Youssef Chahed : les promesses irresponsables ont fait le lit des protestations actuelles

Youssef Chahed : les promesses irresponsables ont fait le lit des protestations actuelles

 

Pendant plus d’une heure, le Chef du Gouvernement Youssef Chahed a tenu dans une prestation télévisée de circonstance un discours de vérité, de sincérité, volontariste et anti-désespérance avec un maître mot, la confiance. Pour certains, il s’agit d’un non-événement puisqu’il n’a rien dit de nouveau sinon à répéter que la situation dans laquelle se trouve le pays est difficile et complexe et qu’il faut du temps pour trouver des solutions aux différents problèmes qui se posent. S’il dénonce l’auto-flagellation et le discours négativiste, il refuse de recourir aux promesses irréalisables qui ont fait  selon lui le lit des protestations actuelles. Mais l’homme est solide au poste, s’il dit ne pas tenir à ses fonctions, il a affirmé qu’il n’est pas du genre à se laisser abattre au premier problème qui se pose.

Dans une interview accordée dimanche soir à deux chaînes de télévision, Al Watanyia-1 et Ettounissia ainsi qu’à la chaîne radio Mosaïque FM, Youssef Chahed a tenté de minimiser la portée des protestations qui se déroulent dans plusieurs régions du pays. « Ce sont des mouvements ordinaires en démocratie tant qu’ils ne touchent pas l’outil de production et ne mettent pas en cause l’Etat qui est une ligne rouge infranchissable » a-t-il dit d’emblée. Il a mis en cause les gouvernements précédents pour avoir fait des « promesses non sérieuses et irresponsables », selon lui.

A cet égard, il a affirmé que son gouvernement s’est engagé à ne promettre que ce qu’il peut mettre en œuvre. Il a refusé de fixer une date à sa prochaine visite à Tataouine mais il a annoncé qu’il envisage de faire une tournée dans plusieurs régions du pays. Il a néanmoins affirmé qu’il ne présentera, au cours de ses visites que « des mesures effectives et des décisions réalisables ». « Il nous faut changer de méthodologie, car ce que les protestataires demandent c’est la mise en application de décisions déjà prises mais qui sont irréalisables ». Le Chef du gouvernement a stigmatisé le discours d’auto-flagellation, de désespérance et de frustration véhiculé par une partie de la classe politique et les réseaux sociaux estimant qu’il est indispensable de changer ce discours et appelant les partis de l’opposition à présenter des alternatives à la politique du gouvernement et non de se contenter de s’opposer au pouvoir en place sans arguments ni vision de rechange. S’agissant des partis de la coalition gouvernementale, il a regretté qu’ils ne fassent pas assez en matière d’encadrement politique et social.

Même s’il considère que la période de sept mois depuis son investiture à la tête du gouvernement est courte, il a indiqué que des indices sont perceptibles en matière de développement économique, lesquels permettent de tabler sur une croissance au taux de 2,5% en 2017, un taux qui s’élève à 3% selon la Banque Mondiale. Parmi ces indices, il a cité la reprise de la production des phosphates à un niveau satisfaisant, un frémissement au niveau du secteur touristique qui permet de fixer les rentrées des visiteurs à 6,5 millions et une bonne récolte agricole. Il a prévenu toutefois que cette croissance reste fragile et qu’il ne suffit de rien pour que tout soit remis en cause.

Youssef Chahed a souligné ensuite que son gouvernement a eu l’audace d’engager des réformes profondes telles que celle des caisses sociales, celle de des effectifs de l’administration et celle des banques publiques. Ainsi il a signalé qu’une commission tripartite gouvernement-UGTT-UTICA qui a entamé les négociations pour la réforme des caisses sociales remettra son projet à la fin du mois de juin prochain.

Concernant la mission du Fonds monétaire international qui vient de visiter la Tunisie, il s’est dit confiant quant au déblocage des tranches du prêt accordé à la Tunisie par cette institution dont notre pays est membre depuis des décennies.

Pour ce qui concerne la lutte contre la corruption, le Chef du gouvernement a indiqué que des centaines de dossiers ont été transmis à la justice et que les têtes de gros bonnets de la contrebande vont tomber. A ce sujet, il a souligné parmi les mesures devant servir la lutte anticorruption le renforcement de l’arsenal juridique et l’extension des prérogatives de l’Instance de lutte contre la corruption qui sera aussi puissante que son homologue italienne. « J’ai l’intention et la volonté inébranlables de combattre la corruption et les malversations » a-t-il déclaré. Il n’a pas caché qu’il y a dans le pays une véritable mafia et que la corruption a atteint les piliers de l’Etat.

Interrogé sur la révocation du ministre de l’Education réclamée par les syndicats, il a affirmé que la nomination comme la révocation des ministres figurent parmi les attributions du Chef du Gouvernement et qu’il n’accepte les pressions sur ce plan d’aucune partie.

Enfin, Youssef Chahed a appelé les Tunisiens à sortir de la logique négativiste et à s’armer de volonté, de détermination et de confiance en leur capacité à changer les choses, soulignant que la responsabilité de sortir de la situation difficile et complexe dans laquelle le pays se débat est partagée par tous, pouvoirs publics, partis politiques et société civile. « Prenez soin de la Tunisie » a-t-il dit pour clore l’interview enregistrée au siège de la Télévision nationale et conduite par Zina Khemiri(el Wataniya 1), Myriam Belkadhi( Ettounissia) et Boubaker Ben Akacha(Mosaïque FM).

RBR

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