Tunisie: Une loi anti-terrorisme pour le salut du citoyen, rien que le citoyen

 Tunisie: Une loi anti-terrorisme pour le salut du citoyen, rien que le citoyen
 
 
Deux grands coups très durs ont été lâchement assénés à la Tunisie en l’espace de seulement trois (3) mois, l’attentat du musée du Bardo laissant vingt quatre (24) morts et la tuerie de Sousse faisant trente neuf (39) victimes.
 
La vaillante Tunisie continue à vivre son martyre avec une telle résilience qu’elle fera capituler ses ennemis de l’intérieur soient-ils ou de l’extérieur.
 
DES ÉTATS D’URGENCE À QUEL PRIX !
 
Le pays apprend à la dure, l’ampleur du phénomène du terrorisme et son impact désastreux sur toutes les dimensions, sociale, économique et sécuritaire.
 
Ainsi, l’État d’Urgence est décrété le 4 Juillet 2015 par un Président plutôt hésitant, qui a bien compris la gravité d’une telle décision dans un pays théoriquement exsangue, avec une démocratie encore balbutiante et au bord de l’anarchie : Les États d’Urgence on pavé le chemin de beaucoup de dictatures !
 
En Mars 2014, le Président de la République sortant lève l’État d’Urgence, décrété le 15 Janvier 2011, dés que le président en exercice ait pris la poudre d’escampette.
 
La levée de l’État d’Urgence était une décision bien réfléchie, prise dans un but bien précis, essentiellement pour :
• Permettre aux divers partis politiques de mener leurs campagnes électorales pour les élections de 2014.
• Enlever les contraintes et les entraves coercitives qui posent obstacle aux activités de la société civile.
• Lancer un tourisme moribond, en donnant une perception d’une Tunisie sûre et sécurisée.
• Relancer les Investissements Directs Extérieurs (IDE) en promouvant l’image d’un pays de droit et politiquement stable, etc.…
 
Quant à l’aspect sécuritaire on relève :
 
• Des Inconvénients : La levée de l’État d’urgence a aussi permis à des groupes atomisés et politisés à la diable, de s’organiser en milices armées avec une plus large marge de manœuvre, ayant droit de cité dans un pays vivant une situation quasi-chaotique.
 
• Des Avantages : La levée de l’État d’Urgence a aussi permis aux forces de l’ordre et aux services de renseignement de mieux identifier les cellules terroristes et de les neutraliser. Des centaines de personnes potentiellement dangereuses à l’ordre public ont étés appréhendées et arrêtées et qui attendent leur traduction en justice, renvoyée aux calendes grecques !
 
ÉLECTIONS DE 2014 : LES DÉS SONT JETÉS
 
Je n’ai pas les chiffres exacts, entre tentatives et menaces d’assassinats, incendies volontaires, actes de sabotage,…etc., mais comme par hasard ces agissements barbares ont, jusqu’à début 2015, épargné les institutions économiques du pays, et en particuliers celles du secteur privé.
 
Après les élections, et la clôture du Mercato Politique, avec des alliances qui se font et se défont au gré des intérêts parfois personnel du staff politique de la place et des injonctions de pays étrangers, les attentats ont évolué en nature et en intensité en frappant les intérêts économiques du pays et ses symboles :
 
• Le Musée du Bardo : Un écrin recelant les 3000 ans d’histoire de la Tunisie.
• La Ville de Sousse : La colonne vertébrale du tourisme tunisien et son fer de lance.
 
Selon les récentes déclarations du département de l’intérieur, ces attentats risquent de s’entendre au personnel politique et autres figures plus ou moins signifiantes médiatisées à outrance dans nos médias : Donc des cibles de choix.
 
Les affairistes et sponsors politiques se livreraient une guéguerre au vu des résultats des élections qui ont fait beaucoup de mécontents, et ont crée des dissensions au sein de plusieurs formations politisées et plus ou moins atrophiés.
 
Avoir des affairistes au parlement ne peut que nuire aux intérêts du pays et du peuple, on l’a connu et vécu dans le passé…personne n’a jeté un coup d’œil sur le rétroviseur de l’histoire.
 
Les anciens grecs, obligeaient les représentants du peuple à abandonner toute activité lucrative et commerciale.
 
La hache de guerre est-elle déterrée entre affairistes et négociants politiques ? Les lâches assassinats qui ont bouleversé le pays, en 2014, ont été perpétrés par des milices armées à la solde de qui veut bien payer…On le sait désormais !
 
Les Multiples Réseaux de Contrebande et de Blanchiment d’Argent de plus en plus Florissants, sont des Sources de Financement Quasi-Intarissables et Volontairement Indécelables !
 
 
OUI À UNE LOI ANTI-TERRORISME, MAIS PAS DANS LA PRÉCIPITATION
 
L’authentique terroriste, que les élus peinent encore à définir, ne se cantonne pas à tuer des soldats dans des zones jouxtant les frontières, fiefs des contrebandiers : Matière à réflexion…
 
Un acte terroriste vise essentiellement la déstabilisation du pays, sa visée est anarchiste, Il détruit ses sites industriels, ses infrastructures, et son économie.
 
