Fethi Houidi pointe du doigt « les querelles de chapelle entre partis politiques »

Fethi Houidi pointe du doigt « les querelles de chapelle entre partis politiques »

Le représentant légal du parti Qalb Tounes, Fethi Houidi dresse le tableau de la situation du pays en cette période de tractations sur fond de formation du gouvernement.  Un tableau noir avec chiffres à l’appui. L’ancien ministre évoque notamment « ces querelles de chapelles entre partis politiques prêts à s'étriper pour un morceau d'influence ou un maroquin ministériel ». 

 « Le rideau est enfin tiré sur le marathon électoral avec ses résultats- surprises et les acteurs-personnages nouveaux d'une pièce à écrire qui reste en quête d'auteurs qualifiés.
De tout ce qui ressort des dernières manœuvres et tractations, alliances et mésalliances, acceptées ou subies, avec forces échanges d'invectives, de rodomontades et de règlements de comptes sur les plateaux de radios et de télévisions, c'est surtout une guerre médiatique de positions sinon de tranchées, chacun, quel que soit son score, montant sur ses ergots pour se prévaloir d'une légitimité populaire censée lui conférer tous les droits, y compris celui de disputer la prééminence à tous ses devanciers. Mais chacun semblant aussi occulter ce qui pour le citoyen est plus essentiel que toutes ces querelles de chapelles entre partis politiques prêts à s'étriper pour un morceau d'influence ou un maroquin ministériel.
L'essentiel, c'est un État en déliquescence, incapable d'assurer ses services régaliens , une économie en apnée(malgré quelques éclaircies conjoncturelles), fortement fragilisée et narguée par un secteur informel rebelle, laissé libre comme le vent, des lois et règlements obsolètes qui paralysent les initiatives et embrument l'environnement des affaires, un climat social délétère qui pourrait conduire, ce qu'à Dieu ne plaise, vers une explosion si l'on n'y prend garde, une flambée des prix jamais vécue auparavant, un pouvoir d'achat complètement érodé, un chômage endémique (figé à plus de 15% de la population active et à plus de 28% des diplômés), la corruption, le terrorisme tapi derrière nos murs...
Il n'y a pas plus têtus que les chiffres pour rafraîchir les mémoires et, par comparaison juste indicative, prendre la mesure de la situation difficile (c'est un euphémisme) que traverse le pays.
En janvier 2011 : réserves de change (153 jours), déficit budgétaire (1% du PIB), inflation (maintenue entre 3% et 4%), endettement extérieur (40%du PIB), taux de croissance (4%), l'Euro(1,8 DT)

Plus de huit ans plus tard : réserves de change (106 jours, performance très récente après avoir flirté longtemps, ces 3 derniers années, avec plus ou moins de 90 jours), déficit budgétaire (6% du PIB), endettement extérieur (pas loin des 100%), déficit courant du PIB (11,2%, selon le FMI), inflation (proche de 8%), croissance attendue en 2019 (1,7%), l'Euro (3,14 DT, chute de près de 63%). Cela se passe de commentaire et interpelle l'ensemble des acteurs politiques et sociaux et toutes les forces vives de la nation.
Autres handicaps : 2020 verra l'arrivée à échéance d'un prêt incontournable du FMI. La solvabilité du pays demeure tributaire des bailleurs de fonds étrangers (bonjour la souveraineté et l'Indépendance de la décision nationale). La loi de finances est toujours préparée selon une logique purement comptable au détriment de l'investissement générateur de production et de richesse, c'est-à-dire de l'économie réelle. Voilà la réalité vécue dans toute sa crudité Une réalité que le citoyen, impatient, entend voir traitée avec diligence et surtout efficacité, sur la base de résultats tangibles.
D'où l'inanité de la cacophonie qui a cours et la futilité des enchères et surenchères dont on nous rebat, aujourd'hui, les oreilles dès lors que le navire Tunisie vogue par temps gris et mauvais et menace naufrage pour tous les passagers ».

 

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