La menace terroriste a désormais fait souche partout dans le monde

La menace terroriste a désormais fait souche partout dans le monde

 

« La question religieuse est en réalité peu présente dans la radicalisation. La plupart des radicalisés ont en commun une situation d’échec, de rupture, une quête de sens ou d’identité. Un nouvel engagement politique d’une frange de notre jeunesse. Il se traduit par la participation ou le soutien à ces groupes terroristes. C’est la nouvelle idéologie du XXIe siècle. L’individu souhaitant rejoindre la Syrie faire le djihad ne peut pas être systématiquement considéré comme une victime d’emprise sectaire.» Sébastien Pietrasanta

L'actualité nous rappelle trop fréquemment que le terrorisme continue à endeuiller le monde et à infliger douleurs et souffrances à toutes les populations. Il n'est pas de semaine qui ne soit marquée par un acte terroriste; ces actes frappent de manière aveugle des innocents qui ont eu le malheur de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment.

Le bilan de l’explosion de deux véhicules piégés à Mogadiscio, samedi 14 octobre,  s’établit désormais à 276 morts, « la plupart brûlés au point de ne pas être reconnaissables » et de plus de 300 blessés, parfois grièvement.

Plongée dans une guerre civile sans fin depuis plus de vingt ans, la Somalie ne semble toujours pas prête à se remettre sur pieds. Archétype de la défaillance étatique, elle survit entre banditisme, seigneurs de guerre et milices islamistes. La situation de la Somalie semble presque oubliée du monde. Au point que le pays, embourbé dans un gouffre dont il ne semble pas prêt de sortir, vit en marge de la communauté internationale.

Pour rappel, en réaction à la situation, l’ONU va dépêcher une première mission humanitaire en vue d’endiguer la famine en avril 1992 : l’ONUSOM. Mais celle-ci est un échec cuisant. Les Nations Unies font alors appel à l’aide internationale. Sous mandat onusien, les Etats-Unis vont ainsi lancer en décembre 1992 l’opération « Restore Hope ».  Mais c’est là aussi un échec. En témoigne le tristement célèbre épisode des deux Black Hawk abattus à Mogadiscio et Bernard Kouchner avec son sac de riz sur le dos. Depuis lors, le pays est resté en proie à la guerre civile et au terrorisme islamiste.

La menace terroriste a désormais fait souche partout dans le monde. De fait, elle nous installe en un état de guerre permanent. On ne peut pas non plus s’empêcher de s’interroger sur le climat politique qui va résulter de cette nuit tragique.

Qui est derrière La naissance du terrorisme dans le monde ?

Bien que des actes de terrorisme majeurs tels la prise de la Grande Mosquée de La Mecque en 1979 et l'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate le 6 octobre 1981 par le Jihad islamique égyptien aient eu lieu avant cette guerre, pour un certain nombre d'analystes des questions géopolitiques, le terrorisme islamiste apparaît en 1979 pendant la guerre d'Afghanistan.

Cette guerre vit l'URSS lutter et perdre contre des forces de « résistance afghanes » soutenues par les États-Unis (Opération Cyclone) cherchant à limiter l'avancée communiste, mais aussi par l'Arabie saoudite, cherchant à exporter le wahhabisme - Oussama ben Laden ira par exemple former les Afghans à la lutte armée -, le Pakistan pour des raisons de proximité spatiale.

Selon Noam Chomsky le philosophe américain « les islamistes radicaux, ou extrémistes, souvent appelés « fondamentalistes », ont été choyés par les États-Unis dans les années 1980, parce qu'ils étaient les plus implacables tueurs au monde. »

En 2001, les attentats du World Trade Center à New-York dans lesquels près de 3 000 civils ont été tués par Al-Qaïda marquent une évolution emblématique du terrorisme islamiste, par le nombre de victimes, les moyens atypiques mis en œuvre, et le fait que les États-Unis soient touchés.

Au lendemain de ces attaques, le gouvernement américain a lancé une « croisade contre le terrorisme ». L’Afghanistan était le premier pays visé. Mais très vite, l’objectif principal des dirigeants des États-Unis s’est avéré être l’Irak qui possède en effet des réserves de pétrole parmi les plus importantes du monde. Il fallait trouver un prétexte pour déclencher la guerre. Alors Washington a menti en accusant le gouvernement irakien de détenir des armes de destruction massive. L'invasion de l'Irak était un acte de banditisme, un acte de terrorisme d'État flagrant, la preuve d'un mépris absolu pour le droit international.

En 2004, les Attentats de Madrid qui ont fait environ 200 morts et plusieurs centaines de blessés font prendre conscience aux nations européennes du fait que le terrorisme islamiste est un phénomène mondialisé.

En 2011, éclate ce « printemps arabe », un printemps favorable au djihadisme en Syrie, en Lybie, en Irak et en Tunisie. La guerre civile syrienne éclate et dure depuis. Elle a fait 500 000 morts. La moitié de la population syrienne a été déplacée pendant le conflit, et cinq à six millions de Syriens ont fui le pays, soit le quart de la population. Les mouvements djihadistes s’internationalisent et comptent dans leurs rangs des centaines de milliers de terroristes étrangers. Ils sont soutenus par les pays du Golfe et l'Occident, et particulièrement par l'Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar et les États-Unis. On retrouve les mêmes acteurs de la guerre contre les russes en Afghanistan.

