Nomination d’un ambassadeur en Syrie : Est-ce bien la priorité ?

Nomination d’un ambassadeur en Syrie : Est-ce bien la priorité ?

Le président de la République Kaïs Saïed a remis ce jeudi ses lettres de créance au nouvel ambassadeur de Tunisie auprès de la République arabe syrienne. On doit, évidemment s’en féliciter car pour la première fois, les instructions présidentielles d’accélérer la nomination du chef de la mission diplomatique tunisienne à Damas sont exécutées en un temps record.

Se pose alors la question : Et quid des autres nominations des chefs de missions diplomatiques et consulaires, des postes vacants depuis parfois deux ans. Une quarantaine de postes sont concernés dont certains de première importance.
La priorité donnée à Damas est évidemment politique. Elle pourrait être le fruit de pressions exercées par certaines parties de l’intérieur, parmi les soutiens du président Saïed ou de l’extérieur. A moins que ce ne soit un pied de nez à certaines parties critiques ou hostiles.

Mais est-ce bien prioritaire de nommer un ambassadeur à Damas, quand des capitales de premier plan pour la diplomatie tunisienne ne sont pas encore pourvues d’ambassadeurs, ou des villes où une importante communauté tunisienne vit ne comptent pas un consul général ou un consul.

Alors que le sujet principal sur la scène nationale est l’émigration irrégulière vers les côtes italiennes, Rome ne compte pas un chef de mission diplomatique et des villes comme Palerme, Naples et Milan ne sont pas pourvues de chef de mission consulaire.
L’ambassade tunisienne dans la capitale qatarie, Doha ne compte un chef de mission non plus, alors que ce pays est le premier investisseur arabe en Tunisie. Cette capitale n’était pas pourvue d’un ambassadeur bien avant la Coupe du monde football alors qu’elle compte une communauté de plusieurs milliers de Tunisiens et que d’autres milliers ont fait le voyage de l’émirat pour soutenir l’équipe nationale à cette grande compétition internationale.

Au moment où la Chine prend une importance cruciale dans le monde, outre le fait qu’elle est notre premier partenaire commercial avec lequel nous enregistrons le déficit le plus élevé, cela fait plus de deux ans que nous n’avons pas un ambassadeur à Pékin.

Sans être exhaustif, il faut aussi rappeler que nous n’avons pas non plus un ambassadeur en Allemagne depuis que la cheffe de mission diplomatique à Berlin a été mutée à Washington. D’ailleurs on se pose des questions sur le mutisme de l’ambassadrice de Tunisie auprès des Etats-Unis en cette phase critique des rapports entre les deux pays. Cette ambassade vient tout juste de lancer sa page sur Facebook. Ce n’est pas trop tard.

Depuis la nomination, début février de l’actuel ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger Nabil Ammar, l’ambassade de Tunisie en Belgique et sa représentation auprès de l’Union Européenne où il officiait n’a pas été pourvue d’un ambassadeur représentant permanent auprès de l’UE. Ce poste ne peut rester vacant plus longtemps.

Dès cette nomination, le chef de l’Etat lui a demandé d’accélérer la mise en place du mouvement des chefs de missions diplomatiques et consulaires. Cela fait presque trois mois que cette recommandation a été faite, mais on ne voit rien venir. Quand on s’est posé la question, il nous a été dit que ce mouvement est imminent. En bon français, cet adjectif veut dire : Qui va se produire dans très peu de temps.
Espérons que ce temps ne sera pas l’éternité !

RBR

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