Priorité aux personnes âgées et au personnel soignant pour le vaccin contre la grippe, selon l’OMS

Priorité aux personnes âgées et au personnel soignant pour le vaccin contre la grippe, selon l’OMS

 

A l’aube de l’arrivée de la grippe dans l’hémisphère Nord et en pleine pandémie de Covid-19, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande, vendredi, d’accorder la priorité aux personnes âgées et au personnel soignant pour le vaccin contre la grippe.

« L’OMS a recommandé et approuvé la semaine dernière que, parmi les cinq groupes à risque, les travailleurs de la santé et les personnes âgées soient les groupes les plus prioritaires pour la vaccination contre la grippe (saisonnière) pendant la pandémie de Covid-19 », a déclaré Dr. Ann Moen, cheffe de l’Unité de préparation à la grippe et de riposte de l’OMS lors d’un point de presse à Genève.

Chaque année, les épidémies de grippe peuvent toucher gravement tous les groupes d’âge. Mais le plus haut risque de complications concerne les personnes de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les enfants de 6 à 59 mois.

Mais pour la campagne de vaccination d’une grippe saisonnière en temps du nouveau coronavirus, l’agence onusienne a identifié des « groupes à risque les plus prioritaires pour la vaccination ». Il s’agit du personnel soignant travaillant dans les hôpitaux et dans les établissements de soins de longue durée (les maisons de soins infirmiers, les maisons de retraite, etc.).

En faisant de ces groupes ceux des plus prioritaires pour la réception des vaccins antigrippaux en pleine pandémie de Covid-19, l’objectif est de minimiser l’absentéisme dû à la grippe et une perturbation de la propagation de la grippe des prestataires de soins aux patients vulnérables. Une situation qui pourrait peser sur le système de santé en général.

Certains pays ont des difficultés à se procurer davantage de vaccins contre la grippe
L’autre groupe à risques, ce sont les personnes âgées, plus généralement exposées et donc à inclure en priorité pour recevoir le vaccin antigrippal.

L’OMS recommande même l’élargissement de cette tranche d’âge afin d’inclure les adultes de plus de 50 ans. Ces derniers sont « dans une zone à risque plus élevé de Covid-19 grave ».

Dans le lot des groupes à risque « supplémentaires » figurent les femmes enceintes, les enfants âgés de 6 mois à deux ans. Il y a aussi les individus de tout âge présentant certaines affections chroniques, telles que le diabète, l’hypertension, le VIH/sida, l’asthme et d’autres maladies cardiaques ou pulmonaires chroniques.

Pour l’agence onusienne, il est donc nécessaire de reconsidérer cette année l’ordre de priorité des groupes à risque pour la vaccination. Le but ultime est d’assurer un contrôle optimal de la grippe saisonnière parmi les groupes à haut risque de Covid-19. Dans ce dispositif, l’OMS avertit que le traitement dans les établissements de santé pourrait augmenter les risques d’exposition du SRAS-CoV-2 et le développement ultérieur de la Covid-19.

Ces nouvelles orientations de l’OMS interviennent alors que des indications font était d’une éventuelle pénurie de vaccins contre la grippe. Une situation qui remonterait au mois d’avril, lorsque des pays ont passé des commandes auprès de fabricants pharmaceutiques, conscients de la charge accrue que la pandémie de Covid-19 pourrait faire peser sur leurs systèmes de santé.

Par conséquent, certains pays de l’hémisphère nord ont du mal à obtenir des vaccins antigrippaux supplémentaires en raison de la demande accrue. « Oui, il y a eu en fait une demande accrue, et nous entendons maintenant que des pays qui essaient de se faire vacciner contre la grippe ne peuvent pas l’obtenir », a admis la Dr Moen.

500 millions de doses de vaccin produites chaque année
« Chaque année, nous savons qu’environ 500 millions de doses de vaccin sont produites - et je pense qu’elles sont produites à la demande, sur la base de ces précommandes », a-t-elle ajouté, relevant une hausse des commandes pour certains pays. « Dans l’ensemble, il semble que la demande soit plus importante que le nombre de vaccins », a insisté la responsable de l’OMS.

La grippe saisonnière se caractérise par l’apparition brutale d’une forte fièvre, de toux, de céphalées, de douleurs musculaires et articulaires, de malaise général, de maux de gorge et d’écoulement nasal. Elle se propage facilement et projette dans l’air des gouttelettes porteuses du virus (et de l’infection).

Selon l’OMS, pour prévenir la transmission, il convient de se couvrir la bouche et le nez à l’aide d’un mouchoir lorsque l’on tousse et de se laver les mains régulièrement.

Dans les climats tempérés, les épidémies saisonnières surviennent principalement au cours de l’hiver, tandis que dans les régions tropicales, la grippe peut apparaître tout au long de l’année, avec des flambées épidémiques plus irrégulières.

A ce sujet, l’OMS a rappelé que l’hémisphère sud a connu cette année une « chute historique » des cas de grippe, qu’elle a attribué aux mesures de protection contre la Covid-19. 

« Il n’y a vraiment pas beaucoup de grippe » dans l’hémisphère sud, a déclaré la Dr Moen, ajoutant que les tests indiquaient généralement un taux d’infection de 10 à 30% dans la population, mais que cette année, seul 1% des tests étaient positifs. « C’est vraiment une baisse historique en termes de circulation de la grippe », a-t-elle fait remarquer, ajoutant que l’OMS est « convaincue » que cela n’est pas dû à « un manque de tests ou à un manque de surveillance ».

Entre 290.000 à 650.000 décès par an
« Tout le monde a peut-être vu dans les nouvelles de la faible circulation de la grippe dans l’hémisphère sud, notamment en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Amérique du Sud et en Afrique du Sud », a poursuivi la cheffe de l’Unité de préparation à la grippe et de riposte de l’OMS.

Et pour l’agence onusienne, cela est peut-être dû « en partie à toutes ces mesures sociales et d’éloignement physique, aux restrictions de voyage et à certaines des mesures qui ont été mises en place par le passé et certaines édictées depuis le début de la pandémie ».

Pourtant malgré l’absence de menace apparente, l’OMS invite les pays de l’hémisphère Nord à rester vigilants. Car la maladie, de bégnine à sévère, peut même entraîner la mort. Les hospitalisations et les décès surviennent principalement dans les groupes à haut risque.

Chaque année, la grippe saisonnière entraîne jusqu’à un milliard de cas, trois à cinq millions de cas graves.

En moyenne, cela entraîne 290.000 à 650.000 décès par an, des décès liés à des problèmes respiratoires. « Mais si cela suit et que la grippe est également à faible circulation dans l’hémisphère nord, nous pourrions voir moins d’infections », a affirmé la Dr Moen.

Plus largement, l’OMS espère voir moins d’infections en raison de la très forte absorption du vaccin contre la grippe.

« Nous constatons également - mais ça reste un constat - des épidémies sporadiques dans certaines régions du monde et nous pensons donc vraiment qu’à mesure que la société s’ouvrira à nouveau, nous commencerons probablement à voir la grippe saisonnière circuler à nouveau dans des proportions plus normales » a averti la cheffe de l’Unité de préparation à la grippe et de riposte de l’OMS.

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