En 2015, plusieurs attaques terroristes sont perpétrées en région parisienne : les attentats de janvier  en France visant la rédaction du journal satirique de Charlie Hebdo, les attentats du 13 novembre 2015 en France faisant au total 130 morts à la terrasse de plusieurs brasseries, dans la salle de spectacle du Bataclan et au Stade de France et celle de Nice le 14 juillet qui a fait 85 morts.

En août 2017, un véhicule a foncé sur des passants sur l'avenue de la Rambla à Barcelona fait  treize morts et une cinquantaine de blessés.

En Octobre 2017, C’est une sauvage attaque au couteau au caractère inédit en France qui a eu lieu, dimanche 1er octobre, sur le parvis de la gare Saint-Charles, à Marseille. Deux passantes ont été tuées, en pleine journée, au hasard de la foule, par un homme alors qu’elles patientaient au soleil. Un attentat revendiqué dans la soirée par Daech. Elles étaient originaires de la région lyonnaise. L’une était étudiante en médecine, l’autre était venue lui rendre visite pour le week-end. C’est l’intervention d’une patrouille militaire de l’opération Sentinelle qui a permis de neutraliser le tueur. C’est un réserviste de 24 ans, cadre d’entreprise dans le civil, qui a abattu l’homme alors qu’il fonçait sur ses collègues en sortant un deuxième couteau.

Le terrorisme en Tunisie

La Tunisie est considérée comme une source disproportionnée de recrues pour les causes islamistes radicales. Malgré une population relativement faible de 11 millions d'habitants, les Tunisiens sont étrangement très représentés chez les combattants de Daech en Syrie et en Libye. Selon de récentes estimations, 5000 Tunisiens auraient rejoint la cause  qui fait de la Tunisie le premier exportateur de terroristes.

Environ 40% sont diplômés du supérieur ou ont un niveau universitaire, 33% ont un niveau secondaire, 13% ont suivi une formation professionnelle et 4% sont des bacheliers. Plus de la moitié d’eux ont entre 25 et 34 ans, endoctrinés dans des mosquées ou via les réseaux sociaux.  Quant aux sept régions ayant compté le plus de terroristes entre 2011 et 2015, il s’agit de Tunis, Sidi Bouzid, Ariana, Jendouba, Kasserine, Médenine et Bizerte.

En juillet 2013, quinze soldats sont tués dans un assaut « terroriste » à l’heure de la rupture du jeûne pendant le ramadan, sur le mont Chaambi. C’est l’attaque la plus meurtrière de l’histoire de l’armée.

Le 6 février 2013, assassinat de l’opposant démocrate Chokri Belaïd, figure de l’opposition de gauche, il est abattu alors qu’il sortait de son domicile. Le crime provoque une profonde crise politique et la chute du gouvernement dirigé par les islamistes d’Ennahda.

Le 25 juillet 2013, Mohamed Brahmi, député de l’opposition anti-islamiste, est assassiné devant chez lui.

Le 18 mars 2014, un attentat, revendiqué par Daech, contre le Musée du Bardo, à Tunis, provoque la mort de vingt et un touristes étrangers et d’un policier tunisien. L’attaque est la première à toucher des étrangers en Tunisie depuis 2002.

En juin 2015, un attentat contre l’hôtel Riu Imperial Marhaba, à Port El-Kantaoui, près de Sousse, à 140 km au sud de Tunis, fait trente-huit morts, dont un grand nombre de Britanniques. L’attentat, le plus grave de l’histoire récente de la Tunisie.

En Mars 2016 à Ben Guerdane à quelques kilomètres de la frontière libyenne, un groupe de terroristes a lancé des attaques simultanées contre une caserne de l'armée, un poste de police et de gendarmerie. Les forces de l’armée et de la police militaires vont mettre plusieurs heures avant de reprendre le contrôle de la situation.

Réceptacle du jihadisme

Cette triste actualité a montré à la face du monde la barbarie, l'horreur du terrorisme, principal réceptacle des djihadistes et qui sévit depuis des années librement dans les pays arabes. Il ne fait guère de doute que ces attentats sont liés à la tragédie syrienne, irakienne, yéménite et libyenne. Et commandités par Daech qui aura ainsi frappé en quelques jours la France et les USA. Le monde n'a pas le droit de fermer les yeux et de croiser les bras. Il en va de la protection de l’humanité et des libertés.

Les vrais ennemis, ce sont les états voyous qui financent et théorisent le terrorisme islamiste radical. Les dirigeants de ce monde qui commercialisent avec eux au nom d'un capitalisme sans conscience les connaissent. Aux politiques démocrates de comprendre que la religion radicale prônée par ces rois et émirs d’un autre temps est incompatible avec la démocratie.

Nous devons dire nettement et sans équivoque que tous les efforts entrepris pour remettre en question l'histoire, en plaçant au même rang les victimes et les bourreaux, les libérateurs et les occupants, sont amorales et incompatibles avec l'esprit de ceux qui se considèrent européens. Aujourd'hui, nous devons non seulement évoquer le passé, mais aussi être conscients de toutes les menaces du monde contemporain, y compris le terrorisme, qui n'est pas moins dangereux et perfide que le fascisme.

Nous condamnons avec vigueur ces crimes contre l'humanité et nous présentons nos condoléance aux familles des victimes et aux peuples endeuillés.

A.Klai

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