Tunisie: L'économie va de l'avant

La croissance tunisienne devrait rester robuste, malgré un léger ralentissement dû à un environnement extérieur défavorable

. Il n'en demeure pas moins que la flambée des prix mondiaux devrait se traduire par une hausse de l'inflation, qui devrait inciter le gouvernement à rester vigilant.

L'économie tunisienne pourrait atteindre 6,1% de croissance cette année malgré la détérioration du contexte économique international, selon Abdelhamid Triki, secrétaire d'Etat auprès du ministre chargé du développement et de la coopération internationale.

Ce résultat présente une légère baisse par rapport aux 6,3% enregistrés l'année dernière, sous l'impulsion de l'augmentation des revenus du tourisme et la hausse des prix des hydrocarbures et des phosphates.

En 2007, 6 millions de touristes ont visité le pays maghrébin, totalisant 2,5 milliards de dollars de revenus.

M. Triki a déclaré que l'économie pouvait "prospérer dans un environnement plus difficile", et s'est déclaré confiant dans le rôle moteur que les investissements étrangers, notamment allemands et japonais, sont appelés à jouer.

L'investissement direct étranger (IDE) devrait s'élever à hauteur de 1,6 milliards de dollars, en hausse par rapports aux 1,5 milliards de dollars enregistrés l'année dernière (soit l'équivalent de 3,5% du PIB).

Le gouvernement s'efforce depuis plus de 20 ans de s'orienter vers une politique favorable aux entreprises afin d'attirer l'IDE.

Ces efforts semblent avoir porté leurs fruits puisque l'année dernière, l'économie tunisienne a été reconnue comme la plus compétitive d'Afrique selon le classement du Forum économique mondial.

Un rapport publié récemment par le Fonds monétaire international fait état d'un léger ralentissement de la croissance tunisienne pour cette année, prévoyant un taux de croissance de 5,7%, dû au fléchissement probable de la croissance en Europe, son principal partenaire commercial.

Un autre facteur constitue l'expiration des quotas de l'Union européenne sur les exportations chinoises de certains produits textiles, qui marque la fin du traitement préférentiel européen dont bénéficiait le secteur, aujourd'hui confronté à la concurrence des prix.

Un autre facteur qui permet d'expliquer le ralentissement de la croissance est la politique monétaire restrictive adoptée par la Tunisie.

En effet, la Banque centrale de Tunisie a augmenté le coefficient des réserves obligatoires pour les banques (une partie des dépôts que les banques doivent déposer auprès de la banque centrale) de 3,5% à 5%, dans le cadre du contrôle du volume de liquidités.

De telles mesures visent à lutter contre les pressions inflationnistes qui après avoir fait plusieurs victimes dans les pays émergeants, ont resurgi.

Si le taux d'inflation de la Tunisie a été ramené à 3,1% en 2007, contre 4,5% en 2006, le FMI prévoit une nouvelle hausse en 2008 à hauteur de 4,7%, suite à l'envolée des prix mondiaux des denrées alimentaires et du pétrole, conjuguée à l'affluence des investissements directs étrangers et à la dépréciation du dinar par rapport à l'euro.

De surcroît, la réalisation de plusieurs grands projets d'investissements est appelée à favoriser la croissance de la demande, ce qui tirerait l'inflation davantage vers le haut en dépit des prévisions, qui anticipent une accalmie des pressions inflationnistes en 2009.

Fin avril, le Premier ministre Mohamed Ghannouchi a déclaré que le gouvernement avait deux objectifs prioritaires : contrôler l'inflation et soutenir le pouvoir d'achat des citoyens.

Oxford Business Group