Une énigmatique rencontre entre Kaïs Saïed et les deux autres présidents : comment la décoder !

  Une énigmatique rencontre entre Kaïs Saïed et les deux autres présidents : comment la décoder !

La vidéo postée par la présidence de la République sur la rencontre, ce vendredi au palais de Carthage, entre le président de la République Kaïs Saïed, le président de l’ARP Rached Ghannouchi et le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh ne dure que moins de quarante secondes. Mais elle mérite d’être décortiquée.

On y voit le président de la République accueillir debout dans l’ordre le chef de l’Assemblée puis le locataire de la Kasbah sans effusion ni poignée de main, la pandémie oblige. Puis on voit le chef de l’Etat assis au milieu s’adresser à ses deux interlocuteurs sans que ceux-ci ne disent le moindre mot.

A l’évidence, l’attitude professorale, Kaïs Saïed n’est pas prêt à la perdre, même en présence des deux hauts responsables de l’Etat. Une manière pour lui de montrer sa prééminence. C’est d’ailleurs l’objectif de cette rencontre.

En effet, dans le texte qui accompagne photos et vidéo on lit que le président de la République a affirmé à cette occasion qu’en cette qualité, il est le symbole de l’unité de l’Etat, le garant de son indépendance et le dépositaire du respect de la Constitution. Un rappel des dispositions de la Loi Fondamentale.

Mais est-ce suffisant pour remettre les pendules à l’heure ? C’est bien sûr utile, si on se fie à la mine plutôt satisfaite du chef de l’Etat à imposer son tempo.

Selon le communiqué de la présidence de la République, la rencontre a été l'occasion d'aborder la situation générale du pays ainsi que plusieurs autres questions portant sur la bonne marche des services publics de l'Etat.

Au cours de cette rencontre, Kais Saied a insisté sur la nécessité d'accélérer le traitement des affaires économiques et sociales et de trouver des solutions aux revendications légitimes des Tunisiens pour l'emploi, la liberté et la dignité nationale, ajoute la même source.

Pas un mot sur le conflit d’intérêts dont est accusé le chef du gouvernement, ni sur les tiraillements partisans au sein de l’ARP ni sur la piètre image que donne la représentation nationale.

A moins que ce ne soit la volonté du président de la République de reprendre la main. Mais de quelle manière et avec quels moyens, motus et bouche cousue. Une énigmatique rencontre peut-on dire. A déchiffrer et à décoder.

Cependant, la communication présidentielle ne peut se contenter d’images et même de paroles auxquelles il faut rechercher des interprétations pour guider un pays empêtré dans les problèmes.

Le pays a besoin de mots clairs et de décisions courageuses, pas d’images furtives et de mots dont on doit rechercher le sens.

RBR

 

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