Trésor caché de Ben Ali: Enquête exclusive ou propagande pour Marzouki !?
A seulement deux semaines des élections législatives et à cinq semaines de la présidentielle, la chaîne française M6 vient de taper fort. Une enquête exclusive sur le trésor caché du dictateur Ben Ali et son clan a scotché des millions de Tunisiens à l'intérieur comme à l'extérieur du pays devant leur écran de télévision dans la soirée du dimanche 12 octobre. Et même ceux qui l’ont ratée se sont précipités pour suivre son enregistrement.
Ce document tant controversé n'a pas manqué de créer un véritable embouteillage sur les réseaux sociaux, en ce sens qu'il dévoila (même si certaines facettes étaient déjà connues) les folies d’un président et son clan qui dilapidaient l'argent du contribuable tunisien.
Avec plus de 500 résidences de luxe, dont trois Palais en un rayon de 5 km à Carthage, Gammarth et Sidi-Bou Saïd que certains ont découvert pour la première fois avec ses 332 pièces, son décor doré, ses lits en argent, ses piscines intérieures et extérieures, ses suites parentales dignes des mille et une nuits, sa piste d’atterrissage d’avion. Bref c'est une véritable caverne d’Ali Baba qui s’est ouvert aux caméras de l’émission.
Si l'enquête rondement menée a eu, selon de nombreux Tunisiens, le mérite de montrer au monde entier le luxe insolent et le train de vie inimaginable de l'ex-président et son clan et de démontrer comment ce pays a été pillé sans que les fautifs ne restituent rien des biens mal acquis, de nombreux autres Tunisiens se posent des questions sur le timing de l'émission.
Pourquoi un sujet réchauffé sur «Le Trésor caché du dictateur » à seulement quatorze jours des élections législatives tunisiennes? Pourquoi ce timing pour un tel reportage? s'interrogent certains qui pensent qu’à part quelques passages prouvant que Ben Ali, Belhassen Trabelsi, Slim Chiboub, Sakher El Materi n’ont jamais été inquiétés et n’ont jamais vu leur biens à l’étranger confisqués, tout le reste n'est que du marketing politique...
Autre point qui a suscité la controverse: si le but de M6 est réellement de faire une enquête objective, pourquoi les 20 à 30 dernières minutes de l'enquête se sont-elles détournées du sujet de l'enquête pour vanter les mérites de Marzouki,un président « atypique », « humble » et « modeste », qui ne porte pas de cravate, qui ne garde jamais les cadeaux qu'on lui offre, et qui, plus intéressant ouvre le Palais aux journalistes, ce qui était impensable sous Bourguiba et Ben Ali.
Document historique prouvant encore une fois la nature de l’ancien régime pour les uns. Film de propagande à la gloire de Marzouki et des islamistes pour d’autres, l’enquête exclusive dirigé par le journaliste Bernard de la Villardière, (dont le nom figure dans le fameux livre noir sur la liste des journalistes corrompus par Ben Ali) fera certainement couler beaucoup d’encre pendant une longue période.
Tout comme le film Persépolis, elle risque même d’influencer ou d’orienter les électeurs indécis ou perdus qui ne savent pas encore quel choix ils feront lors de ces élections.
El Hadj Oumar