Camps de réfugiés : Angela Merkel va revenir à la charge

Camps de réfugiés : Angela Merkel va revenir à la charge

 

La chancelière allemande Angela Merkel effectue à partir de ce vendredi 3 mars une visite officielle en Tunisie à l’invitation du président de la République Béji Caid Essebsi. Elle sera accompagnée, lors de cette visite, d’une délégation de haut niveau dont le ministre de la Coopération économique et du Développement, du secrétaire d’Etat à l’Economie et à l’Energie ainsi que nombre de chefs de grandes entreprises allemandes. Outre des entretiens avec le chef de l’Etat et le chef du gouvernement elle va, également, prononcer un discours devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors d’une séance plénière extraordinaire, vendredi après midi.

Même si cette visite revêt un caractère économique, le volet sécuritaire et migratoire sera au centre de ses rencontres à Tunis. Venant du Caire où elle s’est entretenue avec le président égyptien Abdelfettah Al Sissi sur « la stabilisation de la Libye et la migration clandestine », elle va insister sur ces deux points avec ces deux points avec le président Béji Caid Essebsi.

Lors de sa visite le 14 février à Berlin, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait opposé une fin de non recevoir  à la proposition allemande soutenue par l’Union européenne, d’installer en  Tunisie des camps de migrants où leurs demandes d’asile en Europe seraient traitées. Cette idée a été approuvée lors du sommet de Malte  le 3 février dernier,  pour endiguer cette « route centrale » de migration  comme l’avait été la « route orientale » à la suite de l’accord signé en mars 2016 entre Européens et Turcs. L’idée de l’installation de ces camps en Libye même a été écartée en raison du climat d’insécurité, alors que l’Algérie a opposé un « niet » catégorique. Prenant comme alibi le cas du ressortissant tunisien Anis Amri l’auteur de l’attentat contre le marché de Noel à Berlin le 19 décembre 2016 et qui fait une douzaine de morts et près d’une cinquantaine de blessés, les autorités allemandes ont mis la pression sur Tunis pour  collaborer plus étroitement sur cette question, en faisant miroiter des aides substantielles, mais, également, en brandissant des menaces de coupures de soutiens. Et même si Youssef Chahed a réussi, tant bien que mal, à déminer cette controverse, Angela Merkel  ne désespère pas de convaincre les autorités tunisiennes d’accepter la proposition européenne.

Le « partenariat pour la mobilité » discuté entre Tunis et Bruxelles permettrait d’élargir les prérogatives des Européens en matière d’expulsions. Un de ses articles accorderait ainsi la possibilité aux Etats européens de délivrer un « document de voyage de l’UE » – nécessaire à l’expulsion – aux Tunisiens irréguliers en cas de défaillance des autorités consulaires tunisiennes. Une telle mesure est considérée comme une violation de la souveraineté nationale et ouvrirait la voie à des immigrants clandestins d’autres nationalités d’être refoulés en Tunisie.

Il est à rappeler  que les refoulements des ressortissants tunisiens en situation irrégulière en Allemagne ont déjà commencé. Sur les qualque1.500, 116 ont été refoulés en 2016 dans des vols charters en direction de l’aéroport d’Enfidha, à raison d’un vol par mois.

Dans son interview de dimanche dernier, le chef du gouvernement Youssef Chahed a encore une fois écarté cette idée d’installation de camps de réfugiés en Tunisie. En même temps, des ONG tunisiennes dénoncent, dans un communiqué publié le 22 février, « les pressions intolérables » exercées sur la Tunisie de la part de l'Italie et de l'Allemagne » pour accepter d’être un grand centre de réfugiés. « Les Européens profitent que la Tunisie est à genoux économiquement, demandeuse d’aide extérieure, pour obtenir l’externalisation de la crise migratoire sur le sol tunisien », s'insurge une défenseur des droits de l'homme.

B.O

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