Le Collectif contre l’islamophobie en France préfère l'autodissolution à la dissolution

Le Collectif contre l’islamophobie en France préfère l'autodissolution à la dissolution

 
 L'association spécialisée dans l’aide juridique aux musulmans victimes de discriminations, dans le viseur des autorités, a annoncé ce vendredi qu'elle «n’existe plus en tant que structure».
 
Face à la menace de dissolution, l’autodissolution. C’est ce qu’a annoncé,le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Dans un «communiqué final», l’association spécialisée dans l’aide juridique aux musulmans victimes de discriminations, dans le viseur des autorités qui l’accusent de propager l’islamisme radical, explique que désormais, elle «n’existe plus en tant que structure» : le conseil d’administration du CCIF en «a prononcé, le 29 octobre dernier, la dissolution volontaire». Ses seules actions en cours, indique-t-il, sont «liées à la procédure de liquidation» et ses actifs «ont été transférés à des associations partenaires qui se chargeront de prendre le relais de la lutte contre l’islamophobie à l’échelle européenne».

Au lendemain de l’assassinat terroriste de Samuel Paty, enseignant au collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé sa volonté de dissoudre le CCIF, le qualifiant d’«officine islamiste contre la République» et provoquant de vives réactions. Un mois plus tard, le 19 novembre, le locataire de la Place Beauvau indiquait sur Twitter avoir envoyé une notification en ce sens à l’association qui avait huit jours pour faire valoir ses observations. Mais dans l’intervalle, le 26 octobre, le CCIF avait annoncé sa décision d’«internationaliser» ses activités pour, expliquait-il, se protéger contre «toute tentative d’intimidation et de déstabilisation», et avoir «activé un plan d’ampleur permettant de déployer une large partie de [ses] activités à l’étranger». Ces dernières semaines, il s’était surtout employé à contre-argumenter face aux motifs invoqués par le ministère, basés selon lui sur des «éléments infondés, biaisés et mensongers».

Cette annonce surprise coupe-t-elle l’herbe sous le pied de l’exécutif ? Pour Me Sefen Guez Guez, l’un des avocats de l’association joint par Libération, dès lors que le CCIF n’existe plus, «il n’y a pas de dissolution administrative qui puisse intervenir». Ce qui, techniquement, lui permettrait d’éviter d’éventuelles poursuites pour reconstitution de groupe dissous, un risque existant même dans le cas d’une installation à l’étranger, indique par ailleurs un juriste consulté par Libération. La Place Beauvau, elle, n’est pas de cet avis : «Juridiquement cela ne change rien, la procédure se poursuit», nous indique-t-on au ministère. Quant au CCIF, qui annonce vendredi qu’il fermera ses «outils de communication» dans moins de 24 heures, il indique qu’il proposera à ses adhérents et soutiens de «prendre attache avec [ses] associations partenaires» pour «suivre et soutenir la lutte contre l’islamophobie».

Votre commentaire