Le gouvernement a-t-il une stratégie de communication ?

Le gouvernement a-t-il une stratégie de communication ?

 

Depuis, l’annonce par Habib Essid des 120 priorités de son gouvernement pour les cent premiers jours, on voit, depuis un certain temps, des ministres défiler devant une pléiade de journalistes, pour vulgariser les mesures prises par leur département. Dans un cadre stéréotypé, figé et statique. Exercice difficile que certains d’entre eux ont réussi tant bien que mal, d’autres non. D’autant plus que certaines mesures annoncées sont du déjà connu, on n’invente pas la roue ! A la longue c’est devenu carrément harassant parce que ces conférences ne présentent pas d’intérêt majeur pour les médias et ne suscitent, presque plus, l’intérêt des Tunisiens. Mal préparée et maladroitement présentée, une conférence de presse deviendrait contre-productive.

Nul doute que tous les gouvernements qui se sont succédé, depuis le 14 janvier 2011, ont péché par un manque de communication, notamment sur des sujets brûlants, considérés comme des revendications capitales pour le peuple tunisien. Avec des fois, une sorte de cacophonie qui ne faisait qu’ajouter à la confusion et au doute, parfois  dans un « galimatias inintelligible et à celui qui le fait et à celui qui l'écoute ». Dixit Boileau.

Toutefois, force est de constater que ces mesures, quelle qu’en soit l’importance, méritent mieux que de simples exercices de style. Traitées comme de simples faits divers, elles n’ont pas eu l’effet escompté auprès des citoyens dont beaucoup ignorent jusqu’à leur existence. C’est pourquoi, on a l’impression que le gouvernement n’a pas de stratégie de communication pour soigner son image mais aussi et surtout pour répondre aux questions que se posent les Tunisiens sur différents sujets et auxquelles ils ne trouvent pas de réponses satisfaisantes. Ce déficit pourrait alimenter les rumeurs qui commencent, déjà, à circuler, de bouche à oreille, sur des sites Internet et qui sont colportées par une certaine presse peu soucieuse de la déontologie. Avec pour effet de déstabiliser le gouvernement et d’écorner sa crédibilité.

La gestion de l’information est capitale en période de crise. Sa fiabilité et sa pertinence sont de nature à atténuer les colères et les tensions. Pour remédier à ce déficit de communication, le gouvernement de Habib Essid, est appelé à adopter une démarche claire qui rompe avec le brouillage et la manipulation médiatiques. Il  se doit d’entreprendre une politique de communication qui s’appuie, en premier lieu, sur  la circulation transversale de l’information, la coordination entre les différents départements avec une parfaite synergie,  afin de susciter l’adhésion des citoyens aux mesures annoncées ou encore de les sensibiliser aux difficultés et aux entraves qui se posent, dans tous les secteurs. Sans tomber dans une propagande outrancière visant à valoriser les efforts du gouvernement et à rehausser son image auprès des populations.

Cette politique ne saurait être efficace si elle ne s’adossait pas sur un plan de communication avec des missions précises, des objectifs bien définis, une répartition des rôles de tous les intervenants et un meilleur ciblage des supports. Les principaux vecteurs restent, bien entendu, les médias. Aussi, faudrait-il s’appuyer sur des supports crédibles et éviter d’être l’otage de certains animateurs et autres journalistes, qui ne sont pas suffisamment imprégnés des objectifs à atteindre et maitrisant, souvent, mal les sujets.

 En l’absence d’une politique cohérente de communication, les missions ne pouvaient qu’être lancées au hasard, en fonction des impératifs mal maîtrisés.

La qualité de la communication, faut-il le souligner, est fortement impactée par la motivation réelle de son auteur, c’est-à-dire, ici, le gouvernement.

Brahim OUESLATI