France, législatives 2017 : lecture des résultats

France, législatives 2017 :  lecture des résultats

 

« Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c'est le citoyen qui fait la république. » Georges Bernanos

Quarante-sept millions d’électeurs étaient appelés à voter pour élire leur député, dimanche 18 juin, dans un contexte d’abstention record. La République en marche (LRM), le mouvement du président Emmanuel Macron, obtient la majorité absolue avec 308 sièges.

Les résultats

 Un raz-de-marée, certes, mais moins ravageur qu’escompté. La majorité présidentielle obtiendrait 350 sièges (308 pour LRM, 42 pour le MoDem). C’est moins que les premières estimations qui avaient été communiquées après le premier tour, le 11 juin. Le scrutin a été marqué par une forte abstention, à 57,4 %.  

Sur les 7 882 candidats de la semaine précédente, 1 146 étaient toujours en lice. Quatre députés seulement ont été élus dès le premier tour, conséquence de la forte abstention.

L’abstention record

Un élément vient nuancer cette victoire : l’abstention. Celle-ci a atteint, dimanche, un nouveau record : 57,4 % des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Il s’agit clairement d’un « succès terni ». Depuis 1958, jamais des législatives n’avaient si peu attiré les électeurs. Ce sont ainsi 20.167.432 électeurs qui sont allés glisser un bulletin dans l'urne, sur 47.292.967 inscrits. “Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c'est le citoyen qui fait la république.”  Georges Bernanos

Le renouvellement en marche

L’Assemblée nationale profondément renouvelée. 420 nouveaux élus font leur entrée à l’Assemblée. Des candidats ne viennent pas du sérail politique. Chefs d'entreprise, agents immobiliers, marins, enseignants... De nouveaux profils se portent candidats, avec la conviction qu'ils peuvent apporter leur expertise professionnelle à la nouvelle Assemblée.

L’Assemblée la plus féminine jamais élue

223 femmes ont été élues députées dans la nouvelle Assemblée nationale. Elles étaient 155 sous la précédente législature. Dans le détail, les femmes représentent 38,65 % des élus du Palais-Bourbon. La République en marche compte la part la plus importante de femmes dans ses rangs avec 47 % d’élues, devant le MoDem (46 %) et la France Insoumise (41 %). Le Parti socialiste compte 38 % d’élues, le Front national 25 %, Les Républicains 23 % (contre 14 % en 2012), le PCF 20 % et l’UDI 17 %.  Les trois représentants du Parti radical de gauche de la nouvelle Assemblée sont des femmes.

Les socialistes subissent une défaite sans précédent

Après cinq ans au pouvoir et une politique libérale, le PS enregistre une très lourde sanction dans les urnes. Le premier secrétaire national, Jean-Christophe Cambadélis, a annoncé sa démission.

Officiellement en miettes, le PS ne peut désormais qu'espérer entrer dans une période de convalescence. La présidentielle, puis ces élections législatives se seront révélées d'une violence inouïe pour cet ancien parti dominant à gauche depuis 1981. Au pouvoir pendant cinq ans, majoritaires à l'Assemblée nationale, les socialistes ont subi dans les urnes une cinglante punition. D'un peu moins de 300 en 2012, le nombre de députés PS a été divisé par dix. Seuls 29 candidats ont été élus, de quoi former un groupe avec quelques alliés du Parti radical de gauche. Mais le PS court à sa mort s’il ne clarifie pas sa position avec les Macrons compatibles qui ont cherché le label LREM pour cette élection et qui vont voter la confiance au gouvernement.

Les «insoumis» font leur entrée à l'Assemblée nationale

Après une campagne difficile, désavantagés par le scrutin majoritaire, les candidats soutenus par Mélenchon peuvent constituer un groupe au Palais Bourbon.

«Je me réjouis de voir tant de jeunes hommes et de jeunes femmes devenir vos porte-parole, la jeune génération est là, le combat est assuré», s'est félicité Jean-Luc Mélenchon.

Il avait peur de devoir dépendre des députés communistes pour pouvoir constituer son groupe parlementaire. Jean-Luc Mélenchon est au moins soulagé sur ce point: avec 17 élus estampillés La France insoumise, l'ex-candidat à la présidentielle a atteint le seuil requis (15 sièges) pour former un groupe autonome. Le mouvement ne parvient pas pour l’instant  à dépasser le PS en attendant la clarification au sein de ce parti pour voir quels sont les députés qui ne siégeront plus au sein de son groupe et qui vont rallier Macron. Ainsi  le rêve de Jean-Luc Mélenchon, pourrait se réaliser et  «remplacer» le parti du poing et de la rose.

François Ruffin  élu de la France Insoumise avait raison de déclarer «Lorsqu'un homme seul rêve, ce n'est qu'un rêve. Mais si beaucoup d'hommes rêvent ensemble, c'est le début d'une nouvelle réalité». Le réalisateur du film « Merci patron »  a promis de se payer au smic, de permettre à ses électeurs de le révoquer en plein mandat et de faire gérer sa réserve parlementaire – si elle survit à la loi de la moralisation de la vie publique – par un jury populaire. Pour cet élu, la fonction de député doit s'inscrire dans le prolongement de celle de « reporter militant » ; il s'agit, dans les deux cas, de placer les injustices sur le devant de la scène, et « de rendre concrète.

Un revers historique pour Les Républicains

En dépit de la résistance de plusieurs personnalités, notamment à Paris, la droite se retrouve à un niveau qu'elle n'avait jamais connu sous la Ve République.

Avec 130 sièges, les Républicains, l'UDI et les divers droite, contre 199 élus LR en 2012, la droite et le centre restent la première force d'opposition à l'Assemblée nationale. Un soulagement pour Les Républicains, alors que certains sondages prévoyaient, après le premier tour, un groupe de moins de 100 élus. Pour autant, avec ce plus mauvais résultat de la Ve République, la droite voit son influence fortement diminuer.

Sans leader incontesté désormais, Les Républicains ont vu trois de leurs ténors quitter le devant de la scène en l'espace de quelques mois: Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et François Fillon. Mais avec eux, c'est aussi toute une génération qui tourne la page. Tous les députés doivent choisir dans quel groupe ils siégeront dans l'Hémicycle. Les «constructifs» seront-ils rattachés aux Républicains? Ou créeront-ils un autre groupe?

Le Front national retrouve quelques couleurs

Après les désillusions de la présidentielle, le parti comptera huit députés à l'Assemblée, dont sa présidente, Marine Le Pen, élue à Hénin-Beaumont. Le FN échoue cependant à constituer un groupe parlementaire de 15 députés.

Europe Ecologie disparait de l’assemblée

Europe Écologie-Les Verts disparaît pratiquement de l'Assemblée, avec un seul élu (Éric Alauzet, Doubs). Ainsi l’écologie politique est portée aujourd’hui par la France Insoumise et son programme l’Avenir en Commun.

Des nationalistes corses à l’assemblée

Ce scrutin est également marqué par une première en Corse : l'élection de trois députés nationalistes, Michel Catellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani.

La démocratie est fragile comme la dictature. Espérons que l’assemblée ne sera pas une assemblée godillot et une caisse enregistreuse aux ordres du Président et de son gouvernement. Espérons que derrière les discours de revitalisation, il n’y a pas la tentation de tout contrôler. Un député dans une démocratie vivante c’est celui qui fait remonter la diversité du pays. Ce n’est pas l’attaché de presse d’un président de la république! Tout pouvoir absolu est un danger.

L’abstention est le premier parti de France. Les Français n’ont pas donné une carte blanche au nouveau président.  Dès lors le gouvernement ne peut pas faire comme si la victoire était exceptionnelle. Il se doit d’être humble et méthodique pour ne pas être vite bousculé par la rue.

A.Klai

 

 

Votre commentaire