De l'usurpation du drapeau destiné au président de la République

De l'usurpation du drapeau destiné au président de la République

 

La photo du secrétaire général de « Mashrou3 Tounes », Mohsen Marzouk posant avec derrière lui le drapeau tunisien destiné au président de la République, a suscité plusieurs réactions pour la plupart répréhensibles. Or, Marzouk n’est pas le seul à avoir « usurpé » ce drapeau, d’autres avant lui l’ont fait par insouciance ou  à bon escient. Mais quand cette forme « d’usurpation » est commise par un homme politique,  elle est condamnable.

Le drapeau tunisien a été défini dans l’article 4 la Constitution de 1959 comme suit : « Le drapeau de la République Tunisienne est rouge, il comporte, dans les conditions définies par la loi, en son milieu, un cercle blanc où figure une étoile à cinq branches entourée d'un croissant rouge ». Le texte est légèrement remanié dans l’article 4 de la Constitution du 27 janvier 2014 en ces termes : « Le drapeau de la République tunisienne est rouge, en son milieu se trouve un disque blanc où figure une étoile rouge à cinq branches entourée d’un croissant rouge tel que prévu par la loi. »

Mais ce n’est que le 30 juin 1999 que ses proportions et ses motifs ont été clairement précisés par la  loi organique n°99-56 du 30 juin 1999 relative au drapeau de la république tunisienne. Elle précise dans son article 4 que « sur le drapeau destiné au président de la République est inscrite en caractères dorés l’expression « pour la patrie » (للوطن). Le drapeau est attaché à une lance à pointe dorée sur laquelle sont gravés le disque, l’étoile et le croissant et sur laquelle est fixé un lacet où figure un petit drapeau ».

Après le 14 janvier 2011, le drapeau national a été tant de fois malmené et souillé. Il a même été retiré et remplacé par l’étendard noir de Daesh. L’incident de la faculté des lettres de Mannouba en mars 2012 quand un salafiste  l’a retiré du mât pour accrocher à sa place la bannière noire des salafistes est resté célèbre, la jeune étudiante Khaloula Rachidi s’est opposée à lui en l'empêchant de commettre cet outrage. Cette même bannière a été accrochée, le même mois, au sommet de la montre de l’avenue Habib Bourguiba dans ce qui a été appelée «  l’incursion de la montre » (ghazoua el moungala). Le parti « Ettahrir », reconnu, a toujours brandi cette bananière noir lors de ses manifestations au vu et au su des autorités. Pourtant l’article 129 du Code pénal punit l’outrage fait « publiquement, par paroles, écrits, gestes ou de toute autre manière au drapeau tunisien ». C’est ainsi qu’un jeune a été condamné en février 2016 à cinq ans de prison pour avoir souillé le drapeau national.

Pour l’histoire, le drapeau tunisien dans sa forme et sa conception actuelles a été créé le 20 octobre 1827 par Hussein II Bey et il est devenu effectif en 1830.

B.O

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