Hichem Ben Ahmed: "Tahya Tounes a saisi la leçon de l’échec de l’élection présidentielle"

Hichem Ben Ahmed: "Tahya Tounes a saisi la leçon de l’échec de l’élection présidentielle"

 

La campagne électorale pour les législatives 2019 bat son plein et les candidats font tout pour séduire les électeurs. Hichem Ben Ahmed, ministre du Transport et tête de liste de Tahya Tounes pour « Tunis 2 », figure parmi les candidats les plus actifs de cette campagne avec une présence remarquable sur le terrain et dans les médias.

Pour connaître son programme électoral, Espace Manager l’a rencontré pour vous au cours de cette interview durant laquelle nous avons aussi évoqué plusieurs questions relatives à la situation de nos sociétés de transport aérien et terrestre, ainsi qu’au développement des futurs grands projets dans ce domaine sensible du transport.

 
Espace Manager : Comment va le parti Tahya Tounes après l’échec de son leader Youssef Chahed au premier tour de la présidentielle ?

Hichem Ben Ahmed : On a essayé de tirer les conclusions nécessaires des résultats des élections présidentielles pour retenir la leçon. On travaille doublement dans cette campagne des législatives et tous nos efforts se sont multipliés pour obtenir le maximum de sièges au Parlement afin de garantir au parti une place qui convient à son potentiel et à son programme.

Au départ, vous avez mis la barre très haut, en fixant l’objectif de gagner 109 sièges au Parlement. Qu’en est-il maintenant ?

On s’est ravisés. Tout le monde commet des erreurs et le plus important c’est de se corriger à temps et de se doter de moyens pour réaliser ses objectifs.

Justement quel sera le nombre de sièges au Parlement que visera Tahya Tounes à travers ces élections ?

Le maximum. On fera de notre mieux pour réaliser le meilleur résultat possible.

La main tendue de Youssef Chahed à la famille centriste moderniste pour s’unir avant les législatives a été refusée catégoriquement par Abdelkarim Zbidi. Cela ne risque-t-il pas de disperser encore plus les voix des électeurs de ce camp ?  

C’est probable et on aurait certainement souhaité s’unir dans cette étape cruciale de l’histoire du pays autour d’un projet moderniste et démocrate, mais malheureusement M. Abdelkarim Zbidi a refusé et a continué dans la voie des attaques incendiaires arrivant à qualifier le gouvernement dont il est membre de gouvernement de corruption.  

Revenons aux priorités de votre programme électoral dans la zone de « Tunis 2 » ?

La sécurité des citoyens auxquels on doit offrir une meilleure qualité de vie à tous les niveaux (santé, éducation, transport). Un objectif qui ne sera atteint que par le déploiement d'une police de proximité, ainsi que par l’amélioration de la protection sociale au profit des forces de l’ordre.

D’un autre côté, l’emploi reste un sujet aussi sensible de première importance et d’intérêt général et j’espère qu’une allocation de recherche d’emploi sera octroyée aux jeunes chômeurs pendant 2 ans afin de leur garantir une meilleure situation financière.  

Abordons maintenant le sujet du secteur du transport. Quelle est la situation de Tunisair, notre transporteur officiel ?

Nous savons tous que notre société de transport aérien a vu une importante restructuration afin de la rendre plus efficace au niveau des services et de la rentabilité, en cherchant des solutions collectives, avec nos partenaires sociaux, à tous les problèmes qui se posent. Et dans le but de donner des solutions et des réponses à la demande croissante de clients et d’éviter les difficultés et les retards enregistrés auparavant, il a été décidé d’acquérir, d’ici à fin 2020-début 2021, cinq avions, âgés entre 5 et 6 ans, pratiquement neufs donc, dans le cadre d’un Lease-Back sur une longue durée, de 6 à 12 ans, et dont nous nous acquittons de 75% de leur coût.

Cette opération vise à combler le manque de sièges sur les lignes de Tunisair, sachant que nous ne disposons que d’une vingtaine d’avions, alors que nos besoins se chiffrent à environ 27 avions, et ce, dans le but de répondre à cette demande croissante, entre autres pour les hôtes de la Tunisie dont le nombre a dépassé cette saison les 9 millions de touristes.

C’est tout un climat de confiance qui s’est instauré entre la société et son personnel qui a favorisé cette relance et permis à la société d’améliorer ses services.

L’aéroport de Tunis-Carthage pose lui-même problème ?

