Six ans après, qu’avons-nous fait de notre pays ?

Six ans après, qu’avons-nous fait de notre pays ?

 

Six ans après cette date qui marqué un tournant dans l’histoire du pays et on continue encore à épiloguer sur sa signification. Une révolution ? Un soulèvement populaire ? Un coup d’état monté avec la complicité des services étrangers qui a chassé du pouvoir un potentat ? Tu étais où en ce vendredi 14 janvier 2011 ? Dans l’avenue Bourguiba, en tête des révoltés et des indignés criant « dégage » à Ben Ali et à son RCD. Non, en pleurs sur le balcon de mon appartement, empêché par une méchante grippe de participer à cet événement historique. Plutôt rivé devant mon petit écran pour suivre les tribulations de l’avion présidentiel jusqu’aux premières heures du jour suivant. Ou terré chez moi de peur d’un lendemain qui ne s’annonce pas sous de bons auspices…Ah, les Tunisiens !

Six ans après et les causes qui ont provoqué la chute de l’ancien pouvoir sont encore là. Elles ont même empiré. La situation s'est dégradée avec l'accroissement du taux de chômage, l'aggravation de la pauvreté, la détérioration de la situation sécuritaire, la flambée des prix, la désintégration de l'économie nationale, la résurgence du phénomène du terrorisme, la recrudescence de la violence et de la criminalité, la propagation de la corruption....

Les experts « attitrés », les commentateurs autoproclamés, les politiques aigris et pour la plupart sans crédibilité et les sondeurs de tout acabit vont, certainement, défiler sur les plateaux de télé pour débiter des débilités et ajouter encore au doute qui s’empare des Tunisiens.

Se rallier à la patrie en danger

On croyait que les médias nationaux allaient assumer la fonction qui est la leur pour accompagner la transition et participer à faire réussir le processus en cours. Certes, il n’est pas facile de prétendre instaurer une culture de la différence dans une démocratie en gestation et de cultiver de nouvelles formes de débats pluriels et favoriser une ouverture sur la diversité d’opinions qui permet à tout un chacun d’exprimer ses idées tout en respectant celles des autres dans une société longtemps habituée au discours unique. Ce droit à la différence, « un des droits les plus précieux de l’homme » comme le stipule la déclaration universelle des droits de l’homme, exige une forte imprégnation des principes de liberté et de démocratie et une vaste culture civique. Or, ils versent de plus en plus dans le sensationnel, la recherche du « buzz » inutile et le gain direct et facile au détriment de tous les principes. Principes ? Quels principes ?

Six ans après, trois élections et huit gouvernements successifs, et le pays s’enfonce dans une crise qui semble sans fin. Que peuvent-ils faire face à des montagnes de difficultés et avec des caisses vides ?

« Emploi, Liberté, Dignité »… un slogan plein de sens et de significations, une aspiration sans équivoque à un monde meilleur avec plus d’équité et de solidarité. Six ans après il est devenu creux, vide de tout sens.

Six ans après et cette exception tunisienne dans un milieu hostile est en train de dépérir par la faute de ses enfants. Et ce prestigieux prix Nobel de la paix ? A-t-il encore un sens ?

Six ans après et plus personne n’est capable de répondre à la question qui se pose avec le plus d’acuité et qui taraude toues les esprits, où va le pays ? Ou plutôt qu’avons-nous fait de notre pays ?

Le moment est grave et il faut savoir en mesurer les conséquences. Il est, plus que jamais, impératif d’instaurer cette «Union sacrée», tant souhaitée, pour contrer ces menaces qui nous guettent de toutes parts. Car, au-delà des divergences des vues et des appréciations, des clivages politiques voire idéologiques, aucune ligne rouge ne saurait être invoquée, la seule et l’unique étant la stabilité du pays et sa sécurité.

La mobilisation doit battre son plein et à tous de se rallier à la patrie en danger.

B.O

 

 

 

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