La Tunisie sur les pas du Liban, un parcours désastreux

La Tunisie sur les pas du Liban, un parcours désastreux

 

Si la Tunisie a précédé le Liban dans sa révolution dont les prémices se mettent en place les uns après les autres, c’est sur les pas du pays du cèdre que notre pays marche avec les conséquences catastrophiques que cela peut comporter.

Certes la Tunisie n’a aucune des spécificités ethniques, confessionnelles ou religieuses du Liban, car nous sommes un pays uni, harmonieux et homogène. Mais cela n’est que de façade, car les disparités régionales, parfois d’essence tribale de même que les déséquilibres entre une côte prospère et un arrière-pays encore sous développé sont autant de risques pour que cette homogénéité ne se disloque, conduisant à des conflits qui n’ont rien à envier à ceux qui mettent aux prises les différentes composantes de la société libanaise.

Ce qui rapproche les deux pays ce n’est pas leur appartenance à la civilisation phénicienne, cela est du passé qui ne revient plus, mais surtout d’avoir choisi un système politique qui partage le pouvoir entre plusieurs têtes de sorte qu’il y a trop de personnes à l’assumer sans que personne n’en soit comptable.

La notion des trois présidences là-bas pourvues sur une base confessionnelle, ici accordées sur la base d’élections qui ne donnent la majorité à aucun parti est d’ailleurs l’un des aspects négatifs que les deux pays partagent.

La dissolution du pouvoir qui est la conséquence d’un partage des responsabilités conduit inévitablement à des quotas confessionnels au Liban, partisans ici qui ne peuvent que favoriser le clientélisme, le favoritisme et le népotisme. Avec évidemment à la clé une expansion de la corruption qui gangrène la société dans son ensemble, l’Etat en tête.

On ne peut espérer dans ces conditions ni investissement, ni création d’emploi, ni ouverture d’horizons devant une jeunesse nombreuse et avide de mieux-être. C’est la pauvreté qui se développe inexorablement, la misère qui s’installe et l’émigration avec son lot de problèmes et de risques qui devient la seule perspective envisageable.

Les deux pays vivent d’ailleurs les mêmes drames et rien ne pointe à l’horizon pour éviter que la situation ne s’envenime davantage là-bas comme ici. Le drame que vit Beyrouth suite à l'explosion ayant secoué son Port, peut très bien survenir en Tunisie qu'à Dieu ne plaise.Cela n'arrive pas qu'aux autres dans la mesure où les mêmes causes produisent les mêmes effets.

La Tunisie sur les pas du Liban, la perspective n’est vraiment pas encourageante, elle est même dramatique. Il nous faut, nous Tunisiens, tirer des leçons de l’expérience libanaise.

En présentant lundi soir la démission de son gouvernement le premier ministre libanais Hassan Diab a déclaré : « Le système de corruption s’est étendu au sein de l’Etat. Je me suis rendu compte que ce système est plus grand que l’Etat qui, les mains liées, n’a pas réussi à le combattre. ».

Une phrase qui doit siffler aux oreilles de nos gouvernants. Car chez nous aussi la corruption risque devenir un système plus grand que l’Etat. Prenons garde à ne pas en arriver-là.

RBR

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