OMM - Rapport : la canicule en 2022 a provoqué une dégradation de la qualité de l’air
La chaleur extrême notée en 2022, conjuguée aux feux de forêt et aux poussières du désert, a eu pour conséquence notamment de dégrader la qualité de l’air, mais aussi des répercussions mesurables sur la santé humaine et l’environnement, a alerté hier une agence des Nations Unies relevant que le changement climatique accroît l’intensité et la fréquence caniculaire.
Selon un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la vague de chaleur européenne de 2022 a exacerbé la pollution par l’ozone. Dans le même temps, la fumée des feux de forêt nuit à la santé de l’être humain, des écosystèmes et des cultures.
Il explique la façon dont les vagues de chaleur ont causé des incendies dans le nord-ouest des États-Unis et comment, à l’instar des vagues de chaleur accompagnées d’intrusions de poussières du désert en Europe, elles ont abaissé la qualité de l’air jusqu’à des niveaux dangereux en 2022.
La troisième édition annuelle du Bulletin de l’OMM a été publiée à l’occasion de la Journée internationale de l'air pur pour des ciels bleus, dont le thème de cette année, « Ensemble pour un air pur », met l’accent sur la nécessité de davantage d’investissements et de partager les responsabilités pour lutter contre la pollution de l’air.
Le changement climatique et la qualité de l’air vont de pair
« Les vagues de chaleur dégradent la qualité de l’air, ce qui a des répercussions sur la santé humaine, les écosystèmes, l’agriculture et, en fait, sur notre vie quotidienne », a déclaré dans un communiqué, le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
« Le changement climatique et la qualité de l’air ne peuvent être traités séparément. Ils vont de pair et doivent être abordés ensemble pour briser ce cercle vicieux », a-t-il insisté.
L’été 2022 a été le plus chaud jamais observé en Europe. La vague de chaleur prolongée a entraîné une augmentation des concentrations d’ozone au niveau du sol et de matières particulaires.
Des centaines de sites de surveillance de la qualité de l’air ont enregistré des niveaux d’ozone supérieurs à la limite préconisée dans les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) relatives à la qualité de l’air, à savoir 100 μg m-3 pour 8 heures d’exposition. Cette situation s’est d’abord produite dans le sud-ouest de l’Europe, puis en Europe centrale et enfin dans le nord-est, à la suite de la propagation de la vague de chaleur sur le continent.
« Le présent bulletin concerne l’année 2022. Ce à quoi nous assistons en 2023 est encore plus extrême. Le mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré, avec une chaleur intense dans de nombreuses zones de l’hémisphère Nord, une situation qui s’est poursuivie en août », a précisé M. Taalas.
Les incendies abaissent également la qualité de l’air
Dans ce contexte, les vagues de chaleur et la sécheresse sont propices au déclenchement de feux de forêt, qui se développent ensuite rapidement lorsqu’ils rencontrent une végétation sèche et facilement combustible. De telles situations peuvent entraîner une augmentation des émissions d’aérosols.
De plus, les dépôts atmosphériques de composés azotés sous le vent des incendies ont également un impact sur les écosystèmes – un phénomène qui s’accentuera avec le réchauffement climatique et les vagues de chaleur. Des incendies ont ravagé d’immenses étendues au Canada, fait des dégâts tragiques et des morts à Hawaï, et causé de graves dommages et des pertes humaines dans la région méditerranéenne.
En Californie et dans le nord-ouest des États-Unis, l’OMM indique avoir constaté que les incendies contribuaient dans une large mesure au dépôt d’azote dans plusieurs écosystèmes naturels, dépassant souvent les seuils de charge critique.
« Les incendies sont responsables d’un abaissement de la qualité de l’air à des niveaux dangereux pour des millions de personnes et du déplacement de panaches de fumée dans l’Atlantique et jusqu’en Arctique », a expliqué M. Taalas.
Sur sur le plan de l’impact agricole, les pertes de récoltes dues à l’ozone oscillent en moyenne entre 4,4% et 12,4% pour les cultures vivrières de base au niveau mondial. Les pertes de blé et de soja peuvent même atteindre 15% à 30% dans les principales régions agricoles de l’Inde et de la Chine.
Une tendance devant se poursuivre
L’OMM estime que le changement climatique est donc responsable d’une augmentation de la fréquence et de l’intensité des vagues de chaleur, et cette tendance devrait se poursuivre. Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à estimer que les vagues de chaleur augmenteront le risque de feux de forêt ainsi que leur gravité.
La qualité de l’air et le climat sont indissociables l’un de l’autre, souligne l’OMM.
« Les vagues de chaleur et les incendies de forêt sont étroitement liés. La fumée des feux de forêt contient un mélange de produits chimiques qui nuit non seulement à la qualité de l’air et à la santé, mais aussi aux plantes, aux écosystèmes et aux récoltes, et entraîne une augmentation des émissions de carbone et donc des niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », a expliqué M. Lorenzo Labrador, l’auteur du rapport et responsable scientifique de l’OMM au sein du réseau de la Surveillance de l’atmosphère globale.
Par ailleurs, les hautes températures, associées à des quantités importantes d’aérosols, et donc de particules, ont eu des répercussions sur la santé et le bien-être humains.
La mauvaise qualité de l’air se répercute sur la santé des écosystèmes, car les polluants atmosphériques tels que l’azote, le soufre et l’ozone se déposent à la surface de la Terre depuis l’atmosphère et sont absorbés par les plantes, ce qui nuit à l’environnement et réduit le rendement des cultures.
Votre commentaire