Mounir Ben Salha: « la plupart des avocats sont sous l’emprise de la dictature »

Mounir Ben Salha: « la plupart des avocats sont sous l’emprise de la dictature »

 

L’avocat Mounir Ben Salha qui a été interdit d’exercice pendant un mois par le conseil de l’ordre, a posté sur sa page Facebook, un article où il se plaint de l’attitude de ses confrères à son égard et dont « la plupart, aujourd'hui, sont sous l'emprise de la dictature et ils veulent l'appliquer dans leur profession ».

Le changement de régime en Tunisie a complètement libéré la parole dans le pays. Cela est parti des citoyens qui ont radicalement changé d’attitude envers à la fois les responsables administratifs et politiques. Tout est devenu objet de discussion, de  critique et de remise en cause. Ils ont pu trouver leur relais dans les médias tunisiens, soudain émancipés des chaînes qui les retenaient depuis plus d’une vingtaine d’années.

Pour l’histoire, on peut souligner que la fin des années 70 puis le début des années 80 ont vu prospérer une certaine presse indépendante qui a essayé de s’engouffrer dans le petit espace de liberté consenti à l’époque par le pouvoir politique.

Après 1987, et après une embellie due à la période de grâce « accordée » par le régime de l’ancien président, les vieux démons du contrôle de la presse et l’asservissement des médias ont refait surface pour signer l’extinction quasi-totale des esprits libres. Les quelques journalistes, qui avaient essayé de prendre du recul et d’agir dans cet espace étriqué, développaient certaines de leurs idées par des allusions qui interpellaient les lecteurs avertis ou sensibles aux diverses questions et problématiques qui traversaient la société.

L’après 14 janvier a donc permis de libérer les journalistes et les médias qui ont ainsi pu se « convertir » à cet affranchissement, et qui fut l’un des slogans majeurs des citoyens et des jeunes qui ont fait la « révolution ».
Il est évident que devant cette ouverture « révolutionnaire », les journalistes se sont engouffrés dans le but de consacrer cette liberté d’expression dont ils furent privés pendant de longues années.

Mais, cette conquête de la liberté et son exercice ne furent pas simples à concrétiser. En fait, les premières actions salvatrices et protectrices ont été bien saisies par les professionnels des médias. Il fallait s’organiser pour défendre ce nouvel acquis. Les syndicats, à la fois des propriétaires des médias et des journalistes, finalement élus librement par les gens de la profession, sont parvenus à s’ériger en défenseurs des intérêts de leurs adhérents, mais aussi des valeurs qui doivent prévaloir, avec en tête de liste la liberté d’expression.

Ensuite, et dans l’exercice de leur liberté, les journalistes ont essayé de répondre aux attentes des citoyens dans tous les domaines. Il leur a fallu s’adapter à ce nouveau contexte et développer leurs discours et leurs approches.

Sans dire que les professionnels ont réussi totalement à relever le défi exigé par cette situation récente, ils ont fait des progrès réels contribuant à mettre à nu les carences ou les insuffisances constatées. Leur approche a évolué et leur démarche s’est transformée même si l’on peut toujours espérer une amélioration du produit final proposé à l’opinion publique.

Il n’en demeure pas moins que des dangers d’un retournement de bâton planent encore en raison de la volonté manifestée par certaines parties de mettre des « limites » à l’exercice de la liberté d’expression. On peut rappeler à cet égard la terrible pression mise sur la télévision nationale, les accusations orientées à l’encontre de ce que l’on appelle « les médias de la honte », les nominations partisanes dans le but d’influer sur les lignes éditoriales, etc.

Certains souhaitent aussi mettre en place d’autres limites comme celles qui se rapportent par exemple au « sacré », concept ô combien vaste et imprécis, et qui deviendraient une réelle menace qui pèserait sur les créateurs ou les journalistes. Ce n’est pas par hasard que plusieurs journalistes sont l’objet régulièrement de menaces.

A mon tour,  je suis une des victimes de la liberté d'expression car j'étais opprimé par mes propres collègues qui se présentent toujours comme les défenseurs des droits se l'homme mais la réalité est fort différente, car,  la plupart des avocats aujourd'hui sont sous l'emprise de la dictature et ils veulent l'appliquer dans leur profession ils interdisent les médias l'expression la politique et ils veulent réduire l'avocat à un simple artisan qui fait un service moyennant une rémunération.

C’est dire que si la liberté d’expression fait désormais partie des rares acquis du 14 janvier, elle n’en reste pas moins susceptible d’être remise en cause. Autrement dit, la vigilance doit se poursuivre et les professionnels sont, plus que jamais, appelés à mener cette véritable bataille dans la mesure où il n’existe pas de démocratie viable sans la liberté d’expression ; et des médias bâillonnés font le lit de toutes les dictatures…

Votre commentaire