Sombre bilan : 66 journalistes tués et 119 enlevés

Sombre bilan : 66 journalistes tués et 119 enlevés


Soixante-six journalistes ont été tués en 2014 - dont deux décapités -, un nombre inférieur à 2013, mais les enlèvements se sont multipliés avec cent dix-neuf cas, alors que quarante journalistes restent otages dans le monde, selon le bilan annuel de RSF.

Soixante et onze journalistes avaient été tués en 2013 et quatre-vingt-sept enlevés, selon le rapport annuel de Reporters sans frontières. Cette année, RSF relève "une mutation de la violence, avec une instrumentalisation de plus en plus grande des exactions contre les reporters [décapitations, mises en scène, menaces]". "Rarement la mort des reporters aura été perpétrée avec une science aussi barbare de la propagande", estime l'organisation. Une référence aux vidéos de la décapitation des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff.

Deux journalistes sur trois tués en Syrie, en Ukraine et en Irak.

Les deux tiers des assassinats se sont produits dans des zones de conflits : en Syrie - pays qui reste, comme l'an dernier, le plus dangereux pour les journalistes, avec quinze meurtres -, dans les territoires palestiniens, surtout à Gaza (sept morts), dans l'est de l'Ukraine (six morts), en Irak (quatre morts) et en Libye (quatre morts) où en cinq mois trois journalistes ont été assassinés en pleine rue.

Les auteurs de ces exactions veulent "empêcher l'information indépendante et dissuader les regards extérieurs. Les intimidations sont si diverses que les journalistes sont deux fois plus nombreux à avoir pris le chemin de l'exil" par rapport à 2013, souligne RSF.

Les enlèvements, en hausse de 37 %, ont été particulièrement nombreux en Ukraine (33), Libye (29) et en Syrie (27), ainsi qu'en Irak (20), à cause notamment de l'offensive du groupe de l'État islamique et de l'insécurité qui règne en Libye. À ce jour, quarante journalistes et trois citoyens-journalistes (essentiellement des blogueurs) restent otages dans le monde. Il s'agit à 90 % de journalistes locaux : en Syrie, parmi les vingt-deux journalistes toujours détenus par des groupes armés, seize sont syriens. En Irak, les huit otages encore retenus sont tous irakiens.

En plus des enlèvements et des assassinats, 178 journalistes professionnels et 178 citoyens-journalistes sont en prison, un chiffre stable, 139 se sont exilés, surtout en Libye et en Syrie, deux fois plus qu'en 2013, 853 ont été arrêtés (+ 3 %) et 1 846 menacés et/ou agressés (- 15 %).

Pour ce qui est des arrestations, deux pays figurent en tête du classement : l'Ukraine et l'Égypte. Viennent ensuite l'Iran, le Népal et le Venezuela. L'Ukraine détient aussi le record des agressions. La Chine arrive, elle, en tête des pays qui emprisonnent les journalistes, suivie de l'Érythrée, l'Iran, la Syrie et l'Égypte. Les citoyens-journalistes sont pour leur part davantage incarcérés au Vietnam. (Source AFP, Le Point)