En 2011 – 2014, à une exception prés, aucune institution économique n’a été ciblée…en 2015 changement de cible, le terrorisme monte d’un cran en frappant l’économie : La Tunisie vit actuellement le vrai terrorisme, celui que le tunisien ne connaissait que sur les chaines paraboliques !
 
Rien de plus normal, aujourd’hui, l’environnement politique entremêlé avec le monde des affaires, est tout autre, on est passé au Terrorisme Affairiste et Calculé !
 
Une bonne loi anti-terroriste doit prendre en considération ces paramètres, on n’est plus en 2014 !
 
Une loi élaborée et votée dans la précipitation risque de donner à l’exécutif actuel les moyens de briser l’élan de toute action citoyenne, les syndicats seraient les cibles de prédilection et ne seront pas épargnés.
 
La loi n’a pas encore été votée, et déjà en 2014, 150 associations ont été suspendues sous couvert de la lutte anti-terroriste, ce qui a suscité l’indignation de l’ONG internationale « Human Rights Watch » qui entrevoit en ces décisions un acte liberticide et antidémocratique.
 
Mauvais Calcul : De telles associations ont l’avantage de concentrer les militants ultras, rendant leur surveillance plus facile. Dans ce sens, la dissolution du RCD était une grave erreur !
 
ISLAMISTES, GAUCHE ET SYNDICATS : MÉFIANTS ET PRUDENTS
 
La loi anti-terrorisme, dans sa forme de 2014, a suscité les soucis de plusieurs formations politiques et syndicales qui appréhendaient d’éventuels dérapages et dérives autoritaires, qui risquent de causer la paralysie de la société civile, et d’occire les libertés individuelles en pavant le chemin à une nouvelle dictature policière.
 
De ce fait, les travaux de l’Assemblée Nationale pour l’adoption de la nouvelle loi anti-terrorisme ont été suspendus en Août 2014 suite aux différends entre les diverses coalitions politiques et ont repris un mois après mais avec l’annulation de plusieurs articles jugés trop répressifs.
 
Au demeurant, après les deux récents attentats meurtriers de 2015, les séances de travail de la commission parlementaire sont relancées…mais il faut éviter les erreurs que causeraient la précipitation et l’émotion.
 
Les islamistes prôneraient une version légère et plus souple, car les abus d’une loi rigide sont un danger bien réel sur la démocratie, les libertés et les droits civiques.
 
La Loi de 2003, l’illustre bien. Une Loi qui a permis aux autorités d’arrêter massivement à l’heure du laitier, et d’embastiller maints citoyens et citoyennes sur de simples présomptions et dénonciations parfois motivées par la vengeance et les règlements de comptes.
 
Par ailleurs, le projet de loi, dans sa version 2014, a été très décrié par certains syndicats des forces de l’ordre, des forces armées, des syndicats des journalistes, et des juristes.
 
ÉPILOGUE
 
Une loi anti-terroriste nécessiterait de facto l’élaboration d’un plan de restructuration et de suivi de l’appareil Sécuritaire National, des Douanes Nationales et du Secteur Bancaire, ce qui peut être un chantier de batailles claniques risquant de rythmer la chronique politique à venir.
 
Aussi, les moyens humains et financiers du pays sont très ténus pour être au fait de toutes les implications de cette loi une fois votée, avec le risque de la corrompre et de la détourner de ses objectifs premiers, par des lobbyistes qui officieraient auprès de l’Assemblée Nationale.
 
Les Lois sont l’œuvre des hommes donc suspecte de partisanisme…dit-on !
 
D’autre part, une loi rigide risquerait d’octroyer un pouvoir de répression quasi-illimité à la police, alors que son contenu, qui doit être en cohérence avec la nouvelle constitution, doit avoir pour objectif premier la protection des citoyens et de leurs biens, ainsi que les forces de l’ordre en premières lignes des victimes, sous toutes les latitudes et longitudes.
 
Suite aux attentats de septembre de New York de 2001,une loi anti-terroriste fut votée par les deux chambres américaines, connue sous le « USA PATRIOT ACT », une dénomination aux airs idylliques, mais qui donna le droit d’envahir n’importe quel pays au nom de la lutte contre le terrorisme, et de fomenter des coups d’État renversant maints régimes…Cette loi est actuellement sujet à controverses, on en abusa jusqu’à piétiner la souveraineté de plusieurs pays en mettant sur écoute leurs leaders politiques.
 
Je parle ici de l’une des plus vieilles démocraties du monde moderne, alors que dire des jeunes démocraties comme la notre !
 
QUANT AU CHAPITRE DU BLANCHIMENT D’ARGENT, LE CONTRÔLE DES FLUX FINANCIERS ILLICITES DANS LES BANQUES DE LA PLACE EST ESSENTIEL POUR RÉDUIRE LA FORCE DE FRAPPE DU MONSTRE TERRORISTE.
 
CAR PRIVÉ DE NOURRITURE, LE MONSTRE, SE METTRAIT À DÉPÉRIR, RÉTRÉCIR, POUR ENFIN DISPARAITRE.
 
QUANT AU PEUPLE, EN TOURNANT LE DOS À L’INTIMIDATION ET À LA PEUR, GAGNERA SA GUERRE CONTRE LE TERRORISME…MAIS QUE LA VICTOIRE NE SOIT PAS À LA PYRRHUS !
Farouk Ben Ammar, Ph.D