mette la main à la poche pour financer le déficit budgétaire inscrit au projet de loi rectificative déposé devant le bureau de l’ARP puis retiré à la demande de la commission financière. Un événement sans précédent dans l’histoire de la Tunisie.
Hichem Mechichi a souligné les principes de vérité et de transparence qui ont présidé à l’élaboration de ce projet de loi de finances. C’est ce qui explique que le taux de déficit y est de l’ordre de 14%.
Le projet révisé ne sera pas très différent de la première mouture, a prévenu le chef du gouvernement attaché à ses principes. On ne peut s’attendre à un chambardement, tout au plus 1 ou 2 points de déficit en moins. C’est un appel du pied qu’il fait en direction du gouverneur de la Banque centrale qu’il recevra dans quelques heures.
S’attacher à la maitrise de l’inflation et à la valeur du dinar, c’est bien mais ce n’est pas cela qui va garantir la nourriture ou les médicaments aux Tunisiens. On ne peut pas être plus clair pour mettre la Banque centrale dans ses derniers retranchements. D’ailleurs nombre de pays recourent aux mêmes méthodes pour financer leur budget, parmi lesquels il a cité le Maroc ou l’Egypte.
S’il cite des réformes que le gouvernement va mettre en œuvre pour relancer l’investissement, le chef du gouvernement met l’accent sur la nécessité de réhabiliter la valeur travail qui a perdu de sa pertinence. L’occasion pour lui d’évoquer le recours au blocage que ce soit de la production du pétrole ou des phosphates, ou le blocage des routes ou des chemins de fer comme l’interruption du transport des phosphates.
Pour lui, recourir à de telles pratiques c’est porter atteinte aux biens des Tunisiens, à leurs moyens de subsistance. A ses yeux, il s’agit de pratiques inacceptables et intolérables. Et lui d’évoquer le blocage de la production du pétrole dans la région de Tataouine en allusion à ce qui est communément appelé « la fermeture de la vanne d’El Kamour ».
A cet égard, il a souligné que le gouvernement mènera le dialogue jusqu’à ses ultimes limites, en comptant sur la bonne volonté de la société civile et des organisations nationales parmi lesquelles il a cité l’UGTT et l’UTICA. Il s’est fait néanmoins menaçant, en indiquant que la loi doit être appliquée par la force de l’Etat.
L’organisation de cette conférence de presse diffusée en direct par la chaine publique Watania 1 laisse beaucoup à désirer, car si le chef du gouvernement était audible, aucun de ses interlocuteurs parmi les journalistes n’a eu droit au chapitre.
RBR
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