Intervention militaire en Libye: Le risque existe toujours

Intervention militaire en Libye: Le risque existe toujours
 
 
L’événement diplomatique a eu lieu, hier, à Tunis. Une réunion a groupé trois ministres Khemaies Djhinaoui, ministre des Affaires étrangères, Hedi Mejdoub et Salma Elloumi ministre du Tourisme et les Ambassadeurs de l’Union européenne. 
 
Selon les ministres tunisiens, les diplomates européens leur auraient confié que «l’intervention militaire en Libye peut ne pas avoir lieu » et que les craintes suscitées quant à une éventuelle intervention sont l’œuvre de la presse tunisienne laquelle parle avec exagération de cette affaire.
 
Abstraction faite de cette allusion indélicate à l’endroit des médias tunisiens qui n’ont fait, du reste, que leur job, cette déclaration des ambassadeurs européens constitue une avancée significative sur la voie d’une solution pacifique et politique au problème libyen.
 
D’ailleurs, cette déclaration a été relayée, le même jour, par celle de Jean Claude Junker, président de la commission européenne qui a déclaré que « l’Europe et l'Afrique “exigent” un règlement politique entre factions rivales en Libye pour reconstruire un État et permettre d'endiguer le trafic de migrants en Méditerranée ».
 
Elle intervient également après les propos fort positifs et rassurants de Martin Kopler, Envoyé spécial des Nations unies en Libye. Ce dernier a exprimé à l’agence de presse allemande  « DPA » sa « conviction que le moment n’est pas indiqué pour mener des raids aériens par la Communauté internationale contre « Daech » en Libye ». Il a émis  « des craintes quant aux raids aériens contre « Daech », lesquels, a-t-il-noté, peuvent anéantir les efforts déployés pour la formation du gouvernement d’union nationale dans le pays ».  Il a jouté que « 95% du peuple libyen veulent l’exécution de l’accord politique ».
 
Il faut ajouter à cette opposition à toute intervention militaire internationale des Libyens dont 2,5 millions sont réfugiés en Tunisie, le rejet, il y a quatre jours, des pays voisins, en l’occurrence, la Tunisie et l’Algérie.
 
Tunisiens, Algériens et Libyens rejettent toute intervention militaire
 
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui avait déclaré, à Alger, à l’issue de concertations avec son homologue algérien Ramtane Lamamra, que « l'accent a été particulièrement mis sur la nécessité de parvenir à une solution politique, de rejeter toute intervention militaire et d’encourager les Libyens à former un gouvernement d'unité nationale à Tripoli qui aura notamment à traiter des questions importantes, en particulier le terrorisme".
 
Tunis et Alger ont appelé « les factions libyennes à faire prévaloir le dialogue et le consensus pour rétablir la paix et la stabilité dans leur pays et préserver son unité territoriale». 
 
Moralité : conscients des risques de déstabilisation de toute la zone par une éventuelle intervention militaire internationale comme cela a été le cas en Afghanistan, en Irak, en Syrie et au Yemen, il semble qu’une opinion publique régionale et internationale commence à se mettre en place en faveur d’une solution politique. A l’extrême limite,  des frappes chirurgicales aériennes contre le groupe terroriste Daech avec un appui terrestre de l’armée libyenne ne sont pas à exclure.
 
C’est ce que pense Kopler Martin. Selon lui, pour combattre « Daech », « il ne suffit pas seulement de lancer des bombes. Il sera nécessaire, d’après lui, d’envoyer des troupes au sol pour reprendre le contrôle des localités et villages entre les mains des djihadistes près de Syrte et tout au long des côtes de la Méditerranée ». Est-il nécessaire de rappeler que les renseignements du Pentagone font état de la présence en Libye de quelque 6 500 hommes, qui contrôlent  290 km de côtes autour de Syrte ? 
 
Le risque d’une intervention existe toujours
 
Il faut reconnaitre qu’au regard de la détermination des américains le risque d’une intervention militaire existe toujours bel et bien. Début février 2016, la Maison Blanche avait déclaré par la voix son Porte-parole, Josh Earnest que "Si les Etats-Unis ont besoin d'agir, unilatéralement, en Libye pour protéger le peuple américain, le président n'hésitera pas".
 
Aux dernières nouvelles,  certaines sources concordantes relèvent que Washington et Londres exerceraient des pressions, sur la Libye, pour déployer 1.000 soldats britanniques, sur le territoire libyen, pour combattre les terroristes de Daech. D’autres parlent de contacts pris avec certaines milices favorables à une intervention, en particulier celle de Misrata. Cela pour dire que le risque demeure réel. 
 
KIM
 

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