C’est vrai que le chantier en cours pour un meilleur accès à l’aéroport et une meilleure fluidité du trafic aux alentours a pris du retard auparavant, cela à cause de problèmes de sous-traitants, mais aujourd’hui les travaux ont atteint les 80% et la situation s’améliore petit à petit au niveau de l’infrastructure à ce niveau-là.

Et la question épineuse de l’Open Sky ?

La signature du protocole d’accord a été pratiquement finalisée, mais sous certaines conditions dont l’exploitation exclusive pendant 5 ans de l’aéroport de Tunis-Carthage par Tunisair, afin de lui permettre de profiter au maximum de ce privilège, les autres aéroports du pays pouvant faire partie de l’Open Sky.

Seulement, le blocage de la mise en application de l’accord revient à l’UE et la question de territorialité que pose l’aéroport de Gibraltar sur laquelle les pays européens ne s’étaient pas mis d’accord à ce jour, ainsi que la question du Brexit.

Pour la rentrée scolaire quelles mesures ont été prises par le ministère du Transport pour qu’elle soit réussie ?

Durant les dernières vacances d’été, il a été procédé à la réhabilitation du parc au vu du nombre impressionnant des bus inexploités, privant quelque 300 mille Tunisiens de leur service. Et à partir de là, la Transtu a pu disposer de pas moins de 165 bus, dont 65 double, en plus de la remise en exploitation de lignes qui ont été supprimées depuis une dizaine d’années.

Déjà la réaction du personnel de la Transtu face à ces nouvelles acquisitions traduit cette nouvelle atmosphère qui s’installe au sein de la société et la volonté de tous d’être au service du citoyen.

Tout comme le volet sécuritaire qui n’a pas été négligé, avec l’installation de caméras de surveillance dans les nouveaux bus et les métros, les anciens en seront équipés progressivement. Sachant que ces caméras sont reliées à une salle d’opération centrale qui contrôle à chaque instant les bus.

D’autre part, l’équipement des véhicules de la Transtu du système GPS permettra un suivi précis de leurs horaires de marche, de départ et d’arrivée à travers tout le réseau de desserte.

D’ailleurs, la nouvelle application « Wassalni », dont le mérite revient à deux jeunes étudiants dans le cadre de leur projet de fin d’études (PFE) permet d’avoir un timing précis des mouvements des métros, cars et trains TGM.

Mais la grande réalisation sera la station multimodale de la place Barcelone, à Tunis, qui offrira une grande fluidité du trafic grâce à la mise en place d’une boucle centrale réunissant le nouveau RFR, le métro et les bus, ces derniers seront hébergés dans une station souterraine.

Son coût est de l’ordre de 98 millions d’euros, financé par l’Etat et d’autres donateurs, sachant que les études de ce projet ont été entamées depuis 2008. Aujourd’hui, ce sera chose faite, les études techniques achevées et l’appel d’offres lancé pour une durée des travaux de 42 mois (3 ans et demi) qui seront entamés à partir de juin 2020.

Cela en plus du RFR dont les premiers essais sur site seront effectués au mois de novembre prochain, malgré tout le retard enregistré les dernières années, les travaux pour son achèvement avancent maintenant avec célérité pour le mettre en exploitation au plus vite.

La nouveauté aussi c’est le changement du sens de circulation des métros, qui facilitera le mouvement des voitures et des autres moyens de transport et réduira les croisements.  

Et pour les sociétés régionales de transport ?

De même que pour les lignes urbaines, nous avons procédé à l’acquisition de nouveaux bus pour les sociétés régionales dont 12 bus confort pour les régionales de Gafsa et de Sidi Bouzid.

Y a-t-il moyen de résoudre cette situation insoutenable des embouteillages ?

Effectivement, c’est un problème qui nous préoccupe au premier plan et pour le résoudre nous ne cessons d’une part d’améliorer nos services afin que le citoyen puisse se passer de sa voiture au profit du transport public. Autrement, rendre au citoyen sa confiance en le transport public.

D’autre part, nous encourageons vivement le co-voiturage, en lui trouvant le cadre adéquat, qui reste une solution efficace pour réduire le nombre de voitures en circulation, et de là, diminuer les embouteillages.

C’est dans cette optique que le méga projet de la station multimodale de la place Barcelone vient au moment opportun pour résoudre finalement le problème des transports publics et celui de la circulation à Tunis et des embouteillages entre autres.

                                                                                                       Propos recueillis par JBA

Votre commentaire