« On ne doit jamais battre une femme - même avec une fleur ! »

 « On ne doit jamais battre une femme - même avec une fleur ! »

Si l'on demandait à un citoyen pris au hasard ce que signifie pour lui le 25 novembre, nul doute que cela ne lui évoquerait pas grande chose sauf peut-être la Sainte Catherine s'il a gardé en mémoire de vieilles traditions... C'est pourtant la date choisie par les Nations Unies pour célébrer la Journée Internationale pour l’Élimination de la Violence contre les Femmes.

Viols, mutilations sexuelles féminines, violences conjugales, prostitution, harcèlement sexuel, mariages forcés, crimes dits « d’honneur », polygamie... ces violences, loin d'être des faits isolés, sont le produit d’un système patriarcal instituant un rapport inégalitaire entre les femmes et les hommes. L’origine sexiste de ces violences est reconnue dans de multiples résolutions et rapports internationaux et nationaux, et pourtant elles ne reculent pas !

Alors que le monde se mobilise aussi ce samedi pour la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, un rapport gouvernemental sur le sujet révèle des chiffres toujours plus alarmants, en particulier au sein même du couple.

ÉTAT DES LIEUX

En France :

  • 123 femmes tuées

123 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, soit une femme tous les 3 jours. 34 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire, dont 3 au sein d’un couple homosexuel et 25 enfants mineurs ont été tués par l’un de leurs parents dans un contexte de violence au sein du couple.

  • 225 000 victimes déclarées

225 000 femmes âgées de 18 à 75 ans déclarent avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint sur une année 3 sur 4 déclarent avoir subi des faits répétés.

8 sur 10 déclarent avoir été également soumises à des atteintes psychologiques et/ou des agressions verbales.

  • 4 victimes sur 5 ne portent pas plainte (chez les femmes)

Moins d’une femme sur cinq victimes de violences physiques et/ou sexuelles au sein du couple déclare avoir déposé plainte. Plus de la moitié n’ont fait aucune démarche auprès d’une professionnelle ou d’une association.

  • 110 000 victimes ont porté plainte

110 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, âgées de plus de 18 ans, ont déposé plainte ou ont fait l’objet d’une constatation par les services de police et de gendarmerie 

  • 70% des violences faites aux femmes sont le fait du partenaire

70% des faits de violences volontaires commis sur une femme âgée de 20 à 50 ans, parmi ceux enregistrés par les forces de sécurité, est le fait de son partenaire ou ex-partenaire 

 1 viol sur 3 commis sur une femme majeure, parmi ceux enregistrés par les forces de sécurité, est le fait de son partenaire ou ex-partenaire. 

  • 17660 personnes condamnées pour violences sur leur partenaire

17 660 personnes ont été condamnées pour des violences sur leur partenaire ou ex - partenaire • 96 % sont des hommes. 

En Tunisie :

Selon une récente étude menée en 2016  par le  Centre de Recherches, d'études, de Documentation et d'information sur la Femme (CREDIF), 78.1% des femmes en Tunisie disent avoir subi une violence psychologique dans l’espace public, tandis que 41.2% ont été victimes de  violences physiques et 75.4% de violences sexuelles.

Avec un taux de 33% « arracher quelque chose de force », est l’acte le plus fréquent des violences physiques subies par  les femmes, tandis que 24.3% des femmes disent avoir été importunées dans la rue plus de dix fois, et 22.6% disent avoir été collées.

Cette étude menées dans 18 villes différentes, sur un échantillon de 3873 femmes âgées entre 18 ans et 64 ans, révèle que 89.5% des femmes à Kebili disent avoir été victimes de violences sexuelles, contre 55.6% dans la ville de Mahdia. Les violences physiques sont plus répandues à Sousse à hauteur de 62.1% des femmes, contre 17.2% des femmes au Kef. A Tunis, 50% des femmes disent subir des violences physiques et 75% des violences sexuelles dans l’espace public. Gabès est concernée par les violences psychologiques, où 92.9% des femmes disent en souffrir.

Le pays est toutefois considéré comme une pionnier en matière de droits des femmes dans le monde arabe et la nouvelle Constitution adoptée en 2014 stipule que les « citoyens et citoyennes sont égaux en droits et devoirs ».

En Tunisie, une loi « historique et pionnière » contre les violences faites aux femmes

Une étape importante pour les droits des femmes que la Tunisie vient récemment de franchir. L'Assemblée des représentants du peuple a voté mercredi soir, le 26 juillet, une loi contre les violences faites aux femmes. La loi, dite « intégrale », couvre un large éventail de violations, et représente une victoire pour les associations féministes, qui réclamaient son adoption depuis des années.

La loi reconnaît non seulement les violences physiques, mais aussi psychologiques, et économiques. Elle met en place des mesures de protection et de prise en charge des victimes. Reconnaît le rôle des médias et de l’éducation dans la prévention des violences.

Et surtout, elle abroge une disposition très controversée du Code pénal, qui permettait à un violeur d’épouser sa victime mineure, pour échapper aux poursuites.

La loi ne suffit pas, faire évoluer les mentalités pour gagner le combat

Mais la loi ne suffit pas. Le combat pour arrêter ces violences sur la femme n’est pas terminé pour les défenseurs des droits des femmes, qui reconnaissent qu’il sera difficile de faire évoluer les mentalités.

La lutte contre les violences à l'encontre des femmes n'est plus « Grande Cause Nationale », mais nous appelons chaque citoyen(n)e à en faire sa cause personnelle. Chacun(e) d'entre nous peut s'engager dans ce combat, en remettant en cause les stéréotypes sexistes dans sa vie quotidienne, en sensibilisant ses proches, en se mobilisant pour obtenir des pouvoirs publics le renforcement de la politique de lutte contre les violences.

Il est nécessaire de poursuivre et de renforcer les politiques publiques et les moyens dédiés pour la prévention et l’accompagnement des femmes ainsi que le soutien aux associations engagées dans la lutte contre ces violences, en particulier celles qui accompagnent des femmes sur l’ensemble du territoire.

N’oublions jamais que Les paroles s'envolent, mais les coups restent. Vivons en paix et en harmonie avec la  femme en ayant sans l’esprit ce que disait Jean Anouilh « On ne doit jamais battre une femme - même avec une fleur ! »

Je m'engage à faire tout ce qui est de mon pouvoir pour  que la société mobilisée joue ce rôle non seulement à l'occasion de la journée internationale de femmes, mais chaque jour.

« On ne doit jamais battre une femme - même avec une fleur ! » Jean Anouilh

A. Klai

 

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