Plus de droit d'asile pour les migrants clandestins

Plus de droit d'asile pour les migrants clandestins

Le gouvernement britannique a dévoilé, ce mardi, un projet de loi destiné à interdire aux personnes arrivant dans le pays via des voies illicites de demander l'asile, une mesure qui a pour objectif de dissuader des dizaines de milliers de migrants de traverser la Manche pour rejoindre les côtes britanniques.

Stopper les flux d'embarcations illicites arrivant sur les côtes britanniques est l'une des priorités du Premier ministre Rishi Sunak, alors que plus de 45.000 migrants ont traversé l'an dernier la Manche et qu'environ 90% d'entre eux ont demandé l'asile dans le pays.
"Ce projet de loi permet la détention des arrivants illégaux sans caution ni contrôle judiciaire au cours des 28 premiers jours de détention, jusqu'à ce qu'ils puissent être expulsés", a déclaré la ministre de l'intérieur, Suella Braverman, au Parlement.

"Ils n'arrêteront pas de venir ici tant que le monde ne saura pas que si vous entrez illégalement en Grande-Bretagne, vous serez arrêté et rapidement expulsé", a-t-elle dit.

Suella Braverman a précisé que les personnes entrant illégalement dans le pays ne pourraient plus invoquer la loi sur l’esclavage moderne pour empêcher leur expulsion.

L'organisation Refugee Council estime que des dizaines de milliers de réfugiés, qui auraient auparavant obtenu l'asile, allaient être "enfermés comme des criminels", ce qui va à l'encontre des engagements de la Grande-Bretagne au titre de la convention des Nations unies sur les réfugiés.

La ministre de l'Intérieur a dit de son côté que le gouvernement était convaincu que la loi était compatible avec les obligations internationales.

Les questions liées à l'immigration se sont imposées comme centrales dans la vie politique britannique au fil de la décennie écoulée, utilisées notamment, avec succès, par les partisans du Brexit en vue de rassembler les soutiens pour le référendum de 2016 sur la sortie de l'Union européenne.

Une enquête d'opinion réalisée en novembre dernier montre que contrôler l'immigration est l'une des principales préoccupations des électeurs britanniques, juste après l'économie et le fonctionnement du service de santé. Parmi les personnes sondées, 87% ont dit estimer que le gouvernement gérait mal la question de l'immigration.

Les partis de l'opposition et des ONG ont dit douter que le projet gouvernemental s'avère plus efficace que les précédentes tentatives destinées à enrayer les traversées illégales de la Manche, devenues profitables aux trafiquants d'être humains et périlleuses pour les migrants.

Un accord scellé l'an dernier par Boris Johnson, le prédécesseur de Rishi Sunak à la tête du gouvernement, prévoit la déportation vers le Rwanda de dizaines de milliers de migrants - pour la plupart arrivant d'Afghanistan, de Syrie et d'autres pays ravagés par un conflit.

Mais le premier vol qui devait être effectué dans le cadre de cet accord, en juin dernier, a été bloqué par une injonction de dernière minute de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), avant que la question de la légalité d'une telle mesure soit portée devant la Haute cour de Londres.

Si la Haute cour a jugé en décembre que l'accord pouvait être mis en oeuvre, des détracteurs souhaitent que le verdict soit annulé. Une longue bataille judiciaire se dessine et pourrait se terminer devant la Cour suprême britannique.

Rishi Sunak devrait profiter du sommet franco-britannique prévu en fin de semaine pour demander au président français Emmanuel Macron une coopération accrue de la part de Paris dans la lutte contre les groupes de "passeurs" à travers la Manche.

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