Le remaniement ministériel reporté aux calendes grecques ?

Le remaniement ministériel reporté aux calendes grecques ?

 

Annoncé comme imminent, le remaniement ministériel n’est plus d’actualité. Devant se rendre à Paris pour assister ce lundi au sommet One Planet, le chef du gouvernement Hichem Mechichi s’est décommandé à la dernière minute. Pour cause de remaniement ministériel en cours de préparation, a-t-on dit.

D’ailleurs recevant les représentants des blocs parlementaires soutenant son gouvernement, ce dernier a bien indiqué son intention de procéder à remaniement ministériel.

Il était tellement imminent que des noms ont circulé pour les postes qui devaient être visés par ce réaménagement gouvernemental. Une dizaine de départements seront concernés, dit-on en comptant bien sûr les trois ministères gérés actuellement par intérim suite au limogeage de leurs titulaires.

Les blocs concernés ont-ils assuré Hichem Mechichi de leur accord de principe quant à ce remaniement. Cela semble le cas à moins que le chef du gouvernement n’ait pas bien compris la réaction de ses interlocuteurs.

Quelques jours plus tard, changement de cap. Le parti Qalb Tounes qui était demandeur du remaniement modifie sa position du tout au tout. Désormais, il refuse toute modification de l’équipe gouvernementale.

La déclaration du député Iyadh Elloumi, un des dirigeants les plus en vue de ce parti estimant que le remaniement n’est pas une priorité a surpris même au sein de ce qu’on a appelé « la ceinture politique ».

Le député d’Ennahdha Sami Triki s’est dit non seulement étonné de cette volte-face mais il a accusé Qalb Tounes de mettre la pression sur le chef du gouvernement. Le même jour, des rumeurs parlaient de mauvais traitement subi par le président de Qalb Tounes Nabil Karoui que son parti qualifie de « prisonnier politique ».

D’ailleurs le comité général des prisons et de la rééducation s’est fendu d’un communiqué pour démentir ces rumeurs allant jusqu’à menacer de poursuites judiciaires pour toute partie ou personne le mettant en cause.

Avec la défection de Qalb Tounes, qui compte 30 députés, le remaniement ne pourrait plus être envisagé car sans l’apport de ces derniers, point de vote de confiance assuré à l’Assemblée des représentants du Peuple.

L’intervention du président de la République Kaïs Saïed annonçant non seulement qu’il n’a pas été consulté pour « ce remaniement imminent » mais qu’il n’en a pas été informé a jeté un pavé dans la mare.

Saïed a rappelé qu’il est « le symbole de l’Etat, le garant de son indépendance et alors qu’il est le chef de l’Etat, le symbole de son unité, le garant de son indépendance et de sa pérennité et celui qui veille au respect de la constitution », selon les termes du communiqué de la présidence de la République.

Le communiqué faisait état de l’audience accordée par le chef de l’Etat à la députée du bloc démocratique Samia Abbou qui vient d’entamer une grève de la faim au Parlement, en signe de protestation à l’encontre du président de l’ARP qui n’a pas dénoncé la violence subie par un député membre de ce bloc.

Le remaniement est-il pour autant reporté aux calendes grecques. Ça en a tout l’air. Même la nomination de remplaçants des ministres limogés n’est pas d’actualité, car il faut passer par la case Parlement.

Mais la question qui se pose : les ministres dont le départ a été envisagé pourront-ils continuer leur mission comme si de rien n’était. Et quelle autorité peuvent-ils avoir sur leurs collaborateurs et leurs subordonnés.

RBR

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