Quand le Monde commente le retour des anciennes figures de Ben Ali

Quand le Monde commente le retour des anciennes figures de Ben Ali

 

Le journal le Monde paraissant à Paris a analysé le dernier remaniement ministériel effectué par le chef du gouvernement Youssef Chahed. « Les thuriféraires se trompent à vouloir sous-estimer une troublante évolution que vient de confirmer  l’annonce à Tunis, mercredi 6 septembre, d’un remaniement du gouvernement de Youssef Chahed », lit-on dans un article intitulé « En Tunisie, le retour feutré d’anciens de Ben Ali » et mis en ligne ce vendredi 8 août. La Tunisie  qui « est un chantier démocratique trop rare, trop précieux – dans cette région dumonde  – pour qu’on l’afflige de caricatures » a réussi tant bien que mal à « époustoufler le monde  par son « expérience unique d’acclimatation de la démocratie en terre arabo-musulmane, à juste titre  célébrée par maints laudateurs ».

Le remaniement annoncé mercredi dernier est le plus vaste depuis l’investiture du gouvernement Chahed. Il a touché 13 ministères et porte le sceau du président Béji Caid Essebsi, avons-nous écrit.  Et c’est ce que confirme le monde qui évoque un « un vrai changement s’opère, ou plutôt se confirme : la présidentialisation du régime issu de la Constitution de 2014 ». Cette forme de « présidentialisation ouvre un canal politique  permettant de recycler nombre de figures » de l’ancien régime de Ben Ali.  « Au moins un sur cinq » des membres du gouvernement actuel « a occupé un poste ministériel sous Ben Ali ou assumé une fonction dirigeante au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti unique », ajoute le journal. « Sans doute pareille reconversion était-elle inévitable dès lors que Nidaa Tounès, le parti du président, avait déjà récupéré nombre de réseaux « RCDistes » en déshérence sous la bannière du combat des « modernistes » contre le péril islamiste au lendemain de 2011. Quelques années plus tard, la réinscription de ces anciens « bénalistes » dans le champ du pouvoir revêt plus d’éclat encore, aidée par l’appel aux « compétences » en ces temps adverses où les défis sécuritaires et économiques s’aiguisent ».

Les « ex-bénalistes, tout le monde se les arrache, car ils ont une présence historique sur le terrain qui peut aider à remporter de futures élections », note le politologue Hatem M’rad, cité dans la’rticle. « En Tunisie, on aime les processus par étapes, ajoute un observateur. Même la contre-révolution se fait par étapes. »

Pour Hamadi Redissi « on fait plutôt appel à eux par défaut, car les élites alternatives de 2011 n’ont pas su se constituer en élites d’alternances ».   Spécialiste des transitions démocratiques, le politologue Jérôme Heurtaux, qui a étudié le reclassement des ex-bénalistes dans le processus tunisien post-2011, nuance lui aussi : « Sont-ils des girouettes pragmatiques ? Ou des conservateurs embusqués ? Ni l’un ni l’autre sans doute. » Lui préfère parler d’« un ajustement à un état de la configuration politique de quelqu’un qui soutient publiquement le processus démocratique mais sans renier l’ancien régime ». Selon lui, une telle trajectoire est « possiblement réversible » mais elle est « dénuée de toute stratégie calculée de restauration autoritaire ».

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