Ghazi Mabrouk: "Si Kaïs Saied veut, Kaïs Saied peut ! "  

Ghazi Mabrouk: "Si Kaïs Saied veut, Kaïs Saied peut ! "  

 

Une visioconférence a été organisée hier mercredi 15 juillet 2020 entre des leaders d’opinion européens. La question de la dissolution de l’ARP en Tunisie a été posée à Ghazi Mabrouk(*), dont les introductions auprès des réseaux d’influence sont de notoriété, et qui enseigne précisément à l’Université «les Stratégies d’Influence».

Est-ce que l’éventualité d’une dissolution de l’ARP en Tunisie et d’élections législatives anticipées est vraisemblable ? Il a répondu que «en ce moment la clé est entre les mains du Président de la République tunisienne. S’il le veut vraiment, il le peut assurément !». Ghazi Mabrouk a indiqué en substance que :
 
« Premièrement : Le Chef du Gouvernement Elyès Fakhfakh a démis instantanément de leurs fonctions tous les Ministres issus du Mouvement islamiste Ennahdha et probablement des Conseillers islamistes dans les Cabinets ministériels. S’il l’a fait aussi promptement, ce pourrait être dans une perspective de positionnement. On verrait mal un Chef de Gouvernement prendre de facto une mesure de rétorsion uniquement par vengeance puérile. S’il s’agissait d’une simple vindicte, cette exclusion fera Pschitt.

Deuxièmement : Le Président de la République a la possibilité de charger Elyès Fakhfakh de constituer un nouveau gouvernement Fakhfakh II.

Troisièmement : Un second gouvernement Fakhfakh exclurait d’emblée l’entrée de ministres d’Ennahdha et l’entrée de ministres issus des Partis politiques de la place. Ce qui correspondrait à l’approche anti-partisane défendue par Kaïs Saïed lors de sa campagne présidentielle.

Quatrièmement : Cette mouture de gouvernement ne serait constituée que de technocrates renommés et ce gouvernement se présenterait pour obtenir le vote de «confiance» des députés de l’actuelle ARP.

Cinquièmement : Normalement, ni les députés d’Ennahdha, ni leurs satellites et affidés – en encore moins ceux de Qalb Tounes – n’accorderaient leurs votes à ce gouvernement. Et probablement les anciens Partis du gouvernement précédent non plus, à une ou deux exceptions près.

Sixièmement : Leurs électeurs respectifs verraient mal l’histoire du conflit d’intérêt d’Elyès Fakhfakh et la motion morte-née des 105 députés, escamotées par Ennadha et ces Partis. Auquel cas ceci mettrait Ennahdha et ces Partis en position d’obligation de rejet. Ce qui ouvrirait la voie à la dissolution.

Septièmement : Pour Kaïs Saïed la boucle serait ainsi bouclée. Et Elyès Fakhfakh «jouerait le jeu». Le prétexte d’un rejet du gouvernement Fakhfakh II, permettrait au Président de la République de prononcer la dissolution de l’ARP actuelle et d’appeler à des élections législatives anticipées. Avec une ISIE plus impartiale en matière de contrôle et d’équité.

Huitièmement : Toute cette démarche stratégique ayant finalement pour unique but de s’assurer que les Partis ne seront pas en situation de voter pour ce nouveau gouvernement et de consolider ainsi la potentialité d’une dissolution de l’ARP par le Président de la République. 

Neuvièmement : Elle engagerait le sauvetage démocratique de la Tunisie, avec un nouveau dispatching parlementaire et avec un autre niveau intellectuel et patriote de Représentants du Peuple, que ceux qui sont en train de devenir les fossoyeurs du pays.

Dixièmement : Kaïs Saïed le peut, s’il le veut : soit un nouvel élan démocratique réel pour la Tunisie post-2011, soit la stagnation systémique et la décomposition. Une responsabilité historique ! »

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(*) Ghazi MABROUK - Docteur en Sciences Politiques de l’Université de Paris – Professeur Emérite des Universités en Diplomatie Economique et Public-Affairs – Conseiller Spécial du Secrétaire Général de l’Union du Maghreb Arabe et Haut-Représentant auprès ce l’Union Européenne – Membre du Comité Directeur du Cercle Diplomatique - Délégué Général de l’Observatoire Européen du Maghreb à Bruxelles - Spécialiste des Fonds Souverains – Président-Exécutif du G7 Circle – Euro lobbyiste –  Officer Ad Honores - Il a exercé les fonctions de : Délégué Général auprès des Institutions Internationales – Vice Président de l’Alliance Economique Européenne - Président Exécutif de la Convention Euro Méditerranée sur le Libre Echange - Vice Président de la Commission Méditerranée au Conseil Fédéral Européen.
 

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