Les tractations sur le nouveau gouvernement ont déconcerté la communauté boursière (Etude)

Les tractations sur le nouveau gouvernement ont déconcerté la communauté boursière (Etude)

 

Le blocage qui sévit depuis des mois autour de la formation du nouveau gouvernement ne pourra en aucun cas passer inaperçu. Il aura certes un effet sur la bourse qui peine à suivre une tendance positive même semblable aux années dernières, en témoigne une étude réalisée par Tunisie valeurs sur la rétrospective boursière 2019 et perspectives 2019.

Il en ressort que l’année 2019 s’est terminée moins bien qu’elle n’avait commencé. Le marché actions a affiché un essoufflement quasi général après avoir enchainé trois exercices consécutifs dans le vert. Les deux indices phares de la cote, le Tunindex et le Tunindex 20, ont respectivement décroché de 2,1% et de 3,7%. Le parcours du Tunindex n’est nullement surprenant : assèchement des liquidités, ralentissement de la croissance économique, durcissement des conditions de financement, un paysage politique post-élections fragmenté et tractations autour de la formation du nouveau gouvernement, autant de facteurs qui ont pesé sur le moral des investisseurs et déconcerté la communauté boursière l’année écoulée.

L’étude a également mentionné que l’année 2019 a été à l’opposé de 2018 sur le front des échanges. Là encore, ce sont les big cap et les valeurs bancaires qui ont manqué à l’appel. Un flux moyen quotidien de 4,3MDt (hors transactions de bloc) a été échangé sur la cote en 2019, soit une régression de 26% par rapport à l’année 2018. La bonne dynamique du marché des blocs a contribué à atténuer la « morosité » des volumes sur le marché principal. 72 transactions de bloc ont été réalisées sur l’année, drainant des capitaux additionnels de 454MDt. L’allongement des séances de cotation d’une heure depuis septembre 2019 n’a pas produit l’effet attendu sur les échanges.

Le marché primaire a connu un net ralentissement des levées de fonds malgré le retour en force des augmentations de capital. En effet, cinq injections de fonds propres ont été difficilement clôturées sur le marché, pour un montant de 307MDt, pour financer un programme d’investissement (Land’or), désendetter le bilan (SAH Lilas), pour renflouer la trésorerie et assainir les comptes (BNA) ou pour restaurer la solvabilité (Tunisie Leasing & Factoring et ATL). Signalons également qu’aucune nouvelle mise sur le marché n’a été opérée l’année dernière ; une première depuis 2008.

L’investissement étranger a renoué avec le vert après trois années consécutives de flux nets vendeurs. Au 31 décembre 2019, les étrangers sont acquéreurs nets de 38MDt. Mais ce chiffre est à relativiser, car les achats des étrangers (une enveloppe de 189,7MDt) intègrent les acquisitions faites par des investisseurs stratégiques notamment chez la SFBT (acquisition du Groupe Castel pour 110MDt). La brasserie a formé aux cotés de Délice Holding et d’UNIMED, le trio des actions les plus convoitées par les étrangers. Les trois valeurs ont monopolisé 82% des échanges des non résidents.

Pour l’activité du compartiment obligataire, elle est symptomatique d’un assèchement des liquidités. En effet, malgré les besoins accrus de trésorerie, les sociétés de leasing et les banques ont déserté le marché. Six émissions par Appel Public à l’Epargne seulement ont été lancées et clôturées sur l’année pour une levée totale de 170MDt contre sept opérations et une mobilisation de 261MDt en 2018. L’année 2019 a été marquée par la réalisation de la première émission de Sukuk sur le marché obligataire. Opérée par Wifack International Bank, la levée a pris la forme d’une émission de Sukuk Ijara. Cette émission a, certes rencontré un succès mitigé (une levée de 15MDt sur un maximum de 20MDt) mais elle a inauguré un nouveau canal de financement Charia compatible sur le marché financier.

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