La violence scolaire, un mouvement de fond qui pourrait balayer la société

La  violence scolaire, un mouvement de fond qui pourrait balayer la société

 

Une grève de deux heures a été observée, jeudi 25 février 2016, dans tous les établissements scolaires du pays, à l’appel de six syndicats du secteur de l’éducation, en signe de protestation contre la propagation du phénomène de la violence et les agressions contre l’ensemble de la famille éducative.  Un phénomène devenu récurrent puisqu’il ne se passe pas un jour sans qu’une ou plusieurs agressions ne soient perpétrées contre le cadre éducatif ou sans  qu’un ou plusieurs cas de violation de l’intégrité de l’établissement scolaire ne soient relevés. Selon les statistiques annoncées par le syndicat général de l’enseignement primaire 265 cas d’agressions contre les instituteurs dont une centaine dans le seul gouvernorat de la Manouba, ont été recensés au cours du premier semestre de l’année scolaire en cours. Des chiffres ahurissants qui montrent que l’institution éducative s’enlise de plus en plus dans  une spirale dangereuse et que la violence gagne du terrain, avec la recrudescence des incivilités, des injures, des bagarres et des règlements de comptes dans la cour d'école. 

Et même si on n’est pas encore à une flambée du phénomène, on est en présence d’une violence ordinaire qui s’installe et qui inquiète. C’est « un mouvement de fond » qui pourrait balayer toute la société.

Cette forme de violence qui n’est pas spécifique à l’école tunisienne, étant un phénomène mondial, impacte le milieu scolaire avec ses toutes ses composantes, enseignants, cadres éducatifs, élèves, parents et administrations de tutelle. Elle revêt plusieurs aspects, l’insulte, l’agression verbale, l’agression physique, sexuel, le racket, les menaces de toutes sortes… Une parente qui s’introduit dans une salle de classe pour agresser violemment une institutrice, un enseignant qui se fait, sévèrement,  corriger par son élève, une directrice d’école constamment harcelée par  la propriétaire d’une garderie scolaire qui prétend être parente d’une personnalité haut placée, une autre qui se fait  diffamer par des parents d’élèves sur les réseaux sociaux,  un établissement scolaire qui est vandalisée de nuit ou qui est transformée en un lieu de buverie pour délinquants…sont là quelques exemples d’agressions subies par l’institution éducative et ses membres.

Les  conséquences sont d’autant plus préjudiciables que la violence crée un climat de psychose, de suspicion, de peur et de rejet dans une institution censée être le creuset du savoir et qui doit « enraciner  chez les élèves l’ensemble des valeurs partagées par les Tunisiens ». Ces valeurs  «  sont fondées sur la primauté du savoir, du travail de la solidarité de la tolérance et de la modération ».

Inutile de revenir sur les causes de ce phénomène ni sur les responsabilités de chacune des parties concernées dans sa propagation. Et il ne suffit pas de le dénoncer  en l’absence d’une véritable coordination entre les composantes de la famille de l’éducation, ministère et syndicats en premier,  ou encore appeler à la promulgation d’une loi criminalisant les agressions contre les enseignants, mais il faut plutôt, penser à de nouveaux dispositifs  partenariaux. La lutte contre ce phénomène nécessite une politique d’ensemble pour favoriser les meilleures conditions possibles à une communauté éducative solidaire et sereine, avec des programmes d’actions ciblés et des activités personnalisées notamment pour les établissements les plus exposées au phénomène de la violence.

B.O

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