Qualification au Mondial 2026: la Tunisie fait beaucoup avec très peu

La Tunisie s’est qualifiée pour la Coupe du monde 2026, avec un parcours presque parfait et une défense inviolée en huit matchs. Pourtant, certains continuent de critiquer. Il est temps de célébrer les Aigles de Carthage et de leur offrir le soutien qu’ils méritent.
La Tunisie a décroché son billet pour la Coupe du monde 2026, ce lundi 8 septembre, en s’assurant de terminer leader du groupe H. C’est la septième fois que les Aigles de Carthage s’envolent pour un Mondial et la troisième consécutive, après la Russie en 2018 et le Qatar en 2022. Depuis 1998, seuls deux tournois leur ont échappé : l’édition sud-africaine de 2010 et celle organisée au Brésil en 2014.
Avec le Maroc, la Tunisie fait partie des nations africaines les plus assidues de la compétition, juste derrière le Cameroun qui compte huit participations. Une régularité qui prouve que, malgré ses limites structurelles, le football tunisien demeure un acteur incontournable sur la scène continentale.
Des chiffres qui imposent le respect
Les qualifications ont livré un verdict sans appel : 22 points sur 24 possibles, 13 buts marqués, et surtout aucun but encaissé en huit rencontres. Ce bilan illustre parfaitement la discipline de fer et la rigueur tactique imposées par le nouveau sélectionneur. En Afrique, où les qualifications sont réputées âpres, imprévisibles et souvent piégeuses, une telle performance relève de l’exception.
Cette solidité défensive n’est pas le fruit du hasard. Elle traduit la cohésion d’un groupe soudé, habitué à compenser le manque de stars par un engagement collectif irréprochable. Dans un football moderne souvent dominé par les individualités, la Tunisie s’impose comme une anomalie : une équipe qui réussit avant tout grâce à son bloc et à son esprit de sacrifice.
Un nouveau défi : franchir le premier tour
La qualification en poche, un autre défi attend désormais les Aigles : franchir pour la première fois le cap du premier tour. En six participations, la Tunisie n’a jamais réussi à atteindre les huitièmes de finale. C’est le plafond de verre qui empêche encore le pays de s’imposer comme une grande nation du football mondial.
Mais cette fois, l’espoir est permis. L’équipe actuelle repose sur un collectif mûr, dirigé par des cadres en pleine maturité et encadrée par un sélectionneur qui connaît parfaitement la culture footballistique tunisienne. Si le tirage au sort le permet et que l’équipe garde la même rigueur, la Tunisie peut enfin écrire une nouvelle page de son histoire.
Entre critiques et réalités
Pourtant, malgré ce parcours presque parfait, certaines voix s’élèvent encore pour relativiser l’exploit. Elles reprochent aux Aigles un jeu jugé trop défensif, rappellent l’absence de résultats majeurs depuis le sacre de 2004, ou accusent l’équipe de manquer d’audace. Mais ces critiques oublient l’essentiel : la Tunisie fait beaucoup avec très peu.
La réalité du football tunisien est implacable : une infrastructure fragile, avec un seul stade homologué, le stade de Rades, pour accueillir des compétitions internationales ; un championnat local pas compétitif, miné par des problèmes financiers et organisationnels, des clubs sans ressources stables, une absence de centres de formation performants pour jeunes talents. La majorité des internationaux tunisiens évoluent encore dans le championnat local ou dans des divisions secondaires en Europe. Quant à la fédération, elle dispose de ressources limitées, loin des budgets colossaux des fédérations marocaines, sénégalaises ou égyptiennes.
Dans ce contexte, chaque qualification mondiale est une prouesse. Elle témoigne d’une résilience rare et d’une capacité à transformer les contraintes en force.
Héritage et mémoire
Le football tunisien a déjà écrit de belles pages grâce à des entraîneurs visionnaires. Le Tunisien Abdelmajid Chetali, en 1978, avait guidé les Aigles vers leur premier Mondial, couronné par une victoire historique contre le Mexique 3-1 et un nul 0-0 face au champion du monde sortant, l’Allemagne. le Franco-polonais Henry Kasperczak avait emmené l’équipe en finale de la CAN 1996 contre l'Afrique du Sud dans son fief perdue par 2-0 devant le grand Nelson Mandela. Le Français Roger Lemerre, enfin, avait offert à la Tunisie son premier titre continental en 2004. Ces succès rappellent qu’avec un projet clair et une discipline de groupe, la Tunisie peut se hisser au sommet malgré ses limites.
Aujourd’hui, l’équipe nationale poursuit cet héritage. Elle ne dispose peut-être pas de noms clinquants ou de stars planétaires, mais elle incarne une autre valeur, tout aussi précieuse : la force du collectif.
Derrière nos Aigles, pas derrière les critiques
Malgré cette qualification avant terme et un parcours presque parfait, certains continuent de minimiser l’exploit. Ils parlent de jeu trop prudent, rappellent l’absence de passage en huitièmes de finale ou regrettent un passé glorieux. Mais ce discours oublie une vérité simple : la Tunisie fait beaucoup avec peu. Sans stars internationales, sans moyens comparables aux grandes sélections africaines, elle continue de se hisser au Mondial avec rigueur et fierté.
Au lieu de dénigrer, il est temps de soutenir. Car les critiques n’ont jamais marqué un but, et les sceptiques n’ont jamais empêché un adversaire de scorer. Les Aigles de Carthage, eux, l’ont fait : zéro but encaissé en huit matchs. En 2026, ils auront besoin d’une nation derrière eux, pas de doutes jetés sur leur dos. Soutenir cette équipe, c’est croire que la solidarité, la discipline et l’abnégation peuvent faire naître un exploit.
B.O
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