Stand de l’Arabie Saoudite à la Foire du Livre : Un acte condamnable à tout point de vue

Stand de l’Arabie Saoudite à la Foire du Livre : Un acte condamnable à tout point de vue

 

Au moment où des Tunisiens organisaient une manifestation contre l’ingérence étrangère dans les affaires tunisiennes, d’autres Tunisiens, des anarchistes ceux-là, lançaient un assaut visant le stand de l’Arabie Saoudite à la Foire du livre pour soi-disant protester contre les positions de ce pays en rapport avec la question palestinienne et le génocide en cours dans la bande de Gaza. En s’attaquant au livre, ces énergumènes ne faisaient que perpétuer l’autodafé, c’est-à-dire la négation de la liberté de penser, de s’exprimer, de réfléchir et même de rêver et d’imaginer.

Si le premier événement a bénéficié d’une large couverture médiatique, le second qu’on aurait dû condamner avec la plus grande rigueur est passé quasiment sous silence. Il aurait mérité que l’on s’y attarde un peu tant il ne ressemblait pas à la Tunisie et aux Tunisiens, qui auraient été bien inspirés de se désolidariser avec véhémence de cette poignée de personnes qui s’en étaient pris à un pays frère avec lequel des relations fortes et privilégiées ont fortement profité à notre pays.

Des relations qui datent depuis ce jour de 1951 quand le chef des nationalistes tunisiens Habib Bourguiba fut reçu par le Roi Abdelaziz Al Saoud qui lui remit une somme d’argent conséquente qui servit au déclenchement du combat du dernier quart d’heure pour recouvrer l’indépendance nationale et lui conseilla la politique des guerriers arabes du « kar et far » c’est-à-dire d’avancer quand il le faut et de reculer quand c’est nécessaire, ce que le leader tunisien théorisa ensuite et qui devint sa marque de fabrique sous le nom de la politique des étapes.

C’est dire la relation marquante qui s’installa dans la relation séculaire entre les deux pays et qui s’est maintenu avec les fils du fondateur du royaume saoudien. L’actuel Roi Salmane, malgré son grand âge fit le voyage pour Tunis en vue de prendre part au Sommet arabe de 2019 pour marquer avec solennité toute l’importance de la relation tissée entre les deux pays.

Une coopération forte et largement bénéfique à la Tunisie a été mise en place dès l’indépendance. Il suffit de rappeler que les Berges du Lac, cette nouvelle ville ultramoderne dans le pourtour de la capitale a été une des réalisations de cette coopération si fructueuse pour se rendre compte de ce que l’on doit à ce grand pays frère.

Pour revenir à Bourguiba, on rappellera qu’en ce jour du 25 juillet 1957, celui de l’abolition de la monarchie, se rendant compte de la dureté des attaques de certains membres de la Constituante contre le système monarchique dans son ensemble, celui qui n’était alors que le président du conseil recadra ces orateurs en déclarant que le système en cause est celui de la Tunisie de l’époque et qu’il ne vise nullement les autres monarchies arabes ou étrangères.

D’ailleurs il prit soin ensuite de dépêcher des émissaires auprès du Roi Mohamed V du Maroc et du Roi Idriss Senoussi de Libye pour les tranquilliser. Les premiers ambassadeurs tunisiens avaient été nommés à Rabat, Tripoli ainsi qu’à Djeddah qui était alors la capitale diplomatique du royaume saoudien.

Le souci de la Tunisie de ne point s’ingérer dans les affaires internes des autres pays qu’ils soient frères ou amis date de cette époque. Autant nous étions sourcilleux que les autres n’aient point le droit de s’ingérer dans nos propres affaires, autant nous nous refusions de nous permettre de nous immiscer dans les affaires des autres.

C’est un principe cardinal de la ligne diplomatique que notre pays a adoptée et qui reste de rigueur et ne souffre d’aucune exception. Les autorités tunisiennes se doivent si elles ne l’ont pas fait de condamner le comportement de cette poignée d’irresponsables qui se sont attaqués avec des slogans inadmissibles au stand de l’Arabie Saoudite à la Foire du Livre.

Les Tunisiens doivent se désolidariser de ces anarchistes pour leur comportement qui ne fait pas honneur à la Tunisie. Avec l’espoir que cela n’aura aucune conséquence sur les relations fortes, séculaires et sans nuages qui ont été établies depuis fort longtemps entre les deux pays frères.

RBR

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