Neji Jelloul: "Le gouvernement Chahed a échoué à faire sortir le pays des listes noires"

Neji Jelloul: "Le gouvernement Chahed a échoué à faire sortir le pays des listes noires"

 

Chute du pouvoir d'achat du citoyen, chômage endémique, bilan catastrophique du gouvernement, crise au sein de Nidaa Touness, présence de la Tunisie dans des listes noires...A une dizaine de mois de la présidentielle et des législatives, c'est un tableau sombre que nous décrit Neji Jelloul, leader au sein de Nidaa Tounes et directeur général de l’Institut des études stratégiques (ITES).

Dans une entrevue accordée ce mercredi 20 février 2019 à Espace Manager, l'ancien ministre de l'Education n'a pas porté de gant pour décrire, avec une rare franchise, le situation qui prévaut dans le pays.

Le prix du charbon a augmenté de 200%

C'est un bilan catastrophique et peu enviable que Neji jelloul nous dresse. "En Tunisie, la dette a atteint des taux astronomiques et nous assistons à un taux d'inflation jamais connu dans l'histoire du pays.La flambée des prix n'a pas épargné les produits de base. A ce titre, le prix du charbon a augmenté de 200 %, la semoule et les pâtes de 100%, le kilogramme de viande est passé de 12 à 27 dinars, ce qui a porté préjudice au panier de la ménagère et créé naturellement un sentiment d'insécurité chez les Tunisiens", note notre interlocuteur.

La situation du chômage n'est guère des plus reluisantes. Bien au contraire."Les taux de chômage n'ont pas bougé, ils sont restés fixés à 15% alors que la révolution a éclaté à cause du problème de l'emploi. Le gouvernement promet une croissance de 2,5 à 3 % pour les prochaines années, ce qui ne permet pas de resoudre ou même d'absorber les nouveaux venus sur le marché du travail". Et d'ajouter:"Cette persistance du chômage est due à l'orientation libérale et même ultra libérale du gouvernement, un gouvernement à la coupe de quelques lobbys. C'est pourquoi j'ai toujours préconisé la sortie de l'économie
rentière".

La crise sera aggravée par la hausse du taux directeur 

L'ancien ministre n'a pas manqué de faire allusion à la récente décision du conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie qui a relevé de 100 points de base son taux d'intérêt directeur, le ramenant ainsi de 6,75% à 7,75%. Jelloul voit dans cette décision gravissime l'approfondissement de la crise et la stimulation de l'appauvrissement des classes moyennes.

"Cette crise que nous traversons va être approfondie par le relèvement du taux directeur qui va engloutir les dernières augmentations de salaires négociées récemment, mais surtout cela va stimuler l'appauvrissement des classes moyennes et frapper de plein fouet des secteurs stratégiques comme le bâtiment", a-t-il lancé.

Le président de l’ITES et dirigeant de Nidaa Tounes est revenu également sur les fameuses listes noires (Commission européenne et GAFI) dont figure désormais la Tunisie et qui ont fait couler jusqu'ici beaucoup d'encre et de salive, tant notre pays n'est pas habitué à être classé dans de telles catégories.

La sortie de crise de Nidaa se trouve entre les mains d'Essebsi

"On a l'impression, si l'on continue sur ce rythme, que la couleur de notre pays devient bleue (comme Ennahdha) et noire (comme toutes ces black-list qui pleuvent sur nous). Selon Fitch Ratings, les banques européennes risquent de couper le pont avec la Tunisie, ce qui est alarmant pour un pays dont l'Europe est le principal partenaire.", lance-t-il.

"Malheureusement, ajoute-til, notre gouvernement, absorbé par la création de son nouveau parti, a échoué à faire sortir le pays de toutes ces listes noires, mais a utilisé l'appareil de l'Etat pour faire sortir ses mécènes d'autres listes noires".

A propos de Nidaa Tounes, Neji jelloul est catégorique. Pour lui, il y a une clé de sortie de crise qui se trouve entre les mains de Beji Caid Essebsi.

Les clés de sortie de crise à Nidaa entre les mains d'Essebsi

"Les clés de sortie de crise sont toujours entre les mains de Beji Caid Essebsi, le fondateur de notre parti.Pour une renaissance de Nidaa Tounes, un congrès électif et démocratique est indispensable et vital. Un congrès qui donne la voix aux militants qui, malgré le harcèlement et les tentations, sont restés fidèles à leur parti. Les militants de Nidaa Tounes ne veulent plus accepter les dirigeants de la vingt-cinquième heure venus chercher une respectabilité et un strapontin.

Concernant les terroristes partis au jihad en Syrie et dans les zones de guerre, Jelloul demande purement et simplement un retrait de leur nationalité tunisienne.Car, selon lui, ce sont "des traitres et des assassins"

O.D.
 

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