Maintenant que le verdict de l’assemblée ne fait plus de doute : Qui à la Kasbah ?

Pour espérer rester à la Kasbah, Habib Essid doit réunir 109 voix à l’ARP sur la question qui sera posée aux députés : est-ce que vous renouvelez la confiance au gouvernement. Selon les projections de voix, tout au plus entre 10 et 20 députés répondront par oui, la plupart venant de partis minoritaires comme Harak Tounés(ex-CpR) et le courant démocratique et de certains transfuges de Nidaa.

Comme le départ du chef du gouvernement qui sera « réputé démissionnaire » dès la proclamation du résultat du vote ne fait plus de doute, la question qui se pose sur toutes les lèvres est désormais : qui donc sera nommé à la Kasbah. Nidaa Tounés affute ses armes. Il estime qu’il est de son droit de revendiquer la tête du gouvernement. Pour se préparer, ce parti a réuni ses journées parlementaires ce week-end à Gammarth et a décidé de créer une commission chargée de diriger les concertations sur la formation du gouvernement d’union nationale.

Certaines informations non confirmées disent que le président de la république à qui échoit le droit de nommer « la personnalité la plus apte à former le gouvernement » dès que le verdit de la séance de « renouvellement de confiance » sera connu commencera dès mardi, au lendemain de la fête de la république, « à tâter le pouls » des différents partis et organisations ayant signé le document de Carthage.

Il s’agira dans cette phase d’éliminer plus que de choisir. Car si on excepte Nidaa Tounés et Ennahdha qui préfèrent qu’un Nidaïste soit nommé à Dar El-Bey, l’UGTT et d’autres partis notamment Machrou3 Tounes et Al-Massar sont défavorables à ce scénario. Samir Bettaïeb secrétaire général d’Al-Massar en fait un cas de « casus-belli ». « Nous proclamerons l’échec des concertations sur le gouvernement d’union nationale si un membre de Nidaa Tounés est nommé chef du gouvernement » a dit ce dernier dans une récente interview indiquant que son parti, la centrale syndicale et d’autres ont convenu que le prochain chef de gouvernement sera « une personnalité indépendante ». Selon certaines fuites, Samir Bettaïeb aurait indiqué qu’il dispose de cinq noms parmi lesquels se trouve le prochain locataire de la Kasbah. Mais il refuse de révéler ces noms.

En tout état de cause, tous les noms qui ont circulé jusque là ont soit décliné l’offre comme l’ancien ministre de la défense de 2011 à 2013 Abdelkrim Zebidi ou l’ancien ministre de Ben Ali, Fadhel Khélil, soit ils été cités pour faire diversion comme les actuels ministres Néji Jalloul, Slim Chaker ou Youssef Chahed. Cependant, un nom a été mentionnée en cette fin de semaine qui semble avoir toutes les qualités pour succéder à Habib Essid.

Plutôt jeune puisqu’il n’a que 60 ans au sein d’une classe politique où les plus jeunes sont septuagénaires, juriste de renom, Mohamed Hatem Ben Salem, car c’est de lui qu’il s’agit, serait le candidat qui sortirait du chapeau de Béji Caïd Essebsi quand ce sera à lui de choisir l’homme « le plus apte à former » le gouvernement d’union nationale. Agrégé et docteur en droit, il a été notamment ambassadeur à Dakar, à Ankara et à Genève, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères et ministre de l’Education.

Non-encarté à Nidaa Tounés, en tout cas ne figurant pas sur la liste de Nidaîstes connus, Hatem Ben Salem est néanmoins un proche collaborateur du Chef de l’Etat qui l’a nommé en 2015 directeur général de l’Institut des Etudes Stratégiques avec rang de ministre.

Cette double qualité devrait calmer les réticences des opposants à un Nidaïste pur et dur. Mais il y a fort à parier que les dirigeants de Nidaa rassemblés autour de Hafedh Caïd Essebsi verraient d’un mauvais œil le nom d’une personnalité qui ne figure pas sur les tablettes de leur parti au poste prestigieux de Chef de gouvernement.

Le président aura fort à faire pour les convaincre de la justesse de son choix. Comme pour Habib Essid le dernier mot reviendra à Béji Caïd Essebsi.

Raouf Ben Rejeb