Du Printemps Arabe au Printemps Populiste : Une filiation bien établie !

 Du Printemps Arabe au Printemps Populiste : Une filiation bien établie !

Selon une étude empirique pionnière menée par une équipe internationale d’universitaires en 2019, il s'avère que le nombre de dirigeants tenant des discours populistes c'est multiplié par deux durant ces deux dernières décennies et qu’un Terrien sur quatre vit maintenant en régime plus ou moins populiste.

 I - Mais de quoi parle-t-on exactement ? 

Contrairement aux idées reçues, les premiers procédés argumentaires fallacieux du discours populiste ont fait leur éruption  depuis l’ère hellénique sous l'impulsion de l'école « sophiste », avant d’en  connaître - en Russie et aux USA au milieu du 19ème siècle - une reconnaissance politico-institutionnelle en tant  que courant politique á part entière avec son propre lexique et ses propres icônes !

Sur le plan conceptuel, ce  mouvement pseudo-doctrinal se nourrit constamment de quatre vecteurs à caractère cumulatifs :

-  Une approche manichéenne d'essence ecclésiastique qui apprécie le fait politique selon les dogmes  du bien et du mal, des anges et des démons, sans nuances et sans état intermédiaire ! 

-   L'émergence d’élites politiques en état d’infraction caractérisé de banqueroute !

- Une mondialisation hasardeuse et percutante évoluant dans un océan d'incertitude et d’agitation de forte amplitude !

- Et enfin une « facebookisation » prémiditée et globale de la sphère politique régionale et internationale où le simple internaute joue, désormais, les rôles d’homme-peuple, d’homme-juge et d’homme-gendarme avec toutes les dérives qu’on pourrait imaginer !

En toile de fond, le populisme prône une rhétorique simpliste mais séduisante axée sur la sacralisation du « peuple » et la diabolisation des « élites », il vise les strates les plus opaques et instinctives du « Ça » Freudien enfouit à l’intérieur de chacun de nous, tout en créant, par effet d'imitation, une galaxie satellitaire immense de petits prétendants populistes!

II / Que se passe-t-il sous nos cieux ?

En effet, la réponse á cette interrogation embarrassante passe inéluctablement par un erratum á multiple facettes :

1-Le processus de « Tunisification » du populisme ne date pas des élections de 2019, du coup, il n'est pas étroitement lié à l’avènement de Kais Saïd au palais de Carthage, bien qu'il incarne  parfaitement ce mouvement !

2-Ce processus tient á l'alchimie même des secousses  sismiques du 14 janvier 2011, bien traduites par un déferlement humain protestataire légitime sans baliseurs ni commandants de bord, piloté á distance par des think-tanks et des plateformes médiatiques puissantes á multiples tremplins internes et externes !

3-En l’absence d’une véritable élite politique post-14 janvier 2011, capable de répondre aux besoins basiques des tunisiens, le populisme « made in Tunisia », continue à prospérer par la mise au point d’une nouvelle équation populiste opposant, cette fois-ci,  des cyber-citoyens á visage caché face á une pseudo-élite, composée d'un épicentre baptisé : «  le peuple veut » et des stations périphériques, parsemées de courants politiques  de droite et de gauche, gravitant tout autour !

Sans le moindre doute, le passage d'un printemps arabe á un printemps populiste - il s’agit de deux faces de la même médaille - facilitera le  décryptage de l’atterrissage forcé et périlleux du 14 janvier 2011 !

Et la guerre intra-populistes est à peine commencé !

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