Lu dans la Canard Enchainé : « Les Tunisiennes ne m(h)éritent pas ça »

Lu dans la Canard Enchainé : « Les Tunisiennes ne m(h)éritent pas ça »

Le palmipède parisien nous a gratifié d’un petit publié à la Une du numéro de ce mercredi 26 Août 2020 sur l’annonce du président de la république Kais Saied concernant « l’égalité successorale ».

 «L’ÉTAT n’a pas de religion ! » Cette phrase choc a été prononcée par Kaïs Saïed, le président de la République tunisienne, le 19 août, à l’occasion de la Fête nationale de la femme. Et le chef de l’Etat en a immédiatement profité pour s’opposer à l’égalité successorale hommes-femmes, expliquant que cette demande, relayée par une grande partie de la population, était en contradiction avec… le Coran.

 Pour les laïques tunisiens et les féministes, comme l’Association des femmes démocrates, c’est la douche glacée. Une véritable régression par rapport au débat qui agitait la société tunisienne depuis des années. Voilà donc le pays rappelé aux fondamentaux : en matière d’héritage, les préceptes du Livre n’acceptent aucune interprétation. Une femme doit hériter moitié moins qu’un homme, au même degré de parenté. « Vous êtes le chef d’un Etat civil et non un théologien », lui a opposé un avocat à la Cour de cassation, dans une tribune publiée par « La Presse de Tunisie » (20/8). Rappelant aux légistes qui le brandissent que, « lorsque le Coran a été révélé au prophète Mohamed, les fillettes étaient ensevelies vivantes car considérées comme tares et sources de honte ». Et que « des progrès ont été réalisés, depuis, par l’humanité ».

 En réponse, le président tunisien a affirmé que les événements insurrectionnels des années 2010 avaient été motivés par l’« égalité dans les droits sociaux et économiques », et non pour revendiquer l’égalité dans l’héritage. Et que, selon lui, dans le texte coranique, « la loi successorale est basée sur l’équité et la justice », à l’inverse de l’« égalité juridique, conçue par la pensée libérale ».

 Après le printemps arabe, un automne tunisien ? S. Ch.

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