L'ONU concentre ses efforts sur trois grands dossiers

L'ONU concentre ses efforts sur trois grands dossiers
 
Juste avant l’ouverture de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, dans l'après-midi de mercredi dernier, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a passé en revue, au cours d’une conférence de presse, les sujets qui retiendront le plus l’attention au cours de la semaine de travaux de haut niveau qui s’ouvrira lundi à New York.
 
Outre les réponses à apporter aux multiples crises qui frappent le monde actuellement (Syrie, Iraq, Mali, Soudan du Sud, République centrafricaine, Libye, Gaza et Nigéria), le Secrétaire général a appelé les 140 chefs d’État ou de gouvernement et les dirigeants de la société civile qui feront le déplacement pour être présents, à New York, à s’engager avec détermination pour lutter contre les changements climatiques et l’épidémie d’Ébola.
 
L’Organisation des Nations Unies sera au cœur de l’action dans la réponse apportée à cette épidémie, a assuré le Secrétaire général en expliquant que l’épidémie d’« Ébola est une crise exponentielle qui exige une réponse mondiale exceptionnelle ».
 
M. Ban a indiqué que la nouvelle session de l’Assemblée générale sera une période charnière dans les efforts de lutte contre la pauvreté et pour adopter une nouvelle génération d’objectifs de développement durable.  Cela passe par la lutte contre les changements climatiques, pour lesquelles il a dit qu’il voulait mobiliser une attention particulière, afin de susciter une détermination et des engagements sans précédent lors du Sommet sur le climat qui se tiendra le 23 septembre au Siège de l’ONU à New York.
 
« Le monde est confronté à de multiples crises », a souligné le Secrétaire général en faisant référence à la « violence horrible perpétrée en Syrie et en Iraq », à la « violence continue au Mali, au Soudan du Sud et en République centrafricaine », à la « situation volatile en et autour de l’Ukraine », à l’ordre qui s’effondre en Libye, ainsi qu’aux suites d’une guerre dévastatrice qu’a connue la bande de Gaza, et à l’avancée d’organisations terroristes au Nigéria.
 
Si « chaque crise a une dynamique propre qui nécessite qu’on adopte une approche au cas par cas », a remarqué M. Ban Ki-moon, ces crises ont cependant des choses en commun: elles font des victimes parmi les civils et elles ont des dimensions sectaire, ethnique ou tribale.  Il a regretté les « profondes divisions qui apparaissent au sein de la communauté internationale » lorsqu’il s’agit d’y répondre, mais a reconnu que le consensus international allait croissant en ce qui concerne les crises sévissant en Syrie et en Iraq.
 
Le Secrétaire général a indiqué que dans le discours qu’il fera le 24 septembre, à l’occasion de l’ouverture du débat général de l’Assemblée, il appellera les dirigeants du monde à s’unir et à faire respecter la dignité humaine, l’état de droit et les principes de la Charte des Nations Unies.
 
« Nous allons également mettre un accent particulier sur le combat à mener contre le virus Ébola », a-t-il ajouté en annonçant la tenue, dans deux jours, d’une réunion d’urgence sur l’épidémie, au Conseil de sécurité.  Avec la Directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Mme Margaret Chan, a indiqué le Secrétaire général, « je présenterai à cette occasion le plan d’action international élaboré pour faire face à cette menace ».  S’exprimant ensuite en français, M. Ban a annoncé qu’il allait convoquer une Réunion de haut niveau sur le virus Ébola en marge de l’Assemblée générale, le 24 septembre, pour demander aux dirigeants mondiaux d’apporter leur soutien aux efforts à déployer.
 
Tandis que les Nations Unies mobilisent tout l’appui nécessaire, il a indiqué qu’il tenait des consultations avec les dirigeants de nombreux pays, dont les États-Unis, qui vont fournir un appui de grande ampleur à ces initiatives, la France, le Royaume-Uni, et avec des organisations comme la Croix-Rouge.
 
Tout en saluant les généreuses contributions qui sont annoncées chaque jour, le Secrétaire général a souligné l’ampleur de la tâche à accomplir pour fournir des services de santé, de la nourriture, de l’eau et des services d’assainissement aux populations touchées par la propagation de la maladie.  Les pays affectés doivent prendre des mesures nationales, comme par exemple la mise en place de centres de santé communautaires, afin de pouvoir isoler les personnes infectées et éviter ainsi le risque de contagion, a-t-il préconisé.  Il a cependant demandé de ne pas isoler les pays atteints, notamment en évitant de les mettre en quarantaine par la suspension des voyages et le gel des systèmes de transport.
 
Passant à un autre important sujet, le Secrétaire général a averti que « l’action sur les changements climatiques est urgente ».  Il a à cet égard défini les deux objectifs du Sommet sur le climat, prévu le 23 septembre, qui sont respectivement la mobilisation de la volonté politique nécessaire pour trouver un accord climatique universel et significatif l’an prochain à Paris; et l’adoption de mesures ambitieuses pour réduire le niveau des émissions de gaz à effet de serre et renforcer la résilience.
 
Nous allons aussi mobiliser des financements en faveur du Fonds vert pour le climat, en demandant que des engagements et des promesses de contributions soient pris et des cibles identifiées et annoncées, a dit M. Ban.  Il a également parlé des discussions qui auront lieu sur la question des marchés du carbone, notamment concernant le prix du carbone, et a indiqué que des manifestations parallèles seront organisées afin de permettre à tous les acteurs de préciser leurs engagements.  M. Ban a dit qu’il attendait un fort taux de participation à ces manifestations de la part de chefs de gouvernement, de dirigeants d’entreprises, de la finance et de la société civile.
 
À ce sujet, le Secrétaire général a annoncé que l’acteur Leonardo DiCaprio serait un nouveau Messager de la paix des Nations Unies, chargé en particulier des questions liées aux changements climatiques.  L’acteur, qui est engagé depuis longtemps en faveur des causes environnementales, y compris par le biais de sa propre fondation, fera une déclaration à l’ouverture du Sommet sur le climat.
 
Enfin, le Secrétaire général a mentionné deux rassemblements publics importants qui auront lieu dans les rues de New York, et auxquels il participera: il s’agit du Défilé des peuples sur les changements climatiques, qui aura lieu dimanche, le 21 septembre, et du Festival des citoyens du monde, qui sera célébré samedi, le 27 septembre.
 
M. Ban a prédit qu’en cette période de crise, les deux prochaines semaines mettraient en évidence le rôle indispensable que jouent les Nations Unies dans la lutte contre les menaces mondiales et pour saisir les opportunités de progrès commun.
 
Répondant à une remarque concernant la logistique lourde du débat de haut niveau, pour lequel de nombreux chefs d’État et de gouvernement viennent chaque année à New York, le Secrétaire général a rappelé le nombre et l’ampleur des crises qui frappent le monde actuellement.  Ceci justifie largement la présence et la participation des chefs d’État de la planète à l’ONU, ce qui leur donne l’occasion de montrer leur solidarité avec les peuples affectés.  Sans la sécurité, on ne peut pas promouvoir le développement, a souligné M. Ban Ki-moon.
 
En ce qui concerne l’absence possible des chefs d’État de la Fédération de Russie, de la Chine et de l’Inde au Sommet sur les changements climatiques, il s’est montré rassurant en expliquant que ces pays seraient néanmoins représentés à un très haut niveau.  Il a en outre fait remarquer que le Sommet du 23 septembre rassemblera plus de 120 chefs d’État et de gouvernement, soit davantage que les 100 chefs d’État qui avaient participé à la plus grande réunion sur les changements climatiques qui ait eu lieu à ce jour et dont les travaux se sont tenus à Copenhague.
 
Au cours de l’échange avec les correspondants des médias accrédités auprès de l’ONU, le Secrétaire général a aussi abordé la question de la crise en Iraq.  Se félicitant de la détermination des États-Unis à lutter contre le terrorisme, à la demande du Gouvernement iraquien, il a fait remarquer que l’ONU et d’autres acteurs avaient réussi à sauver des vies humaines des violences qui ont cours dans la région.  Il y a quelques semaines, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a déployé la plus grande opération humanitaire de l’histoire, a-t-il ajouté en invitant chacun à toujours garder à l’esprit la protection des civils.  Il a aussi signalé que le Président Obama allait participer au sommet que tiendra le Conseil de sécurité, le 24 septembre, pour discuter de cette question.
 
En ce qui concerne d’éventuelles frappes militaires américaines en Syrie, M. Ban a jugé prématuré de s’avancer de manière hypothétique.  Il s’est félicité des actions coordonnées que prend la communauté internationale pour lutter contre les terroristes internationaux.  « Mais, s’agissant des questions juridiques et politiques, j’interviendrai plus tard de manière opportune », a annoncé le Secrétaire général.  Il a toutefois rappelé aux dirigeants mondiaux qu’ils devaient mener ce genre d’opérations en s’assurant qu’ils respectent le plus strictement possible le droit international et en protégeant la population civile.
 
Le cessez-le-feu qui a cours en ce moment à Gaza n’est en rien la solution idéale à ce conflit, car il est fragile, a également commenté le Secrétaire général en parlant de la question israélo-palestinienne.  Il a souhaité que la communauté internationale, avec à sa tête le Conseil de sécurité, exhorte les parties à pérenniser cet état de calme.  Il a aussi soulevé le problème de la reconstruction à Gaza.  Il a indiqué que le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Robert Serry, avait fait un exposé au Conseil de sécurité sur la nécessité d’agir sur cette question.
 
En ce qui concerne l’évacuation de Casques bleus de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) sur le plateau du Golan, sur laquelle la presse lui a posé quelques questions, le Secrétaire général a attiré l’attention des journalistes sur les explications qu’avait déjà fournies le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous, et il a relevé l’état de la situation sécuritaire, qui reste très dangereuse sur le terrain.
 
Le Secrétaire général a également abordé des questions relatives à la situation à Chypre, où la communauté internationale est en quête de compromis depuis plus de 37 ans; au Liban, où le poste de chef d’État reste encore vacant; et en Iran, pays qui a un rôle important à jouer pour la paix, la sécurité et l’harmonie dans la région du Moyen-Orient et du Golfe.
 
S’agissant de la crise ukrainienne, M. Ban s’est dit encouragé par le fait que le cessez-le-feu fondé sur le Protocole de Minsk soit respecté, malgré quelques incidents et violences.  Il a souhaité que les consultations entre les parties se poursuivent, et a plaidé en faveur de l’établissement d’un dialogue politique.