Irak : le Premier ministre Adel Abdel Mahdi annonce sa démission

Irak : le Premier ministre Adel Abdel Mahdi annonce sa démission

 

Après deux mois de contestation violemment réprimée le premier ministre irakien, Adel Abdel Mahdi, un indépendant sans base partisane ni populaire, a annoncé, vendredi 29 novembre, qu’il allait démissionner, comme l’avait réclamé un peu plus tôt le grand ayatollah Ali Al-Sistani, figure tutélaire de la politique en Irak.

Sur la place Tahrir de Bagdad, épicentre de la contestation dans la capitale, les jeunes manifestants ont abandonné les pierres qu’ils jetaient sur les forces de l’ordre pour se mettre à danser à l’annonce de M. Abdel Mahdi.

« C’est notre première victoire, et on en aura encore plus face aux autres » politiciens, que les manifestants jugent corrompus, incompétents et affiliés aux puissances influentes en Irak, en tête desquelles l’Iran, a lancé l’un d’eux à l’Agence France-Presse (AFP) au milieu des chants nationalistes diffusés par les conducteurs de tuk-tuk, ces petits véhicules à trois roues devenues les ambulances de fortune de la révolte. «

C’est une étape majeure, même si elle a tardé et que nous avons vécu des journées très sanglantes », a renchéri Ali Hussein, étudiant de 20 ans qui manifeste à Nassiriya, alors que plus de quatre cents Irakiens sont morts depuis le 1er octobre et des milliers d’autres blessés, dont beaucoup resteront handicapés toute leur vie, selon un bilan dressé par l’AFP de sources médicales et policières.

Peu avant l’annonce de la démission du premier ministre, l’ayatollah Ali Al-Sistani, le plus haut dignitaire chiite du pays, avait appelé le Parlement, dans son sermon du vendredi, à retirer sa confiance au gouvernement. Et ce afin d’éviter le « chaos » et plus de morts, au lendemain d’une des journées les plus sanglantes de la contestation.

Vénéré par des millions de chiites dans le monde, l’ayatollah Ali Al-Sistani reste, à 89 ans, la seule autorité du pays à n’être pas encore totalement délégitimée aux yeux des manifestants. Dès la première semaine de la contestation, il avait appelé la classe politique à des réformes. Réagissant à l’annonce des premières victimes de la répression meurtrière, il avait exhorté le gouvernement à respecter la « sainteté » du sang irakien, avant d’appeler à poursuivre la contestation jusqu’à obtenir justice.

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