ITES : Le niveau de vie du Tunisien s’est détérioré de 40% depuis 2014

     ITES : Le niveau de vie du Tunisien s’est détérioré de 40% depuis 2014

 

Le niveau de vie du Tunisien s’est détérioré de 40%, à cause de la dépréciation du dinar qui a perdu, depuis 2014, 60% de sa valeur.

Cette détérioration est également due à une inflation galopante qui a atteint 7,4 %, en octobre 2018, et dont la plupart est importée, ainsi qu’au renchérissement des prix de l’énergie, a indiqué, mercredi, à Tunis, Néji Jalloul, directeur général de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES).

73% des Tunisiens ont des dépenses annuelles qui varient entre 750 d et 4500 D, selon l’Institut National de la Consommation (INC).

En juin 2018, l’encours des crédits des ménages pour faire face à de nouveaux besoins a augmenté de 117% entre décembre 2010 et juin 2018, soit un total de 23,3 milliards de dinars. Intervenant lors d’une conférence sur le thème “indice des prix et son impact sur le pouvoir d’achat”, Jalloul a précisé que tous ces facteurs ont un impact sur le niveau de vie du citoyen, notamment celui appartenant à la classe moyenne et celle pauvre.

“Nous comptons aujourd’hui près de 1 million 700 milles pauvres en Tunisie, avec un approfondissement des écarts entre les catégories sociales”, a encore déclaré le premier responsable de l’ITES. Ainsi, près de 60% des familles tunisiennes sont surendettées, sachant que 50 % des crédits bancaires accordés sont destinés à la consommation, et ce en l’absence de l’épargne familiale.

Le niveau des salaires en Tunisie est le plus faibles en Méditerranée. Il est 8 fois moins que celui enregistré en Europe de Sud.

Selon une étude de l’ITES sur l’évolution des prix de certains produits de consommation d’un ménage moyen, l’indice des prix 2018 (base 2015), pour les cahiers est de +354,5%, celui des pois-chiches de +280,4%, et celui des légumes-poivron piquant de +232,4%.

D’après le directeur de l’ITES, pour maîtriser l’inflation galopante, il faut promouvoir l’investissement et l’épargne et intervenir sur le marché de change pour améliorer la valeur de la monnaie locale. “Un pacte social entre les syndicats, le gouvernement et les organisations professionnelles de l’Etat devrait avoir lieu, d’autant plus que la paix sociale est une condition primordiale pour la réussite de la transition démocratique”, a-t-il conclu

Pour sa part, Tarek Ben Jazia, directeur général de l’INC, a souligné l’impératif de l’intervention de l’Etat pour sauver la détérioration du pourvoir d’achat du consommateur à travers des politiques générales et sectorielles, basées sur l’amélioration de la qualité des services de la santé, du transport et de l’éducation.

“Il s’agit également de contrôler les circuits de distribution et de les organiser, notamment au niveau du marché du gros, en éliminant les commissionnaires qui contribuent à l’augmentation des prix et de renforcer les structures de contrôle (pour 500 000 points de vente, seulement 350 contrôleurs)”, a déclaré le responsable.

En matière de politique salariale, Ben Jazia a indiqué que l’amélioration du pouvoir d’achat du Tunisien ne peut pas être obligatoirement à travers les augmentations salariales, sauf si celles-ci sont accompagnées par une hausse de la productivité et de la production. Le responsable s’est dit, par ailleurs, contre ces négociations de court terme (chaque année), proposant de s’inspirer de l’expérience allemande, ou les négociations sociales se font au niveau de chaque entreprise publique ou privée, selon ses moyens et ses besoins.

S’agissant de la politique fiscale, il a appelé à alléger la pression fiscale sur les salariés, d’autant plus que 60% des contribuables touchent des salaires annuels oscillant entre 5000d et 20 000d, alors que seulement 10% des redevables ont un salaire supérieur à 20 mille dinars par an.

Le député à l’ARP et membre de la Commission parlementaire des Finances, Houssem Bounini, a mis l’accent sur l’importance d’engager de grandes réformes pour corriger cette détérioration du pouvoir d’achat du consommateur. Il a fait remarquer que les conséquences des augmentations salariales sur le pouvoir d’achat ne seront perceptibles qu’à court terme, car les prix sur les marchés vont suivre certainement cette tendance haussière des salaires.

Votre commentaire