Tunisie : Quand les caisses de retraite se transforment en fonds de dédommagement

Tunisie : Quand les caisses de retraite se transforment en fonds de dédommagement

Par Dr Farouk Ben Ammar

Après le 14 janvier 2011, des milliers de détenus et de prisonniers d’opinion végétant dans les prisons ont étés élargis et réhabilités sans omettre les milliers d’exilés qui sont revenus au pays.

Bien que monnayer son militantisme ne soit nullement un acte civique, ces citoyens victimaires, dans un pays éméché par une révolution qui ne dit pas son nom, ont réclamé des compensations matérielles pour, selon leurs dires, leur lutte et leur militantisme contre un régime despotique.

Des dizaines de milliers furent ainsi recrutés dans la fonction publique, la plupart n’ayant travaillé que quelques mois, et auxquels furent octroyés des pensions de retraite.

Malheureusement, une chape de plomb s’est abattue sur ces agissements illégaux et ruineux.

Ainsi les caisses nationales se trouvèrent à devoir assumer des charges supplémentaires considérables en versant des pensions pour des citoyens qui n’ont jamais ou peu travaillé donc qui n’ont pas ou peu cotisé.

La population active, adhérente aux deux caisses, a bien évolué, mais pas en justes proportions, ce qui provoqua la quasi-faillite des Caisses de Retraite.

Certain personnels politiques, qui ont placé leurs hommes de main dans ces institutions, imputent la pré-faillite des caisses à l’augmentation de l’espérance de vie du citoyen tunisien, qui est passée de 43 ans en 1962 à 74 ans en 2014 et 76 ans en 2017 : Un grand acquis pour les tunisiens et la Tunisie.

Cet argument est fallacieux voire ridicule, puisque depuis 2006 l’espérance de vie a atteint un palier pour se stabiliser vers les 76 ans plus ou moins quelques mois.

Evolution Vertigineuse du Nombre de Retraités des deux Caisses

En 2016, la Tunisie compte près de 900 000 retraités. En 2014 ce chiffre était de seulement 700 000 : Soit 200 000 bénéficiaires de plus en deux (2) ans.

A noter qu’en 2009, la Tunisie comptait seulement 610 000 bénéficiaires.

Toutes proportions égales, en moyenne 38 000 retraités vinrent s’ajouter annuellement à la population des retraités durant la période 2009 – 2014.

Alors que durant la période 2014–2015, une moyenne annuelle de 100 000 personnes supplémentaires bénéficient d’une pension.

COMMENT EST-ON PASSÉ D’UNE MOYENNE ANNUELLE DE 38 000 À 100 000 RETRAITÉS : IL Y A BIEN ANGUILLE SOUS ROCHE !

Malheureusement, je n’ai pas pu avoir accès à plus de données fiables pour affiner mes estimations.

Cette évolution annuelle insolite du nombre de retraités, causa  un déficit actuel des caisses sociales de l’ordre de 600 Millions TND dont 300 Millions pour la CNRPS.

Selon une étude du ministère des affaires sociales, ce déficit pourrait atteindre,  si l’âge de départ à la retraite n’est pas révisé vers la hausse, prés de 5 Milliard TND horizon 2020…chose faite !

Ce déficit abyssal de la CNRPS, suite à la réforme du régime des retraites de 2019, pourrait se réduire à 120 Millions TND horizon 2020…à suivre !

Pour ne pas en ajouter à un climat social délétère et instable, les caisses nationales de retraite se doivent de verser les pensions des retraités avant de pourvoir en liquidités la CNAM pour que celle-ci puisse s’acquitter de ses dettes envers les pharmaciens conventionnés dans le cadre de la formule du « Tiers Payant » sans omette les médecins de libre pratique.

Ces derniers viennent de mettre fin aux conventions avec la CNAM pour défaut de paiement…
Par ce faire, Un arrêt de mort latente du citoyen lambda est signé !

Quant au bon père de famille, sa santé désormais prise en otage, il devra se résigner à vivre son syndrome de Stockholm en silence.

Dans la même veine, on pourrait imaginer la constitution d'un autre fonds pour les bénéficiaires de l’Amnistie Générale. Un fonds alimenté par l’Etat et non par les travailleurs…une solution à considérer sérieusement.

Dr Farouk Ben Ammar

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