Marzouki : la coalition est entrain de vider la démocratie de sa substance !

Marzouki : la coalition est entrain de vider la démocratie de sa substance !

L’ancien président et actuel leader du parti Harak Tounès el-Irada, Moncef Marzouki préside ce samedi un meeting populaire au palais des expositions à Sfax. A ses côtés il y aura Adnane Mansar. Marzouki parlera à cette occasion des développements politiques, économiques et sécuritaires en Tunisie et les programmes de son parti. Dans ce cadre, nous avons eu une brève rencontre avec Moncef Marzouki en marge de ce meeting. Il a bien voulu répondre à nos questions :

Quelles sont les raisons de l'organisation de ce meeting de Sfax ?

M M : Le parti Harak Tounés el-Irada entre maintenant dans la phase de l’existence officielle. Nous avons tenu à ce que ce démarrage officiel soit à travers un meeting populaire qui a lieu à Sfax en vue d’exposer notre conception de la phase actuelle par laquelle passe la Tunisie et nos alternatives et nos solutions pour sortir de la situation complexe et de la crise qui s’aggrave dans le pays.

Le meeting sera aussi l’occasion de lancer la campagne d’adhésions et de constitution des structures régionales et locales du parti. Nous croyons que notre parti sera un élément sérieux en vue de changer les équilibres et de sortit de la culture de partage de l’autorité sans plus, un partage sans programmes ni visions.

Quels sont les grandes lignes de la situation actuelle que vous qualifiez de complexe et qui ne fait qu’aggraver la crise du pays ?

M M : Ses grandes lignes principales, c’est qu’en dépit de notre réussite relative à établir une démocratie garantissant l’élection et l’alternance pacifique, nous avons été incapables jusqu’ici à nous lancer dans un processus qui préserve cette démocratie par des réformes économiques et sociales répondant aux intérêts de larges catégories des Tunisiens qui ont été derrière le changement et la fin de l’Etat de l’arbitraire.

Le problème aujourd’hui c’est que ceux qui détiennent le pouvoir approfondit les difficultés à travers des « réformes » en concertation avec les institutions internationales et non sur la base d’un diagnostic qui prend en considération les intérêts du pays.

Au contraire, cette orientation ne fait que confirmer la corruption sinon elle ne fait que l’aggraver notamment par le renforcement de la puissance de certains lobbies sans se pencher sur les s réformes administratives. Tout ceci contribue affaiblir l’Etat et en même temps fait éloigner l’investissement étranger et local qui peut générer de la valeur ajoutée.

En réalité, nous ne voyions pas dans les initiatives de la coalition au pouvoir que des indices qui ne font qu’approfondir l’orientation à vider la démocratie de sa substance. Les derniers indices dans ce sens portent sur les projets de loi concernant les élections municipales et les collectivités locales, lesquels cherchent à consacrer la politique du clientélisme et l’obsession du partage du pouvoir au lieu d’en faire une occasion pour consacrer une démocratie locale véritable, qui se soucie d’améliorer les services et les rapprocher des citoyens à l’abri de tout déséquilibre social ou régional.

Comment vous voyez les solutions pour dépasser cette situation ?

M M : Nous croyons nécessaire de lancer un dialogue national sérieux confié à des compétences tunisiennes et avec une référence claire à l’intérêt national dont on sortira par une feuille de route nette et précise en vue de dépasser le modèle de développement et le réseau d’intérêts qui ont conduit à la révolution et à la poursuite des heurts sociaux jusqu’à maintenant.

Nous avons notre conception que nous proposerons dans ce cadre. On peut le résumer dans deux orientations.

Primo on ne peut conserver la situation de l’Etat tel qu’elle est actuellement, ainsi il faut mettre en place un ensemble de lois dirigé contre le système nerveux de la corruption dans et en dehors de l’Etat et dans le même sens alléger de façon drastique les complications bureaucratiques et adopter les degrés les plus élevés de la transparence en vue de restaurer la confiance entre l’Etat et la société, deux acteurs sociaux différents.

Secundo, nous voyions qu’il n’est plus possible de continuer sur un modèle économique qui profite à certains lobbies sans produire de la valeur ajoutée mais qui génère par contre un accroissement continu de la dette publique, un modèle de production et de formation au rendement limité et générateur de chômage.

Ce sont les orientations de votre nouveau parti ?

M M: Oui mais il y aura évidemment un développement de cette orientation générale et nous n’allons pas répéter des slogans généraux. Le parti se penche actuellement sur la mise en forme de cette conception dans le détail.

 

Propos recueillis par G M

Votre commentaire