Emploi en Tunisie: rigidité excessive au licenciement, selon une étude

Le Centre de recherche Carnegie pour le Moyen-Orient créé en 2006 par la Fondation Carnegie pour la Paix Internationale vient

de publier une étude sur la situation de l’emploi au Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie).

Dans cette étude une partie a été consacrée à la règlementation du marché du travail qui, selon l'étude, doit assurer un équilibre entre une protection raisonnable des employés et une certaine flexibilité pour les entreprises.

Pour la Tunisie, le constat semble clair pour l'auteur qui voit que la Tunisie a opté pour une flexibilité à l’embauche mais une rigidité excessive au licenciement. En effet, en Tunisie la rigidité des règlementations à l’embauche et leur complexité administrative encouragent les entreprises à les contourner. Ces-dernières choisissent alors de s’établir de manière informelle ou d’embaucher les employés sans les déclarer.

L'auteur de l'étude va encore plus loin et et ajoute que de nombreuses anecdotes racontent comment certains employeurs obligent les
candidats à un emploi à signer des lettres de démission non-datées avant même qu’ils ne soient embauchés. Ces lettres peuvent être utilisées plus tard, si besoin, afin d’éviter les procédures de licenciement et leur coût.

Les restrictions à l’embauche en Tunisie sont comparables à la moyenne de la région Moyen-Orient Afrique du Nord, et à celle de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE). Cependant, l’indicateur mesurant la rigidité
des heures de travail est sensiblement faible en Tunisie par rapport aux deux autres régions.

L’indicateur mesurant les restrictions au licenciement des travailleurs est quant à lui très élevé. L’indemnisation du chômage payée par les employeurs aux employés licenciés est plutôt faible en Tunisie.

En moyenne, elle s’élève à l’équivalent de 17 semaines de salaire, contre un an de salaire dans la région Moyen-Orient
Afrique du Nord, et six mois dans les pays membres de l’OCDE. Ainsi, malgré des procédures de licenciement longues et complexes, une fois qu’un travailleur est licencié, il est faiblement indemnisé.

Enfin l'auteur propose au gouvernement tunisien de revoir les procédures de licenciement et d’indemnisation dans la perspective de les rendre plus cohérentes. En outre, le gouvernement doit établir un filet de sécurité des travailleurs licenciés, de manière à ce qu’ils puissent toucher un revenu minimum et qu’ils reçoivent une assistance pour trouver un nouvel emploi.

 


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source: Etude Carnegie