Tunisie: la mémoire du drapeau national en péril

Alors que la Tunisie célèbre ce lundi le 198ᵉ anniversaire de la création de son drapeau national, symbole fort de souveraineté et d’unité, la date passe presque inaperçue. Pourtant, cet emblème, né en 1827 sous Hussein Bey II, mériterait davantage d’attention, notamment dans les écoles et les médias, garants de la transmission de la mémoire nationale.
La Tunisie célèbre, ce lundi, le 198ᵉ anniversaire de la création de son drapeau national, adopté pour la première fois le 20 octobre 1827 à l’initiative de Hussein Bey II. Symbole fort de l’identité tunisienne et témoin de son histoire, cet emblème rouge frappé d’un croissant et d’une étoile blancs continue d’incarner la souveraineté et l’unité de la nation.
Un devoir de mémoire à l’école et dans les médias
À l’occasion de cette date historique, plusieurs voix appellent à une valorisation accrue de la symbolique du drapeau. Le ministère de l’Éducation aurait pu, estiment certains, inviter les établissements scolaires à consacrer une partie de la journée à la présentation de l’histoire et de la signification du drapeau aux élèves.
Cette initiative aurait permis de sensibiliser les jeunes générations à la portée patriotique de ce symbole, d’autant que le drapeau tunisien a parfois été malmené ou profané, rappelant la nécessité de renforcer le sentiment d’appartenance nationale.
Des atteintes à un emblème sacré
Le souvenir de l’incident survenu en mars 2012 à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba reste encore présent dans les esprits : un drapeau national avait alors été arraché et remplacé par un étendard noir.
Un geste perçu comme une offense à la mémoire collective, qui avait suscité une vague d’indignation à travers tout le pays.
Aujourd’hui encore, le parti Hizb Ettahrir, qui prône le rétablissement du califat, continue de brandir le drapeau noir de Daech lors de rassemblements publics, au mépris de la loi et des symboles de la République.
Un emblème chargé d’histoire
Le drapeau tunisien se distingue par sa couleur rouge évoquant le sang des martyrs tombés pour la patrie. En son centre, un disque blanc symbolise la paix, tandis que le croissant et l’étoile à cinq branches, éléments traditionnels de l’iconographie islamique, rappellent l’appartenance culturelle et religieuse du pays.
Créé en 1827 et officiellement adopté en 1831, le drapeau a continué de flotter sous la colonisation française, incarnant la résistance pacifique et la continuité de la nation tunisienne.
Le 20 mars 1956, il est devenu l’emblème officiel de l’État indépendant, et la Constitution de 1959 a confirmé son statut de symbole national.
Une codification légale et une pérennité républicaine
Le 30 juin 1999, une loi a fixé avec précision les dimensions, les couleurs et les proportions du drapeau, afin d’en préserver l’uniformité et le respect.
Depuis, il demeure le signe distinctif de la République tunisienne, hissé fièrement lors des cérémonies officielles, des compétitions sportives et des manifestations patriotiques.
En ce 198ᵉ anniversaire, le drapeau tunisien n’est pas seulement un morceau d’étoffe. Il est un témoignage vivant de la mémoire collective, un symbole d’unité et de fierté nationale, que les institutions, les écoles et les médias gagneraient à célébrer davantage — pour rappeler à chacun ce qu’il représente : la Tunisie libre, souveraine et indivisible.
À l’heure où certains tentent d’effacer les repères nationaux, le drapeau tunisien rappelle que l’amour de la patrie ne se décrète pas — il se transmet, se respecte et se défend.
B.O
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