Pourquoi Rached Ghannouchi reçoit les ambassadeurs et pas Kaïs Saïed

Pourquoi Rached Ghannouchi reçoit les ambassadeurs et pas Kaïs Saïed

Depuis qu’il a pris ses quartiers au Palais du Bardo, le président de l’ARP, Rached Ghannouchi a reçu les ambassadeurs d’Arabie Saoudite, d’Algérie, de Turquie  et d’Italie et la liste va s’allonger dans les prochains jours.

Dans le même temps, aucun ambassadeur à part ceux qui lui ont remis leurs lettres de créance n’a été reçu par le président de la République Kaïs Saïed. Pourtant les affaires étrangères et la diplomatie font partie de ses prérogatives constitutionnelles.

Pour les profanes cela a l’air de poser problème, puisque le président de l’ARP n’intervient nullement sur la scène internationale et sur la politique étrangère. Mais cela n’est pas aussi étrange qu’il n’y parait. Ayant été élu à la tête de l’Assemblée et devenant ainsi le second personnage de l’Etat, il est normal que les ambassadeurs des pays frères et amis lui demandent selon les règles diplomatiques audience pour lui faire part de leurs félicitations et lui transmettre les vœux de succès de leur pays. Cela s’appelle une visite de courtoisie au cours de laquelle les deux interlocuteurs aient un entretien à bâtons rompus qui porte sur des choses et d’autres sans ordre du jour précis. C’est généralement l’occasion de passer des messages sans plus de détails.

Ce qui pose problème c’est que la substance des entretiens diplomatiques de Rached Ghannouchi ait été ébruitée, alors que les usages en la matière auraient dû conduit les services de presse de l’assemblée à n’en donner qu’un bref résumé en se contentant d’indiquer que la rencontre a porté sur les relations bilatérales et les questions d’intérêt commun.

Parfois, les comptes rendus de rencontres de cette nature peuvent frôler l’incident diplomatique. A cet égard on peut imaginer que les autorités allemandes seraient courroucées de voir le président de l’ARP demander que la Tunisie soit invitée à la conférence de Berlin sur la Libye au cours d’un entretien avec l’ambassadeur… d’Italie. Outre le fait qu’il s’agit de la part de Ghannouchi d’une interférence dans les rapports de la Tunisie avec l’étranger, un sujet qui ne fait partie de ses attributions !

Quant au président de la République les ambassadeurs ne peuvent lui demander audience que s’ils ont un message officiel de leur chef d’Etat à lui communiquer. Pour le reste ils doivent s’adresser au ministère des Affaires étrangères.

Ainsi ils n’ont pas la latitude de rencontrer le président de la République de leur propre chef y compris pour lui faire part de leurs félicitations et celles de leur chef d’Etat. Car même celles-ci sont soumises à un ordonnancement particulier, puisqu’elles ont lieu soit sous forme d’appel téléphonique préalablement préparé soit par lettre adressée au ministère des Affaires étrangères qui en accuse réception.

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