Lettre ouverte à Maya Ksouri

Lettre ouverte à Maya Ksouri

Par Jamel HENI

Madame,

Je vous ai consacré auparavant une chronique. J’ai essayé de donner du sens au non-sens, de l’esprit à la matière, de la psychologie à la biologie, et de l’intime à l’extime. Vous ne méritiez pas autant. L’intérieur chez vous,  est déjà l’extérieur et la culture dont vous vous vantiez devant mamies, n’est que pitance de garno, disait Joyce. Pitance et garno, pour être précis. Garno tout court. L’intellectuelle des colonies de vacances, quoi !

Que vous me portiez sur le système, voilà une circonstance atténuante, mais que le public de votre propre émission applaudisse tous vos détracteurs, ça devrait vous mettre la puce à l’oreille. Une oreille dont vous vous serviez à peine.

Le public est presque unanime, vous êtes loin de faire votre travail, vous réglez semble t-il vos comptes, avec l’argent de la pub. Notre argent, puisque nous sommes le client principal de vos enchérisseurs. Non. Au fait. A bien y réfléchir. Vous ne réglez pas vos comptes, vous souffrez en public d’absence de limite, de contradiction. Vos acolytes prennent leur lâcheté en patience, vos invités sont d’emblée intimidés, tout cela ne m’impressionne pas. L’absence de limites pourrait à terme devenir un état-limite, grâces soient rendues à notre lâcheté, à notre peur d’hyrésis ! La peur de perdre le garno des colonies de vacances.

Je dénoncerai ce crime, je vous tendrai une planche de salut : vous aiderai à retrouver le sens de la contradiction, la dignité de l’autre, une théorie de l’esprit pour parler savant : prêter à autrui des croyances, un narcissisme et une identité !  Vous la tiendriez ? Oui ou non. Je m’en moque. J’aurai essayé. Réfléchissez : y pas de roses sans épines.   

L’autre jour vous vous êtes fait forte d’essayer le « monothéisme comparatif ».  Avec l’emphase. La grandiloquence. L’insupportable grandiloquence des sémi-lettrées, wikipidiens sur les bords. Comme un cheveu sur la soupe : «  les conversions en grande pompe à l’islam, trahissent un sentiment d’infériorité.Le Judaïsme,  religion dominante, n’a pas besoin de ça ». Rien que ça ! Oui madame, les convertis à l’islam le font en grande pompe. Pourquoi les petits souliers ? Ils en sont fiers. Ils se sont mis à dos, les médias, les fachos, les Bruckners de la fable ! Quel mérite madame. Et puis le judaïsme dominateur, quelle insulte ?! Les maîtres- chanteurs de la Sionie, vous aurez traitée d’antisémite, à colporter ce cliché séculaire du « juif dominateur » !

Madame,

Une religion n’a pas à dominer ni à subir. Une religion est épousée. Portée dans les cœurs. Une religion ? cette fleur qui ouvre ses pétales à mesure que l’on butine ses tiges. Le judaïsme pas plus que l’Islam n’a à dominer personne. Et si tel est le cas, faut-il reprendre le même bâton de Moïse, admonester Aaron et  chasser le veau sacré !  

L’absence de limite ne guérit pas d’elle-même, elle se mord la queue. Se crée des limites pour les dépasser, des limites nescafé, sitôt prêtes, sitôt bues !

Le fonctionnement cognitif de la femme « phallique que vous cherchiez désespérément à l’être »  est bigrement analogique : les catégories n’existent pas en soi, le blanc se définit par l’absence du noir ! Les catégories n’existent que négativement : elles ne sont pas elles-mêmes, mais le contraire d’autres catégories…..Vous ne pouvez pas dire du bien de la femme sans dire du mal de l’homme. Vous ne pouvez pas rendre hommage au rabbin, sans insulter l’imam !!! Ce fonctionnement schématique est une régression vers des stades piagétiens inférieurs. L’acquisition des catégories !

Est-ce-à dire que vous aviez raté cet apprentissage ? Non ! Votre régulation émotionnelle approximative, déteint sur votre fonctionnement cognitif, et vice versa !  La haine que vous semblez couver ne mobilise pas les représentations logiques, mais bien des « préjugés », des « automatismes » intellectuels, des « représentations encapsulées »…. Or les préjugés sont difficilement démontrables et l’unique moyen de les distiller sans coup férir, est d’user d’analogies, d’équivalences, de « transvasement piagétien » pour faire croire à la conservation de la quantité !

Madame,

Vous aviez déclaré porter fièrement vos 45 piges. Atteindre enfin l’âge de sagesse. La preuve que non. Puisque vous le dites. Le moins qu’un sage puisse dire, est de ne protester de bagatelles. Vous aviez tout fait pour manquer le coche et la sagesse à la fois.

On ne lit pas pour crier plus fort, on lit pour écouter le monde. On ne lit pas pour détruire l’autre, on lit pour casser les barrières. On ne lit pas pour changer de genre, on lit pour comprendre ce qui nous arrive. On ne lit pas pour la forme, on lit pour l’esprit !

Si c’est bien la  sagesse que vous vous voudriez, alors vous faites fausse route, madame. La sagesse est de souffrir la contradiction, de cesser de disqualifier l’interlocuteur, le minorer, le dénigrer, en triompher, le blesser pour guérir ses blessures, d’étaler moins de mots savants……La sagesse est de se battre contre soi-même, les autres c’est bien trop facile.

Voici ma planche,  saisissez-la. Pas de roses sans épines……

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