En présentant des dizaines de candidats, les partis cherchent-ils à mettre Y. Chahed en difficultés

	En présentant des dizaines de candidats, les partis cherchent-ils à mettre  Y. Chahed en difficultés

 

La trêve observée dans les tractations sur la formation du gouvernement d’union nationale, week-end oblige, n’a pas empêché les bruits de courir à propos des difficultés que rencontre Youssef Chahed dans son entreprise.

Mis sous pression par les partis politiques qui forment la coalition qui va le soutenir au Parlement, le Chef de gouvernement désigné doit résoudre une équation à plusieurs inconnus. Car il compte présenter un gouvernement resserré, rajeuni et féminisé, basé sur un savant dosage entre appartenance partisane et compétence avérée sans oublier une poignée d’indépendants ou présentés comme tels triés sur le volet.

Croyant leur renvoyer la patate chaude en les mettant eux aussi sous pression, il leur a octroyé à chacun ce qu’il faut appeler un quota c'est-à-dire un nombre de sièges dans son équipe en leur demandant de lui présenter des candidats.

Mais à malin, malin et demi. C’est ce que se sont dits les partis en lui remettant des listes comptant parfois dix fois plus que ce qu’il prévoyait. Ainsi les bruits disent que Nidaa Tounés lui a remis 45 noms, tous candidats à un ministère ou à un secrétariat d’Etat. Ennahdha pour sa part lui a présenté onze candidats. Afek Tounés est allé encore plus loin en lui proposant quinze noms dont cinq femmes. L’UPL ne doit pas être en reste. Ni le parti Moubadara qui a annoncé dès de départ sa volonté de faire partie du gouvernement.

Ces partis qui lui renvoient sa patate chaude croient s’en tirer à bon compte. Ainsi ceux qui ne seront pas retenus en voudront au Chef de gouvernement qui ne les a pas nommés et non à leur parti qui a fait son devoir de les présenter.

Evidemment ce nombre élevé de candidats ministrables s’il affiche les appétits des uns et des autres pour un poste ministériel montre le peu de sérieux des partis politiques dont le rôle est non de compliquer le travail du chef de gouvernement désigné mais de le faciliter.

A Youssef Chahed maintenant de tirer profit de cette situation en nommant qui il veut et en le lui faisant savoir pour qu’il soit lui le maître incontesté du gouvernement.

Mais si les partis formeront l’ossature du gouvernement dont l’investiture au Parlement dépend d’eux, le Chef de gouvernement désigné a l’intention de nommer des ministres « indépendants des partis ». Outre des compétences administratives, il compte attirer dans son équipe des figures emblématiques comme le député du Front populaire Mongi Rahoui contacté à titre personnel et qui a réservé sa réponse ou comme les leaders syndicalistes Mohamed Trabelsi ou Abid Briki qui seront au gouvernement intuitu personae.

Les ministères de souveraineté surtout ceux des affaires étrangères, de l’intérieur et de la défense devront garder pour leur part leurs actuels titulaires. Cela peut concerner aussi les ministères de la justice et des affaires religieuses. Une manière pour Youssef Chahed de s’enlever des épines du pied. Car il ne veut surtout pas braquer Ennahdha qui verrait d’un mauvais œil l’arrivée de nouveaux venus à des départements considérés comme importants pour lui.

R.B.R.

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