Fadhel Abdelkefi aux Européens : Nous ne voulons pas des dons, mais des investissements

Fadhel Abdelkefi aux Européens : Nous ne voulons pas des dons, mais des investissements

Pour convaincre les investisseurs de revenir en Tunisie, le ministre du Développement Mohamed Fadhel Abdelkefi fait la tournée des capitales européennes dont notamment Paris.

Partout où il va, il martèle le même message : « nous ne voulons pas des dons, mais des investissements ». Pour financer un plan de développement ambitieux étalé jusqu’en 2020, le nouveau gouvernement tunisien cherche 60 milliards de dollars. C’est à peu près dix fois plus que ce que le pays a reçu en investissements directs au cours des 5 dernières années.

Depuis la révolution de 2011, précise le site « RFI »assure le site de RFI, l’économie tunisienne se vide de sa substance, 2000 entreprises ont disparu, dont un quart dirigé par des étrangers. Il y a urgence aujourd’hui à redresser la barre. Les Tunisiens sont épuisés, les attentats de Sousse et du Bardo ont plombé la reprise, la croissance cette année n’est que de 1,5 %. Le chômage touche toujours 15 % de la population active.

Les milieux d’affaires estiment qu’il y a depuis 6 mois une vraie reprise en main de la sécurité. Mais d’après eux l’insécurité est un faux problème, la Tunisie, disent-ils, n’est pas l’Irak ou la Syrie. Ils constatent d’ailleurs que le traumatisme causé par les attentats n’a pas tellement affecté les entreprises présentes. Y compris dans le secteur du tourisme.

Le groupe Accor hotels tout comme le Nord-Américain Four Seasons ont maintenu leurs projets dans l’hôtellerie haut de gamme. Ce qui a fait fuir les investisseurs, c’est plutôt la rigidité de l’économie, l’excès de ses règlements. Mohamed Fadhel Abdelkefi qui était auparavant gérant de fonds connaît bien leurs attentes, il insiste donc sur les réformes engagées par son pays pour le rendre plus accueillant. Un nouveau code de l’investissement allégeant les contraintes a été voté et un guichet unique a été créé pour faciliter les démarches des entrepreneurs étrangers.

La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie à travers les 1 300 entreprises installées sur place. Leurs dirigeants sont plutôt satisfaits du tournant actuel. « C’est bien, commente Alexandre Ratle, président du comité tunisien des conseillers du commerce extérieur de la France, mais il faut maintenant du concret ». Car l’économie tunisienne est encore complètement verrouillée. Les étrangers sont les bienvenus pour délocaliser, c’est-à-dire fabriquer en Tunisie et réexporter, mais ils demeurent exclus du marché intérieur ; les services sont entièrement réservés aux Tunisiens.

 « L’ouverture de la distribution aux étrangers serait un symbole fort, poursuit Alexandre Ratle, pour les investisseurs comme pour les Tunisiens ». Ce secteur juteux fait partie de l’économie de rente créée au temps de la dictature. Il continue à prospérer, à l’abri de la concurrence internationale. La Tunisie doit aujourd’hui créer l’environnement susceptible d’attirer des grands investissements industriels français, espère-t-il. Comme a su le faire le Maroc ces dernières années.

Des secteurs qui nécessitent de la main-d’œuvre qualifiée comme le numérique, l’économie verte pour donner un travail, un avenir à tous les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. Ils constituent la moitié des sans-emploi de la Tunisie. Le gouvernement cherche aussi à se doter des infrastructures qui font tant défaut. Des routes, des chemins de fer... tout ce qui désenclavera le pays.

Pour développer l’intérieur où subsistent des poches d’extrême pauvreté. Mais aussi pour améliorer le commerce avec le reste du monde. Le principal port, le complexe de Radès, par où transite l’essentiel des marchandises, est aussi l’un des plus anciens, il est aujourd’hui totalement congestionné.

